Emmanuel Macron s’apprête à accueillir mercredi à Paris le président syrien Ahmed al-Charaa. Il s’agit de sa première visite dans un pays occidental depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre. Un déplacement aussi inédit que sensible, alors que des doutes persistent sur la coalition islamiste au pouvoir à Damas. Entretien avec Hala Kodmani, journaliste à Libération et spécialiste de la Syrie.
De nombreux Syriens fêtent encore le renversement de l’ancien dictateur, depuis le 8 décembre dernier, mais d’autres s’inquiètent aussi des signes annonciateurs du programme des islamistes radicaux arrivés au pouvoir. Pour le spécialiste de l’islam et du monde arabe, le principal défi du nouveau régime sera « dans quelle mesure la Syrie pourra réintégrer l’ordre international ». Interview.
Parfois décrite comme la « république du Captagon », la Syrie de Bachar al-Assad a longtemps été la plaque tournante du trafic de cette drogue de synthèse au Proche et Moyen-Orient. Avec la chute de la dictature, c’est tout un système narcotique régional qui se trouve également déstabilisé. Décryptage avec David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS) et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques (L’Harmattan).
Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Le régime de Bachar al-Assad est tombé en Syrie après l’offensive victorieuse, ce week-end, des rebelles islamistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Le groupe compte dans ses rangs de nombreux djihadistes, dont quelques Français. Faut-il craindre un retour de certains d’entre eux ? Pour le spécialiste Thomas Pierret, cela n’est pas évident. En revanche, selon lui, une résurgence de Daech dans le pays est à craindre.
Après 24 ans de pouvoir, Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive éclair du groupe islamiste Hayat Tahir Al-Sham. Une large partie du pays est désormais aux mains d’une coalition de rebelles, aux soutiens et intérêts divergents. De la Turquie à l’Iran, en passant par Israël, tour d’horizon des enjeux de la chute du régime Assad, qui bouleverse les équilibres régionaux.
Lors d’un hommage à Robert Badinter organisé au Sénat par l’Institut François Mitterrand et le groupe socialiste de la Haute assemblée, François Hollande est revenu sur l’un des regrets de son quinquennat : ne pas avoir utilisé la force contre Bachar al-Assad en 2013.