« Il faut tout faire pour faire échec à la Russie, si l’Ukraine tombe, la ligne de front se déplacerait vers l’ouest », estime Jean-Noël Barrot

Invité de Public Sénat, le ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, est revenu sur les déclarations récentes du président de la République sur le soutien à l’Ukraine, tout en affirmant la détermination du gouvernement dans son opposition à la Russie.
Henri Clavier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« La France n’est pas en guerre contre la Russie », rassure Jean-Noël Barrot après les propos d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. Si l’Elysée rappelle qu’il ne s’agissait que d’une piste de réflexion pour adapter le soutien apporté à l’Ukraine, les adversaires politiques d’Emmanuel Macron craignent que ces propos ne précipitent la France dans la guerre ou en fasse une cible privilégiée pour la Russie. Sérieuse ou non, la proposition d’Emmanuel Macron a fait réagir en Russie, puisque Vladimir Poutine a fait allusion à la possibilité pour la Russie de frapper le territoire des membres de l’Otan, notamment avec l’arme nucléaire.

 

La France souhaite « un appel au sursaut et au courage face à un régime autoritaire »

 

En déplacement à Prague le 5 mars, Emmanuel Macron a martelé sa détermination et appelé les pays occidentaux à ne pas être lâches. Pour Jean-Noël Barrot, le président de la République cherchait avant tout à créer « un appel au sursaut et au courage face à un régime autoritaire ». Alors que l’armée ukrainienne semble de plus en plus en difficulté, le gouvernement français cherche à renforcer la cohésion du camp occidental et réaffirmer son soutien à l’Ukraine. Un accord de sécurité bilatéral a d’ailleurs été conclu en ce sens avec l’Ukraine le 16 février. Emmanuel Macron cherche également à asseoir son concept d’autonomie stratégique de l’Union européenne, alors que le soutien américain à l’Ukraine pourrait être remis en question par l’élection de Donald Trump.

Par ailleurs, Jean-Noël Barrot défend une position plus offensive et affirme qu’il ne faut « rien exclure » rappelant les nombreuses transgressions de la Russie de Vladimir Poutine. « Ça fait 10 ans que Poutine s’en est pris aux frontières de ses voisins, ça fait deux ans qu’il fait pleuvoir le fer et le feu sur le peuple ukrainien, ça fait quelques mois que les agressions s’intensifient à l’extérieur de l’Ukraine, dans les pays européens », explique le ministre délégué chargé de l’Europe qui fait référence aux nombreuses ingérences russes. Le ministre présente avant tout le soutien à l’Ukraine comme une action défensive, permettant de se prémunir d’une avancée de la Russie. « Il faut tout faire pour faire échec à la Russie, si l’Ukraine tombe, la ligne de front se déplacerait vers l’ouest », assure Jean-Noël Barrot. « C’est Vladimir Poutine qui parle de l’arme nucléaire, il se permet l’escalade et tous les propos, nous nous affirmons notre détermination », ajoute le ministre.

 

Un débat au Parlement pour clarifier la nature de l’aide apportée à l’Ukraine

 

Afin de clarifier la nature de l’engagement français aux côtés de l’Ukraine, et alors que le ministère des armées a récemment publié les chiffres du soutien militaire apporté à l’Ukraine, le sujet doit faire l’objet d’un débat au Parlement. Le 12 mars à l’Assemblée nationale puis le 13 mars au Sénat. Après deux ans de guerre, « il ne faut pas exclure de pouvoir continuer à aider l’Ukraine de manière différente que ce que nous avons fait jusqu’à présent », explique Jean-Noël Barrot. L’occasion, aussi, pour le gouvernement de tracer une ligne entre les parlementaires favorables au soutien à l’Ukraine et ceux plus réservés. Un débat décisif, au moment où la Russie « s’en prend aux pays de l’Europe à travers de vastes campagnes de fausses nouvelles pour déstabiliser notre opinion publique », souligne le ministre. Des manœuvres facilitées par la complaisance de certaines formations politiques françaises affirme Jean-Noël Barrot. « Je crois que le RN a démontré qu’il était un vassal, qu’il était fasciné par la figure de Vladimir Poutine », tacle le ministre délégué chargé de l’Europe.

Dans la même thématique

Viande de bœuf, poulet, fromage, automobiles…. Quels sont les produits concernés par l’accord UE-Mercosur
7min

International

Viande de bœuf, poulet, fromage, automobiles…. Quels sont les produits concernés par l’accord UE-Mercosur ?

Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.

Le

Un réfugié syrien en France célèbre la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
6min

International

Syrie : Plusieurs pays européens suspendent les demandes d’asile des réfugiés, la France « suit attentivement la situation »

Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Djihadistes : « Beaucoup d’entre eux préféreront rester en Syrie que rentrer en France »

Le régime de Bachar al-Assad est tombé en Syrie après l’offensive victorieuse, ce week-end, des rebelles islamistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Le groupe compte dans ses rangs de nombreux djihadistes, dont quelques Français. Faut-il craindre un retour de certains d’entre eux ? Pour le spécialiste Thomas Pierret, cela n’est pas évident. En revanche, selon lui, une résurgence de Daech dans le pays est à craindre.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Syrie : de la Turquie à l’Iran, les équilibres bouleversés au Moyen-Orient après la chute du régime Assad

Après 24 ans de pouvoir, Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive éclair du groupe islamiste Hayat Tahir Al-Sham. Une large partie du pays est désormais aux mains d’une coalition de rebelles, aux soutiens et intérêts divergents. De la Turquie à l’Iran, en passant par Israël, tour d’horizon des enjeux de la chute du régime Assad, qui bouleverse les équilibres régionaux.

Le

La sélection de la rédaction

Russia Putin North Caucasian Federal District
4min

International

Ingérence russe : « Pour Poutine, le plus important est de diviser le camp occidental », affirme l’ancien chef du renseignement militaire français

Alors que la commission d’enquête sénatoriale sur la réponse à apporter aux influences étrangères a débuté ses travaux à la fin du mois de février, la Russie a récemment divulgué une conversation confidentielle entre membres de l'État-major allemand. A l'approche des élections européennes de juin 2024, les opérations d'influence russes s'intensifient.

Le

« Il faut tout faire pour faire échec à la Russie, si l’Ukraine tombe, la ligne de front se déplacerait vers l’ouest », estime Jean-Noël Barrot
2min

Politique

L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne : une « fausse promesse » pour François-Xavier Bellamy

Depuis l’agression russe en Ukraine, l’élargissement de l’Union des 27 est au cœur des débats. En 2022, le pays a d’ailleurs obtenu le statut de candidat à l’adhésion à l’Union Européenne. Interrogé dans l’émission Ici l’Europe, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy alerte sur ce qu’il considère comme un risque de déstabilisation notamment pour l’agriculture européenne.

Le