En exigeant de nouvelles concessions budgétaires, Marine Le Pen rappelle que la configuration politique lui donne pouvoir de vie et de mort sur le gouvernement de Michel Barnier. Si elle semble désormais avoir toutes les cartes en main, le patronne des députés RN prend aussi un risque non négligeable en votant la censure, celui d’entamer durablement la stratégie de normalisation déployée pour conquérir le pouvoir.
Pour la gauche sénatoriale l’abandon de cette mesure budgétaire, largement fustigée par la classe politique, est d’abord une manière pour le Premier ministre de tenter d’amadouer le Rassemblement national avant le vote d’une probable motion de censure la semaine prochaine. De leur côté, les soutiens du gouvernement font valoir son impact sur le portefeuille des Français.
Pour le sénateur RN du Pas-de-Calais Christopher Szczurek, la motion de censure peut être « immédiate » en cas de « blocage complet » des mesures de pouvoirs d’achat mises en avant par Marine Le Pen. Mais elle n’est pas “inévitable »
Alors que tous les regards se tournent vers Marine Le Pen, qui menace désormais de voter une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, le sénateur Hervé Marseille, chef de file des centristes du Sénat, estime que les députés socialistes ont aussi une « responsabilité » à gauche de l’hémicycle.
59% des sympathisants du RN avouent apprécier davantage le jeune député européen plutôt que Marine Le Pen, selon le baromètre politique d’Odoxa-Mascaret, réalisé pour Public Sénat et la presse régionale. Par ailleurs, ils sont plus d’un tiers à estimer que les ennuis judiciaires de la fille de Jean-Marie Le Pen pourraient être « un atout » pour le parti à la flamme tricolore en favorisant une candidature Bardella pour 2027.
La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a rappelé à Michel Barnier les lignes rouges de son parti sur le budget ce lundi 25 novembre. « Nous verrons si le propos d’aujourd’hui fait son chemin, mais rien n’est moins sûr », a-t-elle indiqué à la sortie de son entrevue avec le Premier ministre, assurant voter la censure si le budget « reste en l’état ».
Reprochant à Michel Barnier de ne pas tenir compte des « lignes rouges » du RN sur le budget, Marine Le Pen agite la menace d’un vote d’une motion de censure par les députés d’extrême droite. Elle insiste notamment sur la hausse « inadmissible » des taxes sur l’électricité. « Ils font ça pour augmenter les enchères », selon le président du groupe RDPI du Sénat, François Patriat. « On n’est pas dans une cour de récréation, à dire si tu ne fais pas ça, je fais ça », tance le sénateur LR Cédric Vial.
Invité de la matinale de Public Sénat, le maire (Horizons) de Nice, Christian Estrosi, a réagi à la menace de vote d’une censure du budget par le Rassemblement national, de nouveau brandie par Marine Le Pen ce mercredi. D’après lui, une telle décision pourrait conduire à une « crise économique et sociale » et à la « banqueroute ».
C’est une double déconvenue vécue par Marine Le Pen, mercredi, lors des réquisitions du procès des assistants parlementaires RN. Non seulement le parquet a demandé une peine d’inéligibilité mais l’a assortie « d’une exécution provisoire ». Ce qui change la donne pour la députée. Explications.
Ce lundi Jordan Bardella a affirmé sur BFM que tout candidat RN devra avoir un casier judiciaire vierge pour pouvoir se présenter. Interrogé sur le cas de Marine Le Pen qui risque une condamnation dans le cadre du procès des assistants parlementaires, Jordan Bardella a déclaré, mal à l’aise, être persuadé de son innocence. Au Sénat, Henri Cabanel propose depuis plusieurs années que tout candidat à une élection doit être exempt de casier judiciaire. Retour sur une proposition de loi plusieurs fois déposée, mais jamais examinée.
Dans l’affaire des assistants parlementaires du RN, les procureurs demandent deux ans de prison fermes aménageable pour Marine Le Pen et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Alors qu’elle risque de ne pas pouvoir se présenter en 2027, si le jugement suit les réquisitions, le RN fait corps autour de sa leader. « Cette affaire est très politique. Il s’agit d’un règlement de compte de certains magistrats », affirme le sénateur RN Christopher Szczurek
Alors que cinq ans d’inéligibilité sont requis contre Marine Le Pen dans le cadre du procès des assistants parlementaires du FN, l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin s’indigne de ces réquisitions. Une prise de position choquante de la part du député du Nord estime Nathalie Delattre, invitée de la matinale de Public Sénat.