En visite lundi à Berlin, Gabriel Attal a réitéré la position de refus de Paris concernant la conclusion de l’accord du Mercosur, que négocie actuellement la Commission européenne et que Berlin soutient fermement. Pour Frédéric Denhez, journaliste spécialiste des questions agricoles, la France et l’Union européenne doivent comme les Etats-Unis mettre en place une politique protectionniste afin de soutenir les agriculteurs. Entretien.
C’est l’un des principaux points de crispation de la colère des agriculteurs, l’Accord commercial entre l’Union européenne et les pays du MERCOSUR (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) en négociation depuis 1999. Il pourrait occasionner, selon, eux, une distorsion de concurrence. La France fait savoir qu’elle s’y oppose fermement. Face à la pression, la Commission européenne admet qu’« à l’heure actuelle... les conditions pour conclure les négociations ne sont pas réunies. » Mais l’accord peut-il vraiment être bloqué par Paris ? Eléments de réponse avec Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l’Institut Jacques Delors.
Les accords de libre-échange et la distorsion de concurrence qu’ils instaurent suscitent la colère des agriculteurs, mobilisés en France depuis plusieurs jours. Sur ce point, ils sont rejoints par le Sénat, qui vient d’adopter à l’unanimité une résolution posant des « lignes rouges » fermes à l’adoption d’un accord commercial entre l’Union européenne et le marché commun des pays d’Amérique du Sud.
Quatre sénateurs estiment que « les conditions démocratiques, économiques, environnementales et sociales ne sont pas réunies » pour conclure l’accord commercial entre l’Union européenne et le marché commun des pays d’Amérique du Sud. Le 16 janvier, le Sénat a donc adopté une résolution pour appeler le gouvernement à davantage de fermeté sur les termes de cet accord.
Les pays de l’Union européenne et de la CELAC (Etats d’Amérique latine et des Caraïbes) se réunissent ces 17 et 18 juillet, à Bruxelles, pour renforcer la coopération entre les deux continents. En parallèle, ce premier sommet depuis 2015 pourrait être l’occasion de relancer l’accord de libre-échange avec le Mercosur.