Malgré l’annonce d’un accord de cessez-le-feu négocié entre l’Ukraine et Washington, et qui doit désormais être soumis à l’agresseur russe, le sénateur LR Cédric Perrin, président de la commission de la défense et des affaires étrangères, veut rester prudent sur le rôle des Etats-Unis, qui n’ont cessé de multiplier les déclarations fracassantes ces dernières semaines à travers la voix de leur président.
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a promis que la hausse des dépenses militaires se ferait sans augmentation d’impôts. « On ne peut pas demander aux Français de payer des chars avec leurs services publics et leurs retraites », dénonce la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui demande une contribution des plus riches à l’effort de guerre.
Face à la hausse annoncée du budget de la défense, le rapporteur général (LR) de la commission des finances du Sénat a demandé au gouvernement si un budget rectificatif serait déposé d’ici cet été. Le ministre de l’Économie n’a pas donné d’élément sur le sujet. Il a simplement indiqué que l’effort budgétaire devrait être « accru » pour financer ces nouvelles dépenses.
Entre la Russie et l’Ukraine, un cessez-le-feu n’a jamais semblé aussi proche. Après la réunion à Djeddah entre représentants américains et ukrainiens une proposition de cessez-le-feu de 30 jours a été adressée à la Russie qui n’a pas encore répondu. Alors que la diplomatie russe demande davantage de détails, retour sur les enjeux et les écueils de la conclusion d’une trêve.
« Les Européens ont volontairement créé cette dépendance en achetant américain, car ils voulaient s’assurer de la protection américaine », explique la sénatrice PS Hélène Conway-Mouret. Une situation symbolisée par l’avion F35, acheté par de nombreux pays d’Europe. « S’il n’est pas régulièrement mis à jour », explique Léo Péria Peigné de l’Ifri, « alors il peut perdre rapidement en performance, voire même perdre en capacité ».
La défense et les affaires étrangères sont, traditionnellement, le « domaine réservé » du Président de la République. Avec une Assemblée nationale très morcelée, ce qui rend difficile l’adoption de textes, et de vives tensions entre l’Europe et les Etats-Unis sur la guerre en Ukraine, comment les parlementaires peuvent-ils peser dans les décisions ?
En raillant les forces françaises et anglaises, armées de « pays quelconques », le vice-président américain J.D. Vance a suscité les critiques. Mais au-delà de la polémique, l’armée française, constituée en temps de paix, reste limitée, malgré des efforts récents. « On a l’éventail des armées nécessaires, mais on n’a pas l’épaisseur et la profondeur », pointe le sénateur LR Christian Cambon.
En annonçant un plan à hauteur de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe, les Etats membres de l’Union européenne souhaitent renforcer les capacités de défense européenne. Pour cela, le plan, encore imprécis, devra répondre aux lacunes de l’industrie de défense européenne et faire converger les intérêts des Etats membres de l’UE.
Invité de la matinale de Public Sénat, Nicolas Tenzer, spécialiste des questions géostratégiques, enseignant à Sciences Po revient sur la nécessité pour les Européens de renforcer leur défense commune alors même que la Russie pourrait cibler d’autres pays européens dans les années à venir.
Alors que le président américain fait pression sur l’Ukraine pour négocier rapidement un cessez-le-feu avec la Russie, la perspective d’un accord de paix semble encore lointaine, estime le général Dominique Trinquand.
Les dirigeants européens ont donné leur feu vert pour muscler la défense de l’UE, face à la menace russe et au désengagement américain. Ces investissements massifs devront être financés sans hausse d’impôts en France. Un point qui divise le sénateur LR Christian Cambon et la députée écologiste Léa Balage El Mariky, sur le plateau de Parlement Hebdo.
Emmanuel Macron a estimé qu’il était nécessaire d’aller vers de « nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires » pour la défense. Le gouvernement pourrait activer plusieurs leviers, mêlant fonds publics et capitaux privés.