Après l’adoption d’une proposition de loi par l’Assemblée nationale et le Sénat, et après l’annonce par Emmanuel Macron de la constitutionnalisation de l’IVG dans un projet de loi constitutionnel plus vaste à venir, le sujet n’a pas avancé. Ce jeudi, la Commission consultative des Droits de l’Homme publie un avis relatif à la question. Il y recommande d’inscrire l’IVG dans la Constitution « sans délai » et de le faire dans un « texte dédié ». Ce texte relance le sujet, porté au Parlement par de nombreux élus.
Dans la nuit du 24 au 25 mai, Paris a vu fleurir sur les pare-boue des Vélib’ une campagne non-autorisée de l’association anti-IVG « Les Survivants ». Elle a suscité une vague d’indignation générale, de la part de membres du gouvernement, d’élus et d’associations. Elle permet également de remettre sur le devant de la scène le sujet de la constitutionnalisation de l’IVG, promis par Emmanuel Macron le 8 mars dernier, mais qui n’a depuis pas bougé d’un iota et qui avait été un peu éclipsé par d’autres sujets.
Les représentants de Nordic Pharma, fabricant exclusif de la pilule abortive en France, ont été auditionnés par la commission d’enquête sénatoriale sur la pénurie des médicaments mardi 2 mai. Son dirigeant Vincent Leonhardt s’est voulu rassurant au sujet des stocks disponibles des deux médicaments qui permettent de recourir à une IVG médicamenteuse. Laurence Cohen, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes au Sénat, alerte sur la situation de monopole du laboratoire et craint une nouvelle pénurie.
Après son vote à l’Assemblée nationale en novembre, puis au Sénat le 1er février dernier, l’inscription de l’IVG dans la Constitution avait franchi un pas significatif. Pas que le Président avait consenti à continuer, le 8 mars, en annonçant que la mesure serait reprise dans une réforme constitutionnelle plus vaste. Mais depuis, plus rien. Si, du côté de la gauche et des écologistes, on s’exaspère de cet apparent oubli, du côté de la majorité présidentielle, on affirme une volonté d’aller au bout, sans toutefois donner de délais.
Dans un courrier adressé au ministre des Solidarités et de la Santé, la sénatrice socialiste, Laurence Rossignol alerte sur l’indisponibilité des pilules abortives dans plusieurs pharmacies de Lille et de la région parisienne. « Cette indisponibilité compromet gravement le droit à l’IVG », estime-t-elle.