HENIN BEAUMONT : Marine le Pen
French far-right Rassemblement National (RN) party leader Marine Le Pen, flanked by Steeve Briois, mayor of Henin Beaumont, meets local residents during a campaign visit at a market in Henin-Beamont, North of France on June 14, 2024, ahead of France's upcoming June 30 and July 7's snap elections for a new national parliament. France's Marine Le Pen on June 14, 2024 said her far-right party could win upcoming snap parliamentary elections and form a "national unity government" if it did.//GREUEZFRANCOIS_1306.12984/Credit:FRANCOIS GREUEZ/SIPA/2406141516

Pouvoir d’achat, sécurité, immigration : le programme du Rassemblement national pour les élections législatives

Sur un tract qui tient en une page, Jordan Bardella liste les huit propositions phares du Rassemblement national pour ces élections législatives. Si elle ne mentionne aucune alliance explicite avec une fraction de la droite rangée derrière Éric Ciotti, la profession de foi promet « un gouvernement d’union nationale ».
Rose-Amélie Bécel

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« Défendre votre pouvoir d’achat, votre sécurité et votre identité. » Dans cette campagne éclair pour les élections législatives, le Rassemblement national mise sur les thématiques phares qu’il investit déjà scrutin après scrutin. Dans la profession de foi publiée sur le site internet du parti, un court texte signé Jordan Bardella – candidat au poste de Premier ministre, en cas de majorité absolue pour le RN à l’Assemblée nationale – jouxte les huit propositions phares du parti.

Le passage de 20 % à 5,5 % de la TVA sur les prix de l’énergie

La question du pouvoir d’achat figure en tête des mesures du RN, qui propose de « baisser les factures d’électricité » et de « réduire la TVA sur le gaz, le fioul et les carburants ». Alors que les prix du gaz doivent augmenter de 10 % en moyenne au 1er juillet, Jordan Bardella promet ainsi d’annuler cette hausse et de réduire la TVA de 20 % à 5,5 % sur l’énergie, y compris l’électricité.

La promesse, déjà inscrite dans le programme présidentiel de Marine Le Pen en 2022, avait à l’époque été étudiée par l’Institut Montaigne : d’un point de vue environnemental, elle « ferait porter un fort risque sur le respect des engagements climat de la France », d’un point de vue économique, elle entrainerait une baisse de 10 milliards d’euros de recettes pour l’État.

La proposition inquiète donc les milieux économiques, que le ministre Bruno Le Maire a appelé à « se mouiller contre le RN ». Sans mentionner explicitement un parti, mais en visant le RN et l’union de la gauche, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a ainsi publié un communiqué de mise en garde : « Quiconque engagerait des réformes coûteuses sans prendre en compte » l’état des finances publiques « exposerait la France à un risque majeur ».

Sur la réforme des retraites, le RN temporise pour rassurer les milieux financiers

Face au niveau historique atteint par le déficit public, le programme du Rassemblement national abandonne ainsi – au moins temporairement – sa proposition d’abrogation de la réforme des retraites. Au lendemain de l’annonce de la dissolution, le député RN Thomas Ménagé affirmait encore vouloir « revenir sur cette réforme injuste » sur le plateau de BFM.

« Nous verrons », a finalement temporisé Jordan Bardella le lendemain au 20 heures de France 2, annonçant qu’une proposition sera faite « dans un second temps ». « La situation économique dont nous allons hériter dans un pays qui pulvérise sous Macron les records de déficits commerciaux, de déficit public et de dette, va être compliquée. Par conséquent, nous serons, dans le cadre d’une cohabitation, amenés à faire des choix », a-t-il affirmé.

Cafouillages sur l’immigration

Pour faire des économies budgétaires, le Rassemblement national mise dans son programme sur la réduction du « coût de l’immigration » et la lutte contre « les grandes fraudes sociales et fiscales ». En matière d’immigration, la profession de foi de Jordan Bardella mentionne aussi sa volonté de « réduire drastiquement l’immigration légale et illégale » et « d’expulser les délinquants étrangers ». Sur ce sujet, l’une des mesures phare de Marine Le Pen en 2022, l’inscription via un référendum de la « maîtrise de l’immigration » et de la « priorité nationale » dans la Constitution, est pour le moment mise de côté.

Sans préciser davantage son programme sur les questions migratoires, le RN prend le risque de laisser ses candidats se prendre les pieds dans le tapis. Invité de l’émission Touche pas à mon poste ce 13 juin, le vice-président du parti Sébastien Chenu a ainsi défendu la suppression de la double nationalité extra-européenne, une mesure qui ne figure pourtant plus dans le programme du parti depuis 2022. « En dehors des pays européens, quand on a une nationalité, on n’en a qu’une parce que ça dit beaucoup de ce que vous êtes », a-t-il estimé. Quelques heures plus tard, il rétropédalait sur Twitter, affirmant finalement que Marine Le Pen avait renoncé à cette proposition.

Parmi les autres sujets évoqués dans le tract de campagne figure la question agricole, sur laquelle le RN affirme vouloir « développer les circuits courts et lutter contre la concurrence déloyale », ou encore la santé avec la promesse de « réduire les déserts médicaux, soutenir l’hôpital public et sécuriser l’approvisionnement en médicaments ». Le parti entend également privatiser l’audiovisuel public, comme l’a rappelé le député Sébastien Chenu sur BFM, dès le lendemain de l’annonce de la dissolution.

Un « gouvernement d’union nationale », sans mention des candidats Les Républicains

« Élisez une majorité de députés RN à l’Assemblée nationale », martèle le tract de Jordan Bardella. Aucune mention, donc, à l’accord électoral négocié avec le président des Républicains Éric Ciotti, qui conteste aujourd’hui en justice son exclusion du parti. Invité sur le plateau de BFM, Jordan Bardella confirme pourtant ce 14 juin une alliance avec le parti dans plusieurs dizaines de localités : « Dans 70 circonscriptions de France, il y aura un candidat commun RN-LR ».

Sans référence explicite aux Républicains sur son tract, le Rassemblement national inscrit tout de même noir sur blanc son souhait de former « un gouvernement d’union nationale ». Une volonté réitérée par Marine Le Pen ce 14 juin, lors d’un déplacement dans son fief d’Hénin-Beaumont : « Nous rassemblerons tous les Français qui sont conscients de la situation catastrophique de notre pays. »

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