L’Assemblée nationale vient de publier le détail de la réserve parlementaire 2013, d’un montant total de 90 millions d’euros, soit 130.000 euros en moyenne par député. C’était une promesse de son président, le socialiste Claude Bartolone. La réserve parlementaire est une somme allouée aux députés et sénateurs chaque année. Elle permet de financer des projets locaux d’intérêt général, comme la rénovation d’une école, des travaux de voirie, ou encore de financer des associations. Chaque parlementaire distribue son enveloppe comme bon lui semble. Une opacité qui est source de clientélisme. Mais si le secret a longtemps marqué la réserve, la transparence s’y applique de plus en plus. Des parlementaires ont décidé de publier l’utilisation qu’ils en font, tout comme le groupe écologiste du Sénat.
Concernant les sénateurs, ces informations sur la réserve seront publiées « en avril-mai prochain », explique la présidence de la Haute assemblée à publicsenat.fr.
Le détail de la réserve 2011 avait pu être publié en juillet dernier, suite à une demande d’un professeur de mathématique. Il en sortait quelques financements parfois étonnant chez les sénateurs. Le ministère de l’Intérieur avait ensuite rendu public en août le détail pour l’année 2012.
Morin, ami des bêtes
A regarder de près la réserve 2013 des députés, il en ressort encore quelques surprises. Ainsi, l’ex-ministre et député UMP Laurent Wauquiez, a financé pour 1.000 euros l’association Raucoulestuning qui s’adonne aux rassemblements de tuning pour camion. Le député UDI et président du Nouveau centre, Hervé Morin, est visiblement l’ami des bêtes. Il a donné 1.000 euros à « Chats sans toit ». L’association « Sauvegarde Animalière Risle Seine » a elle eu la joie de recevoir 5.000 euros de l’ancien ministre de la Défense.
Les habitudes locales jouent visiblement dans la distribution de la réserve. Ainsi, le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a contribué au financement de six clubs de pétanques. Le député UMP Jacques Myard semble lui moins adepte des boules et préfère taquiner le goujon : « L’Epuisette du Vésinet », dont le site Internet vaut le détour, a reçu 1.000 euros.
200.000 euros pour le Pré-Saint-Gervais de la part de Bartolone
Plus sérieusement, de nombreux députés donnent tout simplement à leur commune. La députée UMP Valérie Boyer a donné en tout 52.000 euros pour Marseille, ville dont elle est adjointe au maire Jean-Claude Gaudin. Il s’agit de projets de rénovation de cours de récréation ou de création de vestiaire. L’Association diocésaine de Marseille a reçu 3.000 euros. Qu’on se rassure, la pétanque n’est pas en reste. « La Boule de Beaumont » a eu 5.000 euros. On est à Marseille quand même.
Patrick Ollier, député UMP et ancien ministre des Relations avec le Parlement, n’a pas non plus oublié la ville dont il est maire, avec 50.000 euros pour Rueil-Malmaison. Claude Bartolone s’est montré lui pour le moins généreux avec le Pré-Saint-Gervais, ville dont il a été maire. La commune a reçu 200.000 euros du président PS de l’Assemblée, qui reçoit à ce titre une réserve plus importante, avec 520.000 euros.
Gilbert Collard finance l’association d’un proche
Le député PS des Français établis hors de France, Pouria Amirshahi, a dû se rappeler ses jeunes années, en donnant 10.000 euros à l’Unef. Le député est un ancien président du syndicat étudiant. Son collègue Pascal Cherki s’est montré encore plus généreux avec l’Unef. Le député PS de Paris, ancien permanent du syndicat, l’a financé à hauteur de 70.000 euros pour les Etat généraux de la jeunesse.
Que les étudiants de droite ne soient pas jaloux, le président de l’UMP, le député-maire de Meaux Jean-François Copé, a subventionné l’Uni pour 60.000 euros.
Le député du Rassemblement bleu marine (app. FN) Gilbert Collard a financé l’Association nationale des victimes de l'insécurité pour 40.000 euros. Selon Le Midi Libre, l’association est présidée par un proche de l’avocat. Il s’agit de l’ancien mandataire financier de la campagne de Gilbert Collard et du candidat pour les municipales 2014 à Vauvert, sous la bannière Rassemblement bleu Marine, explique le quotidien régional.
Balkany donne 110.000 euros pour le Levallois Sporting Club
Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret, visé par deux informations judiciaire, l’une pour « blanchiment de fraude fiscale » et l’autre pour « détournement de fonds publics », aime visiblement sa commune. Il n’a donné qu’une seule fois en 2013, avec 110.000 euros pour le Levallois Sporting Club.
Terminons ce tour d’horizon non-exhaustif avec Eric Woerth. Le député UMP de l’Oise a donné 10.000 euros pour le jumping de Chantilly, ville qu’il dirige. Il est vrai qu’on connaît son attrait pour le milieu hippique depuis l’affaire de l’hippodrome de Compiègne.
