Si le chef de l’Etat a écarté pour l’heure un remaniement, la première ministre est affaiblie par la crise politique. « Beaucoup considèrent que la situation actuelle a mis Elisabeth Borne dans une impasse », confie un parlementaire Renaissance. « Beaucoup pensent qu’il faut trouver une tête. Et comme les députés ne veulent pas que ce soit la leur, l’autre solution, c’est la première ministre », glisse un autre. Mais Elisabeth Borne a encore ses soutiens dans la majorité.
Les groupes d’opposition ne croient pas à la « nouvelle méthode » que compte mettre en place Elisabeth Borne, qui va les recevoir. « Ils ne savent pas où ils vont », selon Bruno Retailleau (LR), qui ira malgré tout « volontiers » à Matignon. « Elle est dans une impasse », selon Patrick Kanner (PS), qui « pense que quelque chose est cassé ».
Alors que les images de répression policière contre les manifestants se répètent, Sebastian Roché, chercheur au CNRS, pointe « l’usage de la violence non proportionnée et non-nécessaire, l’usage des nasses avec gaz, qui est complètement illégal, et le détournement de l’usage des gardes à vue ». Il note cependant quelques « progrès », par rapport à la doctrine du préfet Lallement.
Le chef de l’Etat veut que les grandes entreprises qui ont recours aux rachats de leurs actions « distribuent davantage aux salariés », sous forme de participation ou d’intéressement. « C’est quasi méprisant. C’est une blague », dénonce le communiste Fabien Gay. « Pourquoi pas », dit le sénateur LR Jean-François Husson, « mais la réponse n’est pas du tout à la hauteur ».
Après l’interview d’Emmanuel Macron, les réactions des sénateurs d’opposition sont très critiques. « Le problème, c’est que nous avons un Président qui ne comprend plus les Français », affirme le socialiste Patrick Kanner. Le macroniste François Patriat l’a trouvé pour sa part « lucide, courageux et combatif ».
Emmanuel Macron va « demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle, pour que quand il y a des profits exceptionnels d’entreprises […], que leurs travailleurs puissent en profiter ». Le chef de l’Etat veut remettre « autour de la table » les syndicats « sur des sujets très concrets, l’usure professionnelle et les fins de carrières ».
« Dans les 15 jours qui viennent, il faudra apaiser, écouter les colères », a assuré le chef de l’Etat aux parlementaires de la majorité présidentielle réunis à l’Elysée. Selon un participant, Emmanuel Macron « a remercié les parlementaires qui ont joué le jeu, en particulier au Sénat, où il estime qu’il y a eu un vrai travail de fond, un compromis intelligent, avec les sénateurs LR ».
< p > Au lendemain de l’adoption de la réforme des retraites, le chef de l’Etat écarte tout retrait du texte et prépare la suite. Il a demandé à ses troupes de faire « & nbsp ; d’ici deux à trois semaines maximum & nbsp ; » des « & nbsp ; propositions & nbsp ; » en vue d’un « & nbsp ; changement de méthode et d’agenda des réformes & nbsp ; ». < /p >
La minorité de députés LR prête à voter la motion de censure contre le gouvernement met à nouveau à mal l’unité des LR, officiellement opposés au vote de toute motion. S’ils ne sont plus « en phase avec la ligne politique, qu’ils en tirent toutes les conclusions », avance le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, proche de Bruno Retailleau. « Il faut les exclure », tranche Marc-Philippe Daubresse.
Après le recours au 49.3 par Emmanuel Macron pour adopter la réforme des retraites, le pays se retrouve « dans une crise politique » mêlée à « une crise de régime », selon Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste en communication politique, qui pense que le pouvoir ne pourra plus faire adopter de loi, faute de majorité.
Après le recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, faute d’une majorité suffisante à l’Assemblée, « il est assez facile de faire porter au LR cette responsabilité », affirme leur président, Eric Ciotti. « Les LR ont été un partenaire fiable au Sénat, mais pas à l’Assemblée nationale », soutient François Patriat, patron des sénateurs macroniste.
La majorité sénatoriale a adopté par 193 voix contre 114 et 38 abstentions les conclusions de la commission mixte paritaire, où députés et sénateurs sont parvenus à un accord sur un texte commun pour la réforme des retraites.