Le RN prêt à gouverner sans majorité absolue ?

Dimanche soir prochain, Jordan Bardella pourrait devenir le 27e Premier ministre de la Ve République si le Rassemblement National et ses alliés concrétisent leur victoire au premier tour des élections législatives avec 33,34% des suffrages. La coalition nationaliste obtient déjà 39 élus dès le premier tour. Le Nouveau Front Populaire réunit 27,99% ... des voix et 32 élus. La majorité sortante ne totalise que 20,04% lors de ce scrutin inédit. Inédit par l’ampleur du résultat du RN, mais également par la nouvelle configuration qui en ressort. 306 potentielles triangulaires pourraient avoir lieu, et plus rare encore, cinq quadrangulaires. Emmanuel Macron a appelé à un « large rassemblement démocrate et républicain » contre le RN. Mais ses partisans ne sont pas tous du même avis. Sur France Inter, Bruno Le Maire a précisé « combat[tre] le RN, mais ne pas vote[r] pour LFI, car LFI a pris des décisions qui sont contre la nation française ». Pour Yaël Braun-Pivet, la meilleure stratégie réside dans le « cas par cas ». La présidente sortante de l’Assemblée nationale a ajouté qu’un « distinguo » au sein de LFI était nécessaire, vu l’expression « d’idées antisémites » dans le mouvement mélenchoniste. Dans l’après-midi, le chef de l’État a détaillé sa pensée auprès de ces ministres. « Il ne faut pas se tromper. […] L’extrême droite est en passe d’arriver au pouvoir », a-t-il complété. Message bien reçu à gauche où l’on se désiste à tour de bras dans l’espoir de limiter l’arrivée de députés RN. Le camp présidentiel va-t-il clairement faire barrage au RN, quitte à appeler à voter pour LFI ? Jordan Bardella va-t-il changer d’avis, et revendiquer Matignon, même sans la majorité absolue ? Quel avenir pour Emmanuel Macron après une telle Bérézina ? On en débat avec Marc Lazar, professeur émérite à Sciences Po, Christelle Craplet, directrice BVA Opinion et David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.