Le budget 2025 sera soumis au vote des députés le 3 février, en cas d’accord en commission mixte paritaire

Budget : la surtaxe sur les grandes entreprises limitée à un an au lieu de deux

Dans le cadre de la commission mixte paritaire sur le budget 2025, les députés et sénateurs de la majorité gouvernementale se sont entendus pour limiter à une seule année cette sur taxe de l’impôt sur les sociétés, censée rapporter 8 milliards d’euros. Elle est fortement critiquée par Bernard Arnault, le PDG de LVMH, et par les chefs d’entreprise.
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les sept députés et sept sénateurs sont réunis depuis jeudi matin en commission mixte paritaire (CMP), pour tenter de trouver un accord sur le projet de loi de finances 2025. D’après les premiers échos, c’est bien parti. Selon plusieurs sources, au sein du socle commun, « il y a un accord sur l’essentiel », sauf sur l’Aide médicale d’Etat (lire notre article pour plus de détails). Par vraiment une surprise : la majorité gouvernementale, qui réunit les macronistes et les LR, est majoritaire dans cette CMP, avec 8 sièges sur 14.

Une taxe issue du budget Barnier

S’il faut attendre la fin du conclave, attendue demain, pour connaître l’ensemble des détails, on sait déjà qu’un accord est intervenu sur l’article 3. C’est celui qui porte la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises. L’idée vient de la première mouture du budget, version Barnier. La majorité sénatoriale l’avait alors adoptée, fin novembre. Cette surtaxe sur l’impôt sur les sociétés devait, dans sa version originale, être appliquée deux ans de suite et rapporter 8 milliards d’euros la première année, puis 4 milliards d’euros la seconde. Elle visait d’une les entreprises réalisant un chiffre d’affaires compris entre un et trois milliards d’euros, avec un taux supérieur pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à trois milliards d’euros. 450 entreprises sont concernées.

Si le principe de la mesure est conservé par le gouvernement Bayrou, ce dernier a décidé de la limiter à une année, au lieu de deux. Selon plusieurs participants, c’est cette version qui a été retenue en CMP, jeudi matin, dans le cadre de l’accord qui se profile, après discussions entre les rapporteurs du Sénat et de l’Assemblée, Jean-François Husson (LR) et David Amiel (Renaissance).

Moyenne des bénéfices de 2024 et 2025

Le rendement attendu est toujours de 8 milliards d’euros. La formule choisie revient à calculer le montant de la surtaxe sur la moyenne des bénéfices de 2024 et de 2025, afin de lisser l’assiette. Une manière de contourner le principe de non-rétroactivité fiscale, qui empêcher de viser des résultats de l’année dernière. Le mécanisme prévoit aussi de payer cette contribution via le versement d’un acompte, en fin d’année 2025.

Cette version de la taxe conviendra-t-elle aux socialistes, qui mettent dans la balance leur non-censure ? Dans la lettre qu’il a envoyée au PS, François Bayrou s’engageait simplement sur « la surtaxe provisoire sur l’imposition des grandes sociétés pour un montant attendu de 8 milliards d’euros », sans préciser de durée pour appliquer la contribution… L’un des parlementaires de gauche, présent à la CMP, craint « un rendement facilement contournable », malgré le lissage de l’assiette sur deux ans.

Bernard Arnault agite la menace de « la délocalisation »

Cette taxe exceptionnelle a suscité ces derniers jours l’ire de Bernard Arnault. Le PDG de LVMH, d’habitude plus discret et n’intervenant pas dans le débat public, n’a pas caché tout le mal qu’il pensait de la mesure. « Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40 % les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal ! », a lancé le milliardaire français mardi, lors de la présentation des résultats de son groupe. Sa sortie n’a visiblement pas totalement eu la peau de contribution exceptionnelle.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Budget : la surtaxe sur les grandes entreprises limitée à un an au lieu de deux
4min

Économie

En 2026, le coût des intérêts de la dette pourrait dépasser le budget de l’Éducation nationale, avertit Pierre Moscovici

Auditionné au Sénat sur les perspectives budgétaires et financières du pays, le premier président de la Cour des comptes a une fois encore mis en garde contre l’emballement de la dette et de son coût annuel pour les dépenses publiques. Selon lui, la charge de la dette, autrement dit le paiement des intérêts, pourrait devenir le premier budget de l’État, devant celui de l’éducation.

Le

Un coût annuel de 211 milliards d’euros : la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux entreprises réclame un « choc de transparence »
11min

Économie

Un coût annuel de 211 milliards d’euros : la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux entreprises réclame un « choc de transparence »

À l’issue de six mois de travaux, la commission d’enquête sénatoriale sur l'utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants a rendu son rapport. Après deux décennies de progression de ces dépenses, les sénateurs appellent à une forme de reprise en main des dispositifs, en particulier au travers d’une meilleure évaluation et la fixation de nouvelles contreparties dans leur octroi.

Le