En opération séduction depuis le 7 juillet, Xavier Bertrand ne cache plus vraiment ses ambitions et semble prêt à devenir Premier ministre. Une hypothèse qui divise au sein de son propre parti, tiraillé sur la stratégie à adopter durant cette législature.
Mardi soir, en rejetant la candidature de Lucie Castets proposée par le Nouveau Front Populaire, Emmanuel Macron s’est donné quelques semaines pour nommer le prochain locataire de Matignon et voit d’un bon œil le pacte législatif proposé par LR. Mais la droite ne veut pas entendre parler d’une coalition. Pour l’instant.
Les Républicains ont présenté ce lundi une série de réformes, très marquées à droite, et qui seraient soutenues par leurs élus si elles venaient à être reprises par le prochain gouvernement. Il n’est toujours pas question, en revanche, pour Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, les deux chefs de file de la droite parlementaire, de participer à une quelconque coalition.
Si le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a été catégorique, mardi, en réunion de groupe en balayant tout accord avec la majorité sortante en vue d’un futur gouvernement, il plaide désormais pour la nomination d’un « Premier ministre d’intérêt public », que les Républicains pourraient soutenir afin « d’éviter le blocage du pays ».
Pour l’heure, il n’y a toujours aucune lisibilité à l’Assemblée nationale sur la mise en place d’une coalition de gouvernement. La gauche a besoin de s’élargir pour confirmer son avance et s’émanciper du risque de censure. Au centre, certains responsables de la majorité sortante appuient pour un rapprochement avec les LR, au risque de fracturer ce qui reste du camp présidentiel.
« Est-ce qu’on est capable d’aligner plus de 182 députés qui disent, nous ne voulons pas de la gauche au gouvernement avec LFI ? On voit tous les matins Monsieur Mélenchon qui préempte une pseudo-victoire », tonne Hervé Marseille, président de l’UDI, du groupe centriste au Sénat et figure importante du bloc central. Pour le sénateur des Hauts-de-Seine, l’objectif est clair, former une coalition assez large pour écarter le NFP de Matignon. Une coalition allant « au-delà de 182 et le plus proche possible de 289 » députés, plaide Hervé Marseille.
Alors qu’aucune majorité ne se dessine à l’Assemblée nationale, empêchant, pour le moment, la constitution d’un nouveau gouvernement, la majorité LR du Sénat compte bien utiliser tous les moyens institutionnels pour contrecarrer un exécutif qui pencherait trop à gauche.
Zoom sur la deuxième circonscription d’Eure-et-Loir, où un duel oppose le sortant Olivier Marleix, jusqu’alors président du groupe LR à l’Assemblée nationale et un candidat RN presque inconnu sur le territoire. L’ex-chef de file des députés LR est arrivé 13 points derrière le candidat RN, mais peut compter maintenant sur le retrait de la candidate socialiste. Un désistement qui semble embarrasser Olivier Marleix.
Avec plus de 200 désistements annoncés pour le deuxième tour des élections législatives, le Front républicain contre le RN prend forme. La possibilité pour le parti de Jordan Bardella d’obtenir une majorité absolue s’inscrit désormais en pointillé. Mais existe-t-il une voie pour former une majorité de rechange ? Au groupe LR du Sénat, la réponse est non.
Le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire ont déjà remporté plusieurs dizaines de sièges à l’issue du premier tour des élections législatives dimanche. Relativement fracturée, la carte électorale des premiers députés élus reflète en partie les rapports de force qui se sont installés à l’échelon régional ou local ces dernières années.
Quatrième force politique du pays avec 10 % des voix au premier tour des législatives, Les Républicains vont pouvoir sauver les meubles et conserver un groupe parlementaire. Dès dimanche soir, le parti a réaffirmé sa ligne d’autonomie en refusant de donner des consignes de vote dans les circonscriptions où ils ne sont pas présents au second tour.
Public Sénat a sélectionné dix circonscriptions qui risquent d’attirer l’attention à l’occasion des législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet, en raison de la notoriété des candidats ou des enjeux locaux, qu’ils soient symboliques ou très politiques.