Le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, est l’hypothèse la plus sérieuse à la Haute assemblée. « On lui a fait une proposition pour un ministère régalien », à l’intérieur ou la justice, confie un sénateur LR. Mais d’autres noms, qui ont plus ou moins la cote, circulent aussi…
Le nouveau locataire de Matignon consulte en vue de la nomination de son gouvernement. Côté LR, le nom du patron des sénateurs de droite, Bruno Retailleau, revient avec insistance. « Une hypothèse plus que possible », avance un sénateur LR, selon qui « on lui a demandé ». Mais rien n’est encore fait. Si des macronistes seront de la partie, les choses semblent bouchées à gauche.
Alors que la justice a suspendu l’exclusion d’Eric Ciotti de la présidence des LR, les responsables du parti, opposés à l’alliance avec le RN, ont organisé la convocation d’un troisième bureau politique pour « effacer les vices de forme » et éviter toute contestation. Le rattachement financier des candidats aux législatives, autre enjeu, réserve aussi quelques surprises, renforçant la confusion chez les LR.
Pour « lutter dès le premier tour contre les extrêmes », la majorité présidentielle a décidé de ne pas présenter de candidat dans une soixantaine de circonscriptions. De quoi peut-être lui permettre de trouver une majorité après le 7 juillet. Si les LR expliquent rester sur une ligne d’autonomie, dans le Nord, le parti a pourtant décidé de ne pas présenter de candidat face à certains candidats soutenus par le parti d’Emmanuel Macron.
Eric Ciotti a saisi le tribunal judiciaire pour contester son exclusion des LR, suite à l’alliance qu’il a annoncé avec le RN pour les législatives. Ses opposants ont reconvoqué un bureau politique pour « valider », sur le plan juridique, son exclusion, afin de mieux respecter les statuts. Alors que la question des investitures est aussi en jeu, chacun fourbit ses armes pour porter la bataille sur tapis vert.
Pour éviter à l’extrême droite d’arriver à Matignon, Emmanuel Macron se dit prêt aux compromis, avec à la clef « une fédération de projets pour gouverner ». « Le projet peut être modifié substantiellement », assure l’entourage du Président, où on affirme que « quelqu’un comme Raphaël Glucksmann, évidemment, pourrait avoir sa place ». Mais faire une alliance des « socio-démocrates » aux « gaullistes » reste pour le moins incertain et risqué.
L’ancien premier ministre « tend la main » aux membres des LR déçus par l’alliance proposée par Eric Ciotti au RN. Il entend « construire cette majorité dans le bloc central ». Au sein d’Horizons, on reconnaît plus ou moins que la situation peut profiter à Edouard Philippe. Mais les législatives n’en seront pas moins « difficiles ».
Après l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, « tout le monde était un peu sonné », du côté de la majorité présidentielle. L’objectif est de « retrouver du vent dans le dos et être ceux qui assument de redonner la parole aux Français », explique un ministre. De quoi pousser aussi à la « clarification », notamment côté LR. Pour les investitures, qui doivent être bouclées dans la semaine, « ça consulte dans tous les sens ».
L’annonce surprise de la dissolution, après des élections européennes qui ont placé l’extrême droite au plus haut, va certainement politiquement chambouler le pays. Entre « risque politique majeur », selon Pascal Perrineau, « calcul de l’Elysée » qu’explore Philippe Moreau Chevrolet ou « aveu de défaite terrible de l’exécutif », souligne Bruno Cautrès, éléments d’analyse sur ce coup de tonnerre.
La liste PS-Place Publique manque son pari de doubler la majorité présidentielle, qui occupe la seconde place avec 16 % des voix. Raphaël Glucksmann sort cependant en tête des listes de gauche, de quoi peut-être rebattre les cartes en vue de 2027. Pour le PS, après l’échec de la présidentielle, ce score est une petite victoire en soi.
Le RN remporte l’élection européenne, en terminant largement en tête du scrutin, faisant plus du double du score de la majorité présidentielle. C’est même le record pour le parti d’extrême droite lors d’un scrutin national, hors second tour de la présidentielle. Pour Jordan Bardella et Marine Le Pen, ces résultats ouvrent la voie de 2027.
Toujours au coude à coude dans les sondages avec Valérie Hayer, le candidat de la liste PS-Place Publique termine sa campagne « grave et heureuse » en espérant « tourner la page de ce duel Macron/Le Pen ». Avec « une liste féministe, pro européenne, sociale, écologique » et « sérieuse en matière de défense et de sécurité », il ambitionne de « refonder la social-démocratie » en Europe.