Programme: les « chantiers » d’Emmanuel Macron

Programme: les « chantiers » d’Emmanuel Macron

Après s’être fait longtemps attendre, le programme d’Emmanuel Macron est connu, réfutant être le candidat de la continuité, Emmanuel Macron s’est présenté comme celui des « classes moyennes et populaires.
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On ne pourra désormais plus l’accuser de ne pas en avoir… de programme. Devant des centaines de journalistes, au Pavillon Gabriel à Paris, Emmanuel Macron a développé les principaux axes de son « contrat avec la Nation ». Développés depuis des mois, les chantiers qu’il compte mettre en œuvre « pour bâtir une France nouvelle » sont formalisés, compactés, synthétisés dans un petit fascicule d’une trentaine de pages. Celui qui, il n’y a pas si longtemps, fustigeait la longueur des programmes de ses concurrents, prévient qu’ « une version longue » de son projet (150 pages) est disponible sur le site internet d’ « En Marche ! ».

6 chantiers à mettre en Marche

Pas de réformes, « car le pays est indéformable », mais « une transformation radicale » prévient Emmanuel Macron. S'il est élu, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée a promis de s'engager sur six chantiers: réforme de l'école, « société du travail », modernisation de l'économie, sécurité, stratégie internationale et moralisation de la vie publique. Le projet reprend ses propositions déjà annoncées au fil des mois depuis son « diagnostic de la France qui subit ». Par exemple, son engagement en tant que Président de  « rendre compte des avancées de [son] mandat devant le Parlement réuni en Congrès » chaque année était annoncé à Strasbourg, le 5 octobre dernier, tout comme l’interdiction pour tous les détenteurs d’un casier judicaire de se présenter à une élection. En ce qui concerne la dose de proportionnelle au Parlement, le candidat d’En Marche a tenu à tempérer, affirmant qu’une telle réforme était à l’étude mais pourrait intervenir en fin de mandat.

L’assurance-chômage,  fin des régimes spéciaux de retraites, formation continue, du droit du travail, transition écologique, sécurité, priorité à l’école primaire, exonération de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, plusieurs propositions ont été rappelées, ce jeudi  (Voir notre article). Des chantiers « en profondeur » qui seraient lancés « dans les premiers mois » du quinquennat avec des projets législatifs « confiés au Premier ministre », a-t-il précisé. En ce qui concerne, les mesures nouvelles, on notera celle de créer un « fonds pour l'industrie et l'innovation » de 10 milliards d’euros, tirés des dividendes des diverses participations de l'Etat dans les entreprises publiques (Airbus, EDF, Renault, SNCF, Air France, Thales, Safran etc.).

Présenté par ses adversaires comme un « hologramme » de François Hollande, Emmanuel Macron a d’abord estimé qu’il ne lui appartenait pas de définir le « hollandisme ». « Puisque je crois que son principal auteur s’est toujours refusé à le définir lui-même ». Sur son bilan au côté du chef de l’Etat, l’ancien ministre de l’Economie, a une nouvelle fois, assumé. .« Je prends toutes mes responsabilités quand j’ai été ministre de la République ». Pas question, toutefois de se présenter comme le candidat de la continuité du quinquennat. « J’ai eu des désaccords stratégiques avec le président de la République » (…) « Si j’étais dans un projet de continuité, je n’aurais pas pris tous ces risques, ni décidé d’endosser tous ces ennuis. »

« Je suis le candidat des classes populaires »

Son passage à la banque Rothschild est-il un handicap pour briguer l’Elysée ? Brocardé régulièrement par le Front national comme étant le candidat des « élites mondialisées », le président d’En Marche a rappelé sa fierté d’avoir passé quatre années dans une banque d’affaire. « J’ai le droit de demander de ne pas être assigné à résidence. Moi, je ne suis pas née dans l’oligarchie financière ou la banque d’affaires. J’ai fait quatre années de ma vie professionnelle, dont je suis très fier, dans ce secteur d’activité économique. Ça m’a beaucoup appris, ça m’évite, contrairement à d’autres, de dire beaucoup de bêtises sur la vie économique, l’ordre du monde et la grammaire des affaires de mon pays » a-t-il martelé, après avoir, à son tour, user d’un oxymore pour affirmer qu’il était « le candidat des classes moyennes et populaires » par ses propositions, sur l’école, sur la mobilité économique et sociale ou encore sur l’amélioration du pouvoir d’achat (voir la vidéo).

Avec quelle majorité pourrait gouverner Emmanuel Macron ?

A cette question, le candidat d’En Marche a estimé que « personne (parmi les candidats à l’élection présidentielle) ne peut prétendre, de manière claire, avoir une majorité parlementaire sur les bases de son seul parti » Alors que les défections  s’enchaînent à la pelle dans le camp de François Fillon depuis l’annonce de sa probable mise en examen, la question de futurs ralliements au camp d’En Marche se pose. Le député et secrétaire général d’En Marche, Richard Ferrand a invité « toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent progressistes à venir constituer « la plus large majorité possible ». « Nous accueillons celles et ceux qui nous rejoignent à bras ouverts en précisant que soutenir (…) ne vaut pas investiture (aux législatives) » a-t-il ajouté. Fidèle parmi les fidèles, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb ajoute : « il faut s’ouvrir, rassembler le pays pour pouvoir réformer la France ».

Richard Ferrand: "nous voulons la plus large majorité possible"
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Gérard Collomb: "il faut s'ouvrir rassembler le pays pour pouvoir réformer la France"
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Images et interviews Héloise Grégoire et Mounir Soussi

Emmanuel Macron a annoncé que d’autres propositions seraient ajoutées à son projet dans les semaines qui précèdent le premier tour. Assumant « le temps long de la démocratie, le candidat à l’élection présidentielle a reconnu que certaines de ses réformes prendrait 10 ans à s’accomplir, comme, notamment, la suppression des régimes spéciaux de retraites.

 

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