Pouvoirs exceptionnels, pass sanitaire : que contient le projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence sanitaire ?
Le gouvernement s’apprête à présenter le projet de loi « relatif à la gestion de la sortie de crise sanitaire ». Il prévoit la sortie au 2 juin de l’état d’urgence sanitaire, mais une grande partie des pouvoirs exceptionnels reste mobilisable jusqu’au 31 octobre.

Pouvoirs exceptionnels, pass sanitaire : que contient le projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence sanitaire ?

Le gouvernement s’apprête à présenter le projet de loi « relatif à la gestion de la sortie de crise sanitaire ». Il prévoit la sortie au 2 juin de l’état d’urgence sanitaire, mais une grande partie des pouvoirs exceptionnels reste mobilisable jusqu’au 31 octobre.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Ce n’est pas un état d’urgence sanitaire mais cela y ressemble fortement. Les dispositions du projet de loi « relatif à la gestion de la sortie de crise sanitaire », qui sera présenté le 28 avril en Conseil des ministres, ne prévoient pas de reconduction de l’état d’urgence sanitaire, qui était en vigueur depuis le 17 octobre, et qui doit s'achever le 1er juin. Le gouvernement va plutôt soumettre à la délibération du Parlement un régime transitoire, qui prendra le relais du 2 juin jusqu’au 31 octobre, selon une copie texte publié par Contexte, mais aussi révélé par France Inter. L’état d’urgence sanitaire est un cadre dans lequel le gouvernement peut instaurer un confinement national ou des couvre-feux (l’interdiction de sortir de son domicile). L’Assemblée nationale examinera le texte le 10 mai, le Sénat le 18.

Le régime de sortie de l’état d’urgence proposé laisserait encore bien des marges de manœuvre au gouvernement, au cas où. Le texte s’appuie sur une partie importante du contenu de la précédente loi de sortie de l’état d’urgence, du 9 juillet 2020. Pour lutter contre la propagation du covid-19, l’article 1 du projet de loi donne toujours la possibilité au gouvernement de réglementer, restreindre ou interdire la circulation des personnes et des véhicules, là où est « constatée une circulation active du virus ». Il peut aussi prendre un décret pour réglementer l’ouverture de certains établissements recevant du public ou en décider la fermeture. Les rassemblements et activités sur la voie publique peuvent aussi faire l’objet de restrictions.

Possibilité de réactiver l’état d’urgence entre le 2 juin et le 31 août

S’agissant des entrées et des sorties du territoire national – métropole et territoires d’outre-mer – le gouvernement pourra imposer aux voyageurs la présentation d’un résultat de test négatif, la preuve d’un vaccin ou d’une contamination passée au coronavirus. Le gouvernement veut donc poser la base législative d’un pass sanitaire pour l’été. En matière de quarantaine, l’article 2 va un peu plus loin que ce qui était permis il y a un an. « Les mesures de mise en quarantaine, de placement et de maintien en isolement, peuvent se dérouler, au choix des personnes qui en font l’objet, à leur domicile ou dans les lieux d’hébergement adapté », selon la loi du 9 juillet 2020. Cette fois, le préfet pourrait « s’opposer au choix du lieu retenu par l’intéressé, s’il apparaît que ce lieu ne répond pas aux exigences adaptées à son placement en quarantaine ou en isolement ».

Nouveauté importante dans ce projet de loi, le gouvernement veut se donner la possibilité de réactiver l’état d’urgence entre le 2 juin et le 31 août « pour répondre à des dégradations localisées de la situation sanitaire » dans « une ou plusieurs circonscriptions territoriales déterminées ». Actuellement, une prorogation de l’état d’urgence pour une durée supérieure à un mois devait passer le Parlement. L’article 3 du projet de loi propose de porter ce délai à deux mois, si les territoires en question représentent moins de 10 % de la population nationale.

L’article 8 prévoit une série d’habilitations à légiférer par ordonnances, notamment en ce qui concerne l’activité partielle et l’activité réduite. D’autres mesures dans la sphère sociale vont être modifiées. L’état d’urgence sanitaire avait permis aux employeurs d’imposer une prise de congés dans la limite de six jours. Le projet veut porter cette possibilité à huit jours.

Bureaux de vote en extérieur

Comme l’avait annoncé Jean Castex au Parlement, le texte insère des modifications au Code électoral pour adapter la campagne et le vote aux élections régionales et départementales, au contexte de crise sanitaire. Le neuvième et dernier article du projet de loi précise les conditions dans lesquelles les candidats devront remettre au préfet un exemplaire de propagande électronique, pour les besoins d’un site officiel de campagne national. L’article veut fixer aussi dans la loi l’obligation pour l’audiovisuel public d’organiser un débat entre les candidats tête de liste la semaine précédent chaque tour.

Enfin, l’article 9 prévoit la possibilité de tenir des bureaux de vote en extérieur, si la météo le permet. « Les opérations de vote peuvent se dérouler soit dans une salle, soit dans le périmètre, délimité et sécurisé d’une emprise d’un bâtiment administratif, à condition que le bon déroulement de celles-ci puisse être assuré quelles que soient les conditions météorologiques, que le président du bureau de vote soit en mesure d’assurer la police de l’assemblée, et que soit garantie la sincérité du scrutin », précise le projet de loi.

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

Pouvoirs exceptionnels, pass sanitaire : que contient le projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence sanitaire ?
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

Pouvoirs exceptionnels, pass sanitaire : que contient le projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence sanitaire ?
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le