Malgré le compromis qui devrait être adopté en commission mixte paritaire sur la réforme des retraites, certains devront encore travailler plus de 43 ans, contrairement à ce que disent certains membres de la majorité présidentielle. Tout dépend de la date de naissance de la personne, du nombre de trimestres et de l’âge de départ anticipé pour carrière longue, qu’il faut pouvoir atteindre pour prendre sa retraite.
A la veille de la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites, les réunions préparatoires entre les rapporteurs du Sénat et de l’Assemblée se passent bien et laissent présager d’une issue positive. La surcote pour les femmes fait déjà consensus. Sur le CDI senior, la majorité sénatoriale espère une « ouverture ». Reste la question sensible des carrières longues, où députés et sénateurs LR ne sont pas sur la même ligne…
Sept sénateurs et sept députés vont tenter de trouver un texte commun sur la réforme des retraites. « La surcote pour les femmes » fait partie des « lignes rouges » de la majorité sénatoriale, prévient le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Sur les carrières longues, sujet auquel les députés LR sont attachés, il ne veut en revanche pas trop alourdir la facture… Le rapporteur au Sénat, René-Paul Savary, a cependant « bon espoir pour le compromis, car tout le monde souhaite une CMP conclusive ».
Pour l’avant-dernière journée d’examen de la réforme des retraites au Sénat, la gauche a répété inlassablement les mêmes mots, lors de chacune de ses prises de parole, pour dénoncer par l’absurde l’accélération des débats imposée par le gouvernement et la majorité sénatoriale. Si certains sujets de fond sont évoqués – retraite des élus, des sapeurs-pompiers, retraite anticipée ou cumul emploi/retraite – ils ne sont que survolés, laissant un goût d’inachevé.
Pour compenser les carrières hachées liées à la maternité, le Sénat a adopté un amendement permettant d’avoir jusqu’à 5 % de surcote pour la retraite. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, en avait fait « une ligne rouge ». La mesure, soutenue par le gouvernement, a reçu le vote favorable d’une partie de la gauche.
La commission des affaires sociales a demandé d’examiner l’amendement du président du groupe LR plus tard, pour arriver plus vite à l’article 8 sur les carrières longues. « Nous étions prêts à ferrailler » regrette le socialiste Patrick Kanner.
« On a été très patients pendant 5 jours et 5 nuits », réagit le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, « très heureux » du vote sur le report de l’âge à 64 ans. « C’est une étape de franchie, une étape importante », a salué le ministre Olivier Dussopt. « LR a finalement servi la soupe au Président Macron. Dont acte. Au moins, les masques sont tombés », dénonce Patrick Kanner, président du groupe socialiste.
Les sénateurs ont voulu « corriger une inégalité » en autorisant les professeurs des écoles à partir à la retraite avant la fin de l’année scolaire, comme peuvent déjà le faire les professeurs du secondaire.
Après six jours de débats, les sénateurs ont débuté l’examen de l’article 7 sur le report de l’âge légal. La gauche s’est relayée pour dénoncer une « mesure guillotine ». « Mépris, passage en force, bras d’honneur, je crois que c’est le vrai mot utile pour qualifier ce qui est en train de se passer », a résumé le socialiste Jérôme Durain, en référence à un coup de colère du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.
En insistant sur « ces dizaines de millions de Français qui font tourner notre pays comme tous les autres jours, malgré les grèves », le ministre des Comptes publics a suscité l’ire des sénateurs de gauche. « Vous reprenez le discours de la droite réactionnaire », dénonce le socialiste David Assouline.
C’est le mercredi 15 mars que 7 députés et 7 sénateurs tenteront de trouver à huis clos un texte commun sur la réforme des retraites. Les lectures des conclusions de la CMP, en cas d’accord, sont attendues jeudi 16 mars au Sénat. Le gouvernement a intérêt à trouver un accord en CMP avec les sénateurs, ce qui lui permettrait de clore au plus vite la procédure parlementaire.
Le rapporteur LR de la réforme des retraites au Sénat, René-Paul Savary, a pointé le rôle de la réforme votée sous François Hollande, qui a porté à 43 ans le nombre d’années de cotisations. « Dites-le dans les manifestations : « si vous travaillez plus longtemps, c’est à cause de nous » », a-t-il lancé à la gauche. La réforme permettait à ceux « qui commençaient à travailler avant 20 ans de partir à 62 ans », lui a rétorqué la socialiste Monique Lubin.