Face au risque de se retrouver sans majorité absolue, Emmanuel Macron a dramatisé l’enjeu pour les législatives, en multipliant les attaques contre Jean-Luc Mélenchon. Le leader de la Nupes, dont le pari de devenir premier ministre semble compromis, devrait néanmoins devenir la première force d’opposition. Les LR pourraient eux devenir la force pivot, si le Président est affaibli par les résultats.
Emmanuel Macron s’est rendu à Kiev et s’est engagé à soutenir « le statut de candidat immédiat à l’adhésion » de l’Ukraine à l’Union européenne. De quoi « ouvrir un champ d’espérance à la population » souligne le sénateur LR Christian Cambon, qui alerte sur la longueur du processus qui « pourrait désespérer ». Face à ce déplacement du Président, les sénateurs saluent « un beau symbole », mais certains s’étonnent du « timing », à trois jours du second tour des législatives.
Alors qu’Emmanuel Macron pourrait n’avoir qu’une majorité relative à l’Assemblée, il a rencontré discrètement Gérard Larcher lundi. Au sein du gouvernement, on prédit que le Palais du Luxembourg « sera la chambre apaisée », à côté du « bazar » de l’Assemblée. Les sénateurs sont prêts à jouer le jeu du « partenariat », sur certains textes. Mais ils attendent de voir en pratique.
Si En Marche a besoin des voix des députés Horizons, le parti d’Edouard Philippe, pour former la majorité à l’issue des législatives, l’ancien premier ministre pourrait en tirer profit. De quoi renforcer la machine électorale qu’il met en place pour 2027. Si « la guerre de succession a déjà commencé », les philippistes n’entendent pas pour autant jouer le rôle de « frondeurs ».
Face à la menace d’une majorité relative à l’Assemblée, qui risquerait de lui lier les mains, Emmanuel Macron a pris la parole pour dénoncer, sans la citer, la Nupes. « Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », prévient le chef de l’Etat, avant de s’envoler pour la Roumanie voir les forces françaises.
Si la majorité présidentielle n’obtient qu’une majorité relative à l’Assemblée, elle devra négocier au cas par cas. Certains macronistes craignent de voir « le curseur » déplacé « un peu plus à droite », avec des LR qui joueraient un rôle pivot. L’action d’Emmanuel Macron risque d’être entravée.
Le premier tour des législatives se passe dimanche dans un climat incertain. Emmanuel Macron aura-t-il une majorité solide ou devra-t-il négocier ? La Nupes sera-t-elle forte au point d’envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon ? Les LR vont-ils limiter la casse et se retrouver dans un rôle pivot ? Et quid du RN ? Beaucoup de questions qui rendent les surprises possibles.
Il faut atteindre le seuil de 12,5 % des inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour des élections législatives. Avec une abstention à 50 %, un candidat arrivé troisième doit donc faire un score de 25 % pour se maintenir. Une situation favorable à la NUPES et à la majorité présidentielle.
Les députés, qui seront élus lors des législatives, devront vite se mettre au travail. Au programme, le projet de loi sur le pouvoir d’achat, le budget rectificatif ou un nouveau texte pour prolonger les mesures sur le covid-19. Le point sur les dates d’examen, à l’Assemblée et au Sénat.
Les eurodéputés ont rejeté par surprise une réforme du marché carbone, mesure phare du plan climat de la Commission européenne. Pour des raisons opposées, la gauche et les écologistes se sont retrouvés à rejeter le texte avec l’extrême droite, alors que la droite et les libéraux, où siègent les macronistes, ont voté pour.
Promesse d’Emmanuel Macron, le gouvernement se contente pour l’heure d’une « réflexion » sur le chèque alimentaire, préférant dans un premier temps une aide « d’urgence » pour les plus modestes, versée à la rentrée. L’exécutif fait face à une difficulté : comment limiter le chèque alimentaire aux produits français.
Le chef de l’Etat a annoncé la généralisation de l’expérimentation de « l’école du futur », testée à Marseille. Il entend permettre aux directeurs de recruter et aux équipes de profiter d’une plus grande liberté pédagogique. Les syndicats grincent déjà des dents, tout comme une partie des sénateurs.