France European Commission President
European Commission President Ursula von der Leyen addresses the plenary at the European Parliament in Strasbourg, eastern France, Thursday, July 18, 2024. Ursula von der Leyen was making her final pitch Thursday to lawmakers at the European Parliament ahead of a vote on whether to grant her a second five-year term as president of the European Union's executive commission. (AP Photo/Jean-Francois Badias)/XVM113/24200275578275//2407180942

Devant le Parlement européen, Ursula von der Leyen assure sa réélection en donnant des gages aux écologistes et aux conservateurs

La présidente de la Commission européenne a été réélue pour un second mandat ce 18 juillet. Devant les eurodéputés, elle a présenté son programme pour les cinq années à venir. Un discours visant à s’attirer le soutien des Verts, mais aussi des conservateurs, dont les voix ont compté pour conserver son poste.
Rose-Amélie Bécel

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Avec 401 voix, la majorité des eurodéputés ont accordé leur soutien à Ursula von der Leyen, qui entame donc un second mandat à la tête de la Commission européenne. Ce 18 juillet était une journée décisive pour l’Allemande, qui a dû défendre devant le Parlement de Strasbourg un programme pour les cinq prochaines années.

Seule candidate, son échec lors de ce scrutin aurait ouvert la voie à une période d’incertitude inédite. C’est donc avec beaucoup de soulagement qu’Ursula von der Leyen a accueilli sa réélection, avec 40 voix d’avance sur la majorité requise. Si elle pouvait compter sur les voix de la coalition entre la droite du PPE, sa famille politique, les sociaux-démocrates et les libéraux de Renew, des défections étaient attendues dans le cadre de ce vote à bulletin secret.

C’est donc avec l’idée de rassembler plus largement – des écologistes aux conservateurs du groupe ECR, classé à l’extrême droite – que la présidente sortante a livré sa feuille de route devant le Parlement de Strasbourg, avant que les parlementaires ne passent au vote.

Le Pacte vert complété par un « nouveau pacte pour l’industrie propre »

C’est d’abord en direction des écologistes qu’Ursula von der Leyen s’est tournée, en affirmant vouloir garder le cap sur le Pacte vert, le plan de l’Union européenne pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La présidente sortante a ainsi plaidé pour « une Europe forte, qui s’en tient aux accords du Pacte vert de manière pragmatique », tout en proposant un approfondissement de celui-ci avec la mise en place d’un « nouveau pacte pour l’industrie propre ». Un texte chargé d’encourager par des investissements la création d’entreprises plus vertes, « notamment dans les secteurs intensifs en énergie ».

Ursula von der Leyen entend également renforcer les objectifs de décarbonation dans l’Union européenne, en inscrivant dans la loi l’objectif de diminution de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040, avant d’atteindre la neutralité dix ans plus tard. « Nos entreprises doivent pouvoir planifier leurs investissements pour les décennies à venir dès aujourd’hui », précise-t-elle.

Enfin, l’Allemande a tenté de rassurer la gauche de l’hémicycle de Strasbourg, alors que le soutien de tous les sociaux-démocrates ne lui sont pas acquis. Fait inédit, elle a ainsi annoncé la nomination d’un commissaire européen au logement, ainsi qu’une vaste enquête sur les raisons de la crise qui touche le secteur sur le continent. « Habituellement, le logement n’est pas considéré comme une question européenne », a-t-elle concédé, « mais je voudrais que notre Commission soutienne les citoyens là où ils en ont le plus besoin ». Une annonce saluée par l’ensemble de la gauche, y compris par la co-présidente du groupe de gauche radicale The Left, l’insoumise Manon Aubry, pourtant extrêmement critique du bilan et du programme d’Ursula von der Leyen.

Doublement des agents d’Europol, triplement des effectifs de Frontex

La présidente sortante a également multiplié les annonces en matière de sécurité et d’immigration, cette fois-ci davantage pour tendre la main aux conservateurs du groupe ECR et rassurer les eurodéputés du PPE tentés de ne pas la soutenir. Ursula von der Leyen propose ainsi de doubler le personnel d’Europol, pour que l’agence chargée de faciliter les échanges de renseignements entre les différents États devienne « une agence de police pleinement opérationnelle ».

De la même manière, elle propose de multiplier par trois le nombre de gardes-frontières de l’Union européenne, regroupés au sein de l’agence Frontex, « pour atteindre 30 000 personnes ». « Nous ne devons pas oublier que la frontière d’un État membre est une frontière de l’Union européenne, nous devons tout faire pour les consolider », défend Ursula von der Leyen, tout en dénonçant les manœuvres de la Russie qui « trompe et attire des migrants du Yémen vers le Nord, exploite leur souffrance et les envoie vers la frontière de la Finlande ».

Touchée au milieu de son mandat par la guerre en Ukraine, Ursula von der Leyen a également affirmé sa volonté de « construire une véritable Union européenne de la défense ». « Nos dépenses de défense sont trop faibles et inefficaces », a-t-elle regretté, appelant à investir dans des « capacités de défense haut de gamme ». La présidente sortante envisage ainsi la mise en place d’un « système complet de défense aérienne » européen, « non seulement pour protéger notre espace aérien mais aussi comme symbole fort de l’unité de l’Europe en matière de défense ».

Soutien à l’Ukraine et tacle à Viktor Orban

Un discours qui devrait satisfaire le groupe ECR, classé à l’extrême droite mais pro-européen et soutien de l’Ukraine, contrairement à leurs collègues des Patriotes pour l’Europe. Avec son président Jordan Bardella, le groupe s’était opposé la veille au vote de la première résolution du Parlement européen nouvellement élu, qui concernait justement le renforcement de l’aide au pays en guerre.

Ursula von der Leyen a d’ailleurs directement attaqué l’initiateur de ce nouveau groupe politique, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, en visite à Moscou au début du mois. « La Russie compte sur un affaiblissement de l’Europe et de l’Occident et certains en Europe jouent ce jeu. Il y a deux semaines, un Premier ministre de l’Union européenne s’est rendu à Moscou, cette soi-disant mission de paix n’était qu’une mission d’apaisement », a-t-elle dénoncé sous des applaudissements nourris.

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