Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Lors d’une réunion des groupes de la majorité de l’Assemblée nationale et du Sénat, puis devant les députés, le premier ministre a annoncé recourir au 49.3 pour adopter le budget de la Sécurité sociale. Le RN a n’a pas tardé à donner sa réponse : il va voter la censure, qui devrait faire tomber le gouvernement.
Les sénateurs ont terminé l’examen de la partie recettes du budget 2025, après une semaine de débats jour et nuit. La majorité sénatoriale se place globalement dans les pas du gouvernement, au point d’avoir accepté de nombreuses secondes délibérations, suscitant la colère de la gauche, qui a quitté l’hémicycle. Le Sénat a supprimé la hausse de la taxe sur l’électricité, l’une des lignes rouges de Marine Le Pen. Ils ont allégé d’un milliard d’euros l’effort demandé aux collectivités.
Face aux nombreuses secondes délibérations demandées par le gouvernement, en accord avec la majorité sénatoriale LR-centriste, pour revenir sur une série de votes du Sénat sur le budget, les groupes socialistes, écologiste et communiste ont quitté la séance pour dénoncer un « procédé scandaleux ».
Dans le cadre de l’examen du budget 2025, plusieurs secondes délibérations ont été demandées par le gouvernement et le rapporteur pour revenir sur certains votes des derniers jours, qui alourdissent le déficit. La majorité sénatoriale accepte au passage de revenir sur la hausse de la taxe sur le gaz, qu’elle a pourtant elle-même défendue. De quoi aider le gouvernement, sous la menace d’une censure du RN.
Depuis l’arrivée de Michel Barnier à Matignon, la majorité sénatoriale LR-centriste est transformée et soutient le gouvernement, avec l’ex-majorité présidentielle. Un nouvel attelage baptisé « club des cinq », que Gérard Larcher rassemble à sa table, histoire de mettre de l’huile. Mais avec un premier ministre sous la menace d’une censure du RN, pas sûr que l’expérience soit vouée à perdurer.
Si la majorité sénatoriale a bien adopté, dans le cadre du budget, le report de 2027 à 2030 de la suppression de la CVAE, un impôt acquitté par les entreprises, c’est bien le bilan, très critique, de la politique fiscale d’Emmanuel Macron qui a été pointé du doigt par les oppositions. Elles l’accusent d’avoir creusé la dette en supprimant des impôts sans les financer.
C’est la réforme phare de Gabriel Attal, quand il était ministre de l’Education nationale. Le Conseil d’Etat a décidé d’annuler l’article 4 de la réforme, suite à plusieurs recours contre la mesure. Une décision motivée par « incompétence » sur la forme, ce qui laisse encore la possibilité au gouvernement de remettre le sujet sur la table.
Dans le cadre de l’examen du budget, les sénateurs ont adopté un amendement supprimant le taux réduit de TVA dont bénéficient les eaux en bouteille plastique, tout en rappelant le scandale des eaux minérales traitées illégalement et les conséquences environnementales de l’usage du plastique. La mesure pourrait rapporter entre 150 et 300 millions d’euros.
En annonçant ne pas vouloir se représenter en 2026, Anne Hidalgo intronise le sénateur PS Rémi Féraud. Ce proche est à la tête du groupe socialiste de la mairie de Paris. Mais il devra faire face aux ambitions de deux autres sénateurs : le communiste Ian Brossat et peut-être l’écolo Yannick Jadot. Chacun appelle pour l’heure à l’union, voire à une « primaire » de la gauche.
Alors que le Sénat a entamé ce lundi l’examen du budget 2025, le groupe PS, écologistes et communistes vont défendre onze amendements identiques pour se montrer « uni ». Reprenant en partie des mesures déjà défendues par le NFP à l’Assemblée, la gauche sénatoriale prône le rétablissement d’un ISF climatique, l’imposition des superprofits, une hausse des frais de notaires pour les achats de plus d’un million d’euros ou le rétablissement de la CVAE.
Dans le cadre du budget, le sénateur (apparenté LR) de l’Oise, Olivier Paccaud, va défendre la division par deux du nombre de postes supprimés l’an prochain dans l’enseignement. Une mesure qu’il finance en piochant 74 millions d’euros dans le pacte enseignant. L’amendement est soutenu à l’unanimité par la commission des finances du Sénat.