PMA : la stratégie de l’évitement du gouvernement

PMA : la stratégie de l’évitement du gouvernement

Ils étaient autour de 75 000 à battre le pavé parisien dimanche 6 octobre à l’appel du collectif Marchons Enfants contre l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. C’est bien moins qu’en 2013 avec la Manif pour tous, mais le camp des opposants à la PMA pour toutes a quand même su mobiliser au-delà des prévisions. Et pourtant depuis plusieurs semaines, l’Exécutif qui craint que la GPA ne vienne brouiller son message, a tout fait pour déminer le dossier.
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Par Isabelle Pincet

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Il avait averti les députés et sénateurs de la majorité le 16 septembre en cette rentrée parlementaire : « C’est le texte de tous les dangers ». Emmanuel Macron a bien conscience que le texte sur la PMA débattu à l’Assemblée nationale en première lecture dans le cadre des lois de bioéthique est explosif. Ce que le président de la République veut éviter à tout prix, c’est rouvrir les plaies à peine cicatrisées du mariage pour tous. Pas question de jeter dans la rue des centaines de milliers de manifestants comme en 2013 d’autant plus que le mouvement des Gilets jaunes couve encore. Emmanuel Macron a donc choisi de se mettre en retrait même si la mesure était l’une de ses promesses de campagne en 2017.

Un trio pour mener la bataille

C’est donc un trio de ministres « techno », Agnès Buzyn à la Santé, Nicole Belloubet à la Justice et Frédérique Vidal à la Recherche à qui il revient de porter le texte. La consigne est très claire : éviter que le débat sur la PMA glisse vers la GPA. Le gouvernement craint que les sympathisants de gauche se mêlent à la droite conservatrice pour s’opposer à la Gestation pour Autrui.

 

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Dépassionner le débat et éviter la cristallisation

 

Contrairement au mariage pour tous qui était présenté à l’époque comme une réforme sociétale emblématique du quinquennat Hollande, la PMA apparaît aujourd’hui comme une réforme « technique » qui vise à répondre à des préoccupations avant tout juridiques.

À l’Assemblée nationale, les discussions en première lecture ont démarré le 24 septembre. Si les débats ont parfois été âpres sur le texte du gouvernement et sur les 2 000 amendements déposés, il n’a pas donné lieu à de grandes joutes verbales ou de grandes envolées lyriques comme du temps de l’adoption du mariage pour tous. À l’époque, Christiane Taubira avait cristallisé sur sa personne toute la contestation. Aujourd’hui, l’heure n’est plus au débat passionné. Est-ce le signe que la stratégie du gouvernement a été gagnante ? D’autres journées de mobilisation sont déjà prévues alors que le texte arrive au Sénat en janvier.

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