Valls s’invite dans la polémique sur le burkini, invoquant “les valeurs de la République”

Valls s’invite dans la polémique sur le burkini, invoquant “les valeurs de la République”

En apportant son soutien aux maires -majoritairement de droite- qui ont interdit le port du burkini sur les plages, Manuel Valls se veut fidèle à son image de défenseur des “valeurs de la République”, au risque de susciter l’hostilité d’une partie de la gauche. “Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont […]
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE

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En apportant son soutien aux maires -majoritairement de droite- qui ont interdit le port du burkini sur les plages, Manuel Valls se veut fidèle à son image de défenseur des "valeurs de la République", au risque de susciter l'hostilité d'une partie de la gauche.

"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public", a affirmé le Premier ministre dans un entretien mercredi à La Provence. "Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique."

Derrière le burkini, tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, il y a, selon Manuel Valls, "l’idée que par nature les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes". "Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre", martèle-t-il.

"Mais il n'a rien d'autre à faire, le Premier ministre de notre pays?" s'est insurgé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, pour qui Manuel Valls, "en suivant les pas d'une droite très radicalisée qui court après le Front National, joue un jeu très dangereux".

"D'une certaine manière, il fait le jeu des terroristes, puisque c'est très précisément ce que veulent au final les terroristes, la guerre de religion, les tensions permanentes, le basculement vers la guerre civile", a-t-il accusé.

Interrogé par l'AFP, le député PS "réformateur" Pascal Terrasse s'est pour sa part dit "surpris de voir à quel point le Premier ministre soutient les maires, sans que le Conseil d'Etat ou même la loi soient venus dire si cette décision était conforme à notre Constitution".

"Sa parole n'engage que lui. Je ne suis pas certain qu'elle puisse engager le Parti socialiste", a-t-il estimé. Jugeant que le "Premier ministre seul ne peut pas donner le +la+ de la politique laïque de la France", il a appelé à un débat "sans hystérisation".

M. Terrasse a aussi reconnu qu'il y a deux conceptions de la laïcité au sein du PS, "une conception libérale et une conception ultra-restrictive".

-Que le gouvernement engage l'interdiction-

A droite, le député LR Thierry Solère s'est "réjoui" que Manuel Valls comprenne la position des maires qui ont pris des arrêtés d'interdiction du burkini sur la plage, mais a aussi appelé le gouvernement à agir.

"Que la justice fasse respecter l’interdiction de la burqa et que demain le gouvernement engage l’interdiction de ces habits, et surtout qu’il la fasse respecter", a-t-il lancé sur Europe 1.

Sur Twitter, Eric Ciotti a salué "une position courageuse", mais souligné que "les paroles ne peuvent suffire pour combattre le communautarisme".

Le Premier ministre n'entend cependant pas légiférer: "Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière: la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution."

"Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public", a dit celui qui, par ailleurs, s'était dit, au printemps, favorable à une interdiction du voile à l'université.

Selon lui, "les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation".

Manuel Valls a en outre apporté son soutien à Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France et qui a invité lundi les musulmans à la "discrétion".

Plusieurs villes côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire le burkini: Cannes, Mandelieu-La Napoule, Villeneuve-Loubet, Cap-d'Ail, dans les Alpes-Maritimes, Le Touquet, dans le Pas-de Calais, administrées par des maires de droite. A Sisco, en Haute-Corse, le maire PS a fait de même, et un autre maire socialiste, à Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, a annoncé vouloir suivre le mouvement.

Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a annoncé qu'il attaquerait en justice tous les arrêtés municipaux interdisant le port du burkini.

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