Pour Lucille Boisseau-Sowinski : « le broyage des poussins est quelque chose qui est juridiquement légal »
Des poussins écrasés par un bulldozer, la violence comme méthode dans les abattoirs… À l’heure où les sensibilités deviennent de plus en plus vives sur le sujet de la maltraitance animale, et que le Parlement débat du bien être animal, l'info dans le rétro revient sur l'émergence du combat pour le bien-être animal.

Pour Lucille Boisseau-Sowinski : « le broyage des poussins est quelque chose qui est juridiquement légal »

Des poussins écrasés par un bulldozer, la violence comme méthode dans les abattoirs… À l’heure où les sensibilités deviennent de plus en plus vives sur le sujet de la maltraitance animale, et que le Parlement débat du bien être animal, l'info dans le rétro revient sur l'émergence du combat pour le bien-être animal.
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Par Adrien BAGET

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1978, la France s’émeut de voir des milliers de poussins broyés sur les chenilles d’un bulldozer. Ces pratiques agricoles intensives marquent les consciences durablement et sont révélatrices de pratiques quotidiennes dans l'industrie agroalimentaire « la génétique a mis au point des souches de poules pondeuses et les mâles de cette lignée ont une chaire qui n’est pas jugée propre à être commercialisée en poulet de chaire et donc ces poussins mâles sont broyés » explique Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l’INRA. Et la législation est lente à évoluer depuis 1978, les Sénateurs ont même refusé d’interdire ces pratiques de broyages des poussins dans le projet de loi voté cette semaine. Et la juriste de la question du droit animalier Lucille Boisseau-Sowinski de préciser « le broyage des poussins est quelque chose qui est juridiquement légal et le règlement de 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort prévoit un certain nombre de modes dont le broyage pour les poussins. Du côté européen les textes posent une protection minimale et les États peuvent faire mieux ».

Un nouveau statut pour les animaux

Pourtant en 2014, une avancée significative est franchie car pour la première fois une personnalité juridique est reconnue aux animaux. Les actes de cruauté envers les bêtes deviennent des délits et l’animal est défini comme un être sensible dans le Code civil et non plus simplement comme un bien meuble. Pour Lucille Boisseau-Sowinski, il s’agit d’une avancée juridique car « l’article 515-14 énonce que l’animal est un être vivant et sensible. En droit, la division est forte entre les personnes ou les choses. La question est de savoir si l’animal est encore un bien, le Code civil nous dit qu’il n’en est plus un, pour autant il n’est pas encore considéré comme une personne (…) il est en lévitation juridique et n’est pas encore totalement émancipé de son statut de bien ». Une victoire plutôt théorique pour Florence Burgat, « l’animal comme être vivant  et sensible continue d’être traité comme s’il était une chose, hors demander des droits pour les animaux émanent des droits des êtres sensibles comme les Droits de l’homme ».

Le statut juridique des animaux
01:20

Un combat de longue haleine

Plusieurs vidéos chocs ressurgissent quotidiennement pour nous rappeler que cette question du bien être animal est loin d’être réglée, comme en 2016 où l’abattoir du Vigan est fermé par la justice pour cause de maltraitance animale. Des pratiques régulièrement dénoncées par les associations de défense des animaux comme L214 qui utilisent des images chocs pour mieux sensibiliser l’opinion sur ce sujet. Un moyen qui pour Florence Burgat permet de faire évoluer les mentalités dans le temps « les façons de penser commencent à bouger (…) les images chocs donnent corps à quelque chose, plus que des écrits, les images ont un rôle irremplaçable », des images qui interrogent aussi les consommateurs de viande que nous sommes et qui n'ont pas forcément conscience que derrière leur plaisir il y a, à chaque fois, la mort qui est donnée".

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