Réfugiés : « La résistance des Ukrainiens entraîne une émotion et une volonté d’accueil puissante », relève le président de France Fraternités

Réfugiés : « La résistance des Ukrainiens entraîne une émotion et une volonté d’accueil puissante », relève le président de France Fraternités

Alors qu’un élan de générosité à l’égard des réfugiés ukrainiens inonde l’opinion française, Pierre Henry, président de France Fraternités, dénonce « les approches basées sur des questions de religion ou de couleur de peau ». Interview
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Tout d’abord, la France doit-elle s’attendre à une vague de réfugiés en provenance d’Ukraine ?

Je ne pense pas. De par sa position géographique et ses relations historiques avec l’Ukraine, la France ne sera pas la première concernée par l’importance des flux. Comme toujours, lors des moments de conflit, les gens ont tendance à fuir dans les pays limitrophes avec dans l’idée de retourner rapidement chez eux. Un autre élément qu’il faut regarder, ce sont les pays où se sont constituées des diasporas ukrainiennes. Là encore, la France n’est pas, a priori, concernée, contrairement à l’Allemagne ou l’Espagne, par exemple.

Gérald Darmanin dit « bienvenue » aux réfugiés ukrainiens, le PDG de la SNCF annonce que les transports seront gratuits pour eux, certaines municipalités s’organisent pour les accueillir… Dans un pays où au moins 30 % des Français sont prêts à voter pour l’extrême droite, ça peut paraître anachronique ?

Mais c’est toujours comme ça. Je me souviens de la générosité de ce pays à l’égard des réfugiés syriens après la diffusion de la photo un enfant décédé sur une plage en 2015. C’est vite retombé. Cette guerre, c’est aussi une bataille d’images. Dans le regard de la population, la résistance des Ukrainiens entraîne une émotion et une volonté d’accueil puissante. La SNCF a eu « une réaction de com’ » en réaction aux chemins de fer allemand et polonais qui ont mis des trains à disposition des personnes qui fuient l’Ukraine.

On a entendu sur les plateaux TV, certains, évoquer une « immigration de grande qualité », « d’Européens qui partent en voiture qui ressemblent aux nôtres ». Ça laisse penser qu’il y aurait des bons et des mauvais réfugiés ?

Ce sont des propos de commentateurs et de responsables politiques qui vont un peu vite en besogne dans un climat marqué par la xénophobie ambiante. Il faut se mettre à distance de ces déclarations à l’emporte-pièce, de ces approches basées sur des questions de religion ou de couleur de peau. Au moment de la guerre du Kosovo, la France avait mis en place un pont aérien, et beaucoup de villes moyennes avaient accueilli des Kosovars dont des femmes portant des voiles colorés. Il ne faut pas éluder la question de la place que prennent les réfugiés dans un pays d’accueil. Pour les Ukrainiens comme pour les autres ce ne sera pas facile de s’intégrer, de trouver un emploi. Ce sont principalement des femmes et des enfants qui sont partis. Et sans aucune volonté d’être méprisant, les femmes ne sont pas toutes professeures d’universités. Le nier, c’est ne rien comprendre au phénomène de l’exil.

La France a-t-elle les capacités d’accueillir ces réfugiés ?

Nos capacités d’accueil sont pleines à 97 % donc il va falloir les augmenter. Mettre de côté l’émotion et s’organiser pour accueillir avec le calme des vieilles troupes. N’oublions pas enfin que l’exode des Ukrainiens va dépendre de la prise de Kiev. S’il y a des combats rue par rue avec d’importants dommages. Les gens ne pourront pas rentrer chez eux.

 

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