Une ONG alerte sur la présence de perturbateurs endocriniens présumés dans l’alimentation

Une ONG alerte sur la présence de perturbateurs endocriniens présumés dans l’alimentation

En étudiant les données d’une agence européenne, Générations futures a observé que sur les résidus de pesticides contenus dans les aliments européens, 63% étaient des perturbateurs endocriniens potentiels.
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Par Guillaume Jacquot (Images : Cécile Sixou)

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Le successeur de Nicolas Hulot au ministère de l’Environnement, François de Rugy, sera attendu au tournant par les associations sur la question des perturbateurs endocriniens. L’ONG Générations Futures s’est intéressée une nouvelle fois à l’exposition de la population à ces substances chimiques qui interfèrent avec le système hormonal, et qui peuvent avoir des conséquences négatives notamment sur la croissance ou encore la fertilité.

Se basant sur le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) publié en juillet, Générations Futures a recoupé ces données avec une liste américaine, recensant ces substances, et en a conclu que plus de six résidus de pesticides sur dix détectés dans l'alimentation européenne étaient des perturbateurs endocriniens « suspectés ». Ils sont classés comme « suspectés », car ils ne correspondent pas aux critères d’identification de ces substances, jugés trop restrictifs par l’ONG.

Néanmoins au moins une étude scientifique montre un effet perturbateur pour chaque produit suspecté. Pour être qualifié de perturbateur endocrinien, une molécule doit satisfaire plusieurs éléments de preuve : un effet néfaste, un mode d’action qui altère le système hormonal, et surtout, établir un lien direct entre les deux.

« C’est assez inquiétant »

Si 96% des échantillons alimentaires analysés en Europe comportent des traces de pesticides inférieures aux limites légales, l’ONG insiste sur le fait qu’il ne faut pas seulement prendre en compte la dose, mais aussi la durée d’exposition. Elle souligne en outre que les fœtus et les jeunes enfants y sont également très sensibles, même à faibles doses. « On pensait que ce serait inférieur à ces chiffres. C’est significatif, et assez inquiétant », a réagi François Veillerette, directeur de l’ONG.

Difficile pour l’heure, en l’absence des résultats bruts, de savoir quels sont les aliments les plus susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens présumés. Générations Futures a demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) davantage de données, pour disposer d’une photographie par nationalité de produits. Seule indication disponible : les fruits et légumes, ainsi que les céréales, constituent l’essentiel des échantillons.

« Peu de mesures fortes annoncées » dans la nouvelle stratégie nationale

Dans la foulée de la publication de ce rapport, Générations Futures en profite pour partager sa profonde déception sur la trajectoire que semble prendre la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, qui fait actuellement l’objet d’une concertation avec les ministères de l’Environnement et de la Santé, concertation qui sera ouverte au public à partir d’octobre. « Il y a peu de mesures fortes annoncées. L’alimentation est la grande absente de ce cette stratégie », déplore Fleur Gorre, chargée de campagne à Générations futures.

Outre le développement de substituts aux pesticides, l’ONG réclame notamment une meilleure information du public, via un étiquetage spécifique sur les produits, ou encore des mesures sur les contenants alimentaires. Générations Futures estime que la nouvelle lecture au Sénat du projet de la loi Agriculture et Alimentation cet automne devra également constituer une occasion pour agir.

François Veillerette estime par ailleurs que le moment est venu pour la France de prendre le leadership sur ces questions sur la scène européenne. « On va bien voir ce que le nouveau ministre va en faire », glisse-t-il.

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