C’est l’un des papas de l’australopithèque Lucy, découverte en 1974. Yves Coppens, paléontologue et paléoanthropologue, vient parler de ses mémoires sur le plateau d’ « On va plus loin ». Et s’il semble le faire avec gourmandise, son livre, « Origines de l'Homme, origines d'un homme » (Odile Jacob), n’a, au départ, pas été une vraie partie de plaisir à écrire : « Je me suis lancé là-dedans en traînant des pieds parce qu’en général, on fait ça à un certain âge et je me disais « peut-être que je n’ai pas atteint cet âge ? ». Et si, il faut se résoudre à la réalité. » Pourtant, être traité de « fossile », Yves Coppens en a l’habitude, puisque dès le collège en Bretagne, ses amis l’appelaient « Coco le fossile » : « J’aimais beaucoup les fossiles, l’archéologie, les poteries etc. »
Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, ce n’est pas le souvenir de la découverte de Lucy, qui a le plus bouleversé le paléontologue, même si elle était majeure : « C’est important parce qu’en 74, c’était le fossile le plus ancien que l’on connaisse dans cette séquence-là : trois millions deux cent mille ans. Après, on a fait mieux (…) C’est grâce à Lucy qu’on a compris que ces pré-humains (…) étaient debout sur leurs deux pattes de derrière et donc ils marchaient (…) Néanmoins ils continuaient à grimper. Donc ils avaient cette espèce de double locomotion bizarre ».
Sa plus grande émotion de chercheur s’est produite lorsqu’Yves Coppens avait 20 ans et qu’il a pénétré dans la chambre d’un dolmen où personne n’était rentré depuis 7 000 ans : « Un jour, avec des camarades d’université, je suis allé sur un grand « futur chantier » (…) il y a[vait] une petite colline. On l’a mesurée, on a fait des plans. Et puis ensuite on a fait un trou (…) vers l’Est et on est tombé sur une sorte de fosse (…) qui avait quatre murs. Et les murs, on les a sondés (…) Le quatrième était creux (…) C’est moi qui suis entré le premier dans une chambre avec une voûte. C’est extraordinaire quand on a cet âge-là ».
« On a des moyens de résistance que l’animal n’a pas »
À l’heure où l’Homme est parfois montré du doigt dans sa mauvaise gestion de la planète, Yves Coppens le défend bec et ongles et reste optimiste : « Je suis très optimiste tout simplement parce qu’il y a trois millions d’années, nous avons inventé la culture. Et la culture fait que désormais, on réagit aux agressions du milieu par la médecine. La médecine c’est du culturel (…) On a des moyens de résistance que l’animal n’a pas (…) puisqu’on peut réagir bien plus vite que ne le ferait la nature. Donc je ne suis pas inquiet quant à la résistance de l’homme aux changements climatiques ».
Toutefois, inquiet, Yves Coppens l’est, concernant « les mouvements de population » : « Huit milliards d’hommes sur la terre, l’eau qui monte (…) Les gens qui seront au bord des côtes auront à bouger (…) ça fera d’autres migrants, ce qu’on appelle déjà les migrants climatiques. Il y en aura beaucoup beaucoup beaucoup. »
Vous pouvez voir l'entretien d'Yves Coppens, en intégralité :
Interview d' Yves Coppens, un paléontologue optimiste