Récompenser plutôt que punir, une autre idée de l’écologie

Récompenser plutôt que punir, une autre idée de l’écologie

Dans un quotidien où le plastique est omniprésent, le recyclage intégral est devenu une urgence écologique. Mais pour changer les comportements des citoyens faut-il contraindre ou récompenser un comportement vertueux ? Faire du recyclage un geste positif à la fois pour le consommateur et pour la planète, c’est le principe de la start-up « Yoyo ». Zoom sur une nouvelle façon de faire de l’écologie.
Public Sénat

Par Juliette Beck

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Dix pour cent, dix petits pour cent, c'est le taux de collecte du plastique dans les villes françaises. Dans les zones rurales, il monte à soixante pourcents selon le Ministère de la transition écologique et solidaire. Partant de ce constat alarmant, Eric Brac de la Perrière a créé en 2017 la start-up « Yoyo » pour tenter d’inverser la tendance. Le principe est simple, la plate-forme collaborative permet aux citoyens d’agir de manière responsable en collectant leurs déchets plastiques moyennant récompense.

Une fois inscrits, les particuliers entament leur collecte, des sacs numérotés sont mis à leur disposition avant de déposer leur « récolte » chez un « animateur de quartier ». Des « coaches » bénévoles, souvent des commerçants ou des retraités qui collectent en un point relais tous les plastiques, qu’un transporteur viendra récupérer pour l’amener au centre de tri le plus proche.

yoyo.png

Des amateurs du recyclage

Pour récompenser leur engagement et en fonction de la quantité récoltée, les participants bénéficient de cadeaux tels que des places de cinéma ou des abonnements d’autopartage selon un système d’échelle à points. Une nouvelle manière de recycler qui amène des citoyens a priori éloignés de l'écologique à rejoindre la démarche. C’est le cas de Linda, issue d’un quartier populaire de la banlieue lyonnaise, qui avoue avoir d’abord été séduite par la récompense, mais qui rapidement s’est prise au jeu et se sent aujourd’hui investie dans le mouvement.

Une proximité géographique et sociale

yoyo_bis.png

Tout le fonctionnement de Yoyo d’abord installé à Lyon et sa périphérie est fondé sur le principe de proximité. Proximité des acteurs, proximité de la filière de tri et surtout un lien qui finit par se tisser entre les collecteurs et les « animateurs de quartier ». Au bout de quelques semaines il n'est pas rare de voir plusieurs habitants d'un même immeuble s'y mettre, des vocations qui font tache d'huile. C'est un système qui mise sur l’humain et crée un sentiment d’inclusion au sein d'un groupe, mais également une inclusion dans une démarche écologique des fois difficiles à réaliser seul.

« attention cela ne remplace pas les poubelles jaunes »

Une écologie de la carotte, pas de la fessée

Le succès semble après plus d’un an, être au rendez-vous, à Bordeaux et Lyon, c’est plus de 6 000 familles et 200 « coaches » qui ont rejoint l’aventure Yoyo. Dans les familles participantes, c’est aujourd’hui 100 % du plastique qui est recyclé. Et les ambitions de Yoyo ne s’arrêtent pas là, plus d’une dizaine de villes vont bénéficier de ce système de recyclage nouvelle génération même si Eric Brac de La Perrière reconnaît ne pas remplacer les bacs jeunes de tri. La start-up souhaite maintenant s’installer dans des collectivités plus grandes, une première expérimentation en Ile-de-France va ainsi voir le jour, Asnières, Clichy et Levallois seront les premières villes qui profiteront de cette nouvelle manière de faire et de concevoir l’écologie, pas par la fessée, mais par la carotte.

Dans la même thématique

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le

Récompenser plutôt que punir, une autre idée de l’écologie
4min

Société

« J’ai toujours été frappé par le degré de bienveillance dont je bénéficie », François Molins

Entre 2012 et 2018, une série d’attentats touche la France. Dans la tourmente, une voix rassurante émerge, celle de François Molins, procureur de la République. Pédagogie et sang-froid ont toujours été de mise dans ses prises de parole. Tant et si bien qu’un lien fort s’est construit entre les Français et lui. Comment a-t-il traversé ces moments de terreur ? Comment explique-t-il la sympathie des Français à son égard ? Cette semaine, François Molins est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le

Récompenser plutôt que punir, une autre idée de l’écologie
3min

Société

« Quand j’ai abordé les viols sur enfants, j’ai reçu beaucoup de courriers me traitant de rabat-joie », Mireille Dumas

Dans son émission « Bas les masques » ou encore « Vie privée, vie publique », Mireille Dumas a mis en lumière des parcours de vie peu écoutés, et pourtant loin d’être des cas isolés. Alors que les féminicides étaient qualifiés de « crimes passionnels », elle dénonçait déjà les violences perpétrées à l’encontre des femmes, des enfants et des minorités de genre. Quel regard porte-t-elle sur l’évolution de la société sur ces questions ? Comment explique-t-elle son intérêt pour les autres ? Cette semaine, Mireille Dumas est l’invitée de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le