Alors qu’Elisabeth Borne met sur la table la suspension de la réforme des retraites, qui est demandée par le PS, Bruno Retailleau en fait « une ligne rouge pour la droite ». « Du côté du Sénat, c’est sûr que c’est inacceptable », prévient le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse. Mais à l’Assemblée, tous les députés LR ne semblent pas automatiquement vent debout face à cette idée.
Face à la main tendue de la dernière chance par Sébastien Lecornu, Bruno Retailleau répond qu’il est prêt à accepter une forme de cohabitation. Mais en considérant le « déni dans lequel s’est installé le Président », les sénateurs LR jugent la voie « très étroite », voire « inimaginable ». Quant à l’idée d’une démission d’Emmanuel Macron, certains y voient une solution.
Entre appels à la démission d’Emmanuel Macron, demande de dissolution ou plaidoyer pour une cohabitation avec le chef de l’Etat, les propositions fusent dans le paysage politique pour tenter de sortir de la crise politique. On fait le point, parti par parti.
Les LR étaient prêts à claquer la porte du gouvernement, mais Sébastien Lecornu les a devancés, en annonçant par surprise sa démission. Bruno Retailleau lui reproche d’avoir « caché qu’il y avait la nomination de Bruno Le Maire ». « Cette démission est le résultat de notre colère », assume le sénateur LR Max Brisson. Mais nouveau coup de théâtre en fin de journée : Emmanuel Macron charge Sébastien Lecornu de mener « d’ultimes négociations »…
Insatisfait par la composition du nouveau gouvernement, qui reprend largement l’architecture du précédent, Bruno Retailleau, le patron des LR annonce la convocation d’un « comité stratégique des Républicains ». Outre la place accordée aux troupes LR au sein de l’exécutif, le retour de Bruno Le Maire au gouvernement est à l’origine de nombreuses crispations à droite. Explications.
Réunis ce dimanche, les parlementaires LR ont dans leur grande majorité décidé de participer au gouvernement de Sébastien Lecornu. Ils n’ont pourtant pas reçu la lettre d’engagement promise. Mais les orientations fixées par le premier ministre, bien qu’« imparfaites », vont « dans le bon sens ». « Cette participation sera une participation exigeante », préviennent cependant les LR.
Alors que l’annonce du gouvernement approche, l’absence d’engagement précis du premier ministre et son choix de renoncer au 49.3, pour tenter d’amadouer le PS, laisse dubitatif à droite. Manière aussi pour les LR de faire monter la pression, à l’heure du money time.
En renonçant à faire passer des textes en force au Parlement, le Premier ministre tend la main à la gauche. Invitée ce vendredi 3 octobre de Public Sénat et de LCP, la sénatrice LR de Paris Agnès Evren, estime néanmoins que la négociation entre les différentes forces politiques à l’Assemblée nationale « va être très compliquée ».
Les LR ont rappelé au premier ministre leurs exigences pour entrer au gouvernement. Ils attendent des « gages » de Sébastien Lecornu sur les économies, le travail et le régalien, via « une base contractuelle, avec des engagements clairement édictés », explique Mathieu Darnaud, président du groupe LR du Sénat. Si le PS censure le gouvernement, la droite est déjà prête à leur renvoyer la responsabilité de l’instabilité.
C’est une inquiétude des associations, de la gauche et d’une partie du bloc central : celle de voir le texte sur la fin de vie abandonnée sur l’autel de la crise politique. Après leur adoption à l’Assemblée, les deux textes sur la fin de vie et les soins palliatifs pourraient être examinés le 13 ou le 20 octobre selon un calendrier prévisionnel. Mais rien n’est certain.
Sébastien Lecornu multiplie les consultations en vue de composer son futur gouvernement. Du côté de LR, le pessimisme commence à poindre quant à la réussite de la mission du Premier ministre au vu des exigences des socialistes.
Les parlementaires LR veulent négocier avec le Premier ministre et les autres partis du socle commun un « contrat de gouvernement », autour de quelques priorités, avant toute entrée dans la future équipe ministérielle. Sur certains sujets, des LR sont prêts à évoluer et à arrondir les angles.