7 femmes politiques françaises qui ont marqué 2022

Élisabeth Borne, deuxième femme à Matignon

Lors de la passation de pouvoir à Matignon, elle a dédié sa nomination à « toutes les petites filles » en les encourageant à « aller au bout de leurs rêves ». Après avoir été préfète et trois fois ministre (Transports, Transition écologique, Travail) sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Élisabeth Borne est nommée Première ministre en mai 2022. C’est la deuxième femme à occuper ce poste après Édith Cresson, qui fut Première ministre de François Mitterrand de mai 1991 à avril 1992, trente ans plus tôt. Cette nomination était très attendue, car le président Macron avait fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son premier mandat présidentiel.

Éliane Assassi, la sénatrice à l’origine de l’enquête sur les cabinets de conseil

Éliane Assassi est sénatrice communiste de la Seine-Saint-Denis depuis 2004. Elle préside le groupe communiste au Sénat depuis 2012. En 2022, elle a marqué l’actualité en tant que rapporteure de la commission d’enquête sénatoriale sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Cette commission d’enquête fait suite aux révélations concernant le recours du gouvernement aux cabinets de conseil pour organiser la stratégie vaccinale contre le covid-19. La commission d’enquête lancée en novembre 2021, le rapport est rendu en mars 2022 et fait grand bruit. Éliane Assassi y pointe un « phénomène tentaculaire ». En découle une proposition de loi. Depuis, le gouvernement a produit une circulaire pour réduire de 15 % le recours des administrations publiques aux cabinets de conseil et il a inclus au budget 2023 un document retraçant le recours de l’Etat aux cabinets de conseil. Par ailleurs, suite à la saisine du parquet par le Sénat pour suspicion de faux témoignage devant la commission d’enquête le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire visant McKinsey. Même Bruno Le Maire donne raison à la sénatrice communiste, en reconnaissant, le 27 novembre 2022, qu’il y avait une « dérive » dans le recours de l’Etat aux cabinets de conseil.

Annick Billon et la délégation aux droits des femmes, celles qui ont dénoncé l’enfer du décor de l’industrie pornographique

Sénatrice centriste de la Vendée, Annick Billon s’illustre également dans sa fonction de Présidente de la délégation aux droits des femmes. Elle est, aux côtés des sénatrices Alexandra Borchio Fontimp, de Laurence Cohen et Laurence Rossignol, la coauteure d’un rapport qui a défrayé la chronique le 27 septembre 2022 : « Porno : l’enfer du décor ». Pour la première fois de l’histoire parlementaire, un rapport d’information a été entièrement consacré aux pratiques de l’industrie pornographique. Et le constat y est sans équivoque : les dérives de l’industrie pornographique y sont largement dénoncées. C’est à ce titre que la mission d’information a souhaité émettre une vingtaine de propositions afin d’alerter l’opinion publique sur les violences perpétrées et véhiculées par l’industrie. Leurs recommandations ont reçu un fort écho médiatique. Leur proposition phare, de mieux appliquer la restriction de l’accès à ces sites par des mineurs, a trouvé un avis favorable de la part du gouvernement.

Yaël Braun-Pivet, la première femme à accéder au perchoir

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. En me portant à votre présidence, vous donnez aujourd’hui à ce message une portée nouvelle » : le mardi 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet devient la première femme à prendre la présidence de l’Assemblée nationale. C’est en 2016 que cette avocate de formation s’est lancée en politique. Le 18 juin 2017 elle est élue députée dans la cinquième circonscription des Yvelines. Deux semaines plus tard, elle devient présidente de la commission des Lois de l’Assemblée nationale en pleine affaire Benalla. Nommée ministre des Outre-mer le 20 mai 2022, au sein du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne, elle est désignée candidate de la majorité pour briguer la présidence de l’Assemblée nationale. 4^ème personnalité de l’Etat, elle conduit les débats et veille au respect du règlement de l’Assemblée. Revenant sur sa position de 2018, Yaël Braun-Pivet n’a pas hésité à se prononcer en faveur d’une constitutionnalisation du droit à l’IVG, voté à l’assemblée nationale le 24 novembre dernier. Souhaitant moderniser l’image de l’institution, la présidente de l’Assemblée ouvre les portes du Palais Bourbon. Ainsi, en octobre dernier, pour la première fois, 7 dessinateurs se sont assis aux bancs de l’hémicycle afin d’y croquer les débats, façon procès. En décembre, quelques jours avant la journée mondiale de la laïcité, ce sont les membres de la Comédie Française qui se sont rendus dans la chambre basse pour y reconstituer les débats historiques ayant mené à la célèbre loi de séparation de l’Église et de l’Etat de 1905.

Marine Le Pen, celle qui a failli prendre la place d’Emmanuel Macron

Présidente du RN de 2011 à 2022, elle est finaliste de l’élection présidentielle face à Emmanuel Macron en avril 2022. 20 ans après l’accession de son père au second tour de l’élection, elle a rendu crédible l’accession de l’extrême droite au pouvoir. Après les élections législatives des 12 et 19 juin 2022, elle dispose de 89 députés Rassemblement National à l’Assemblée, faisant peser davantage son parti dans la vie politique française. Cette avocate de formation adhère au Front National, parti de son père, en 1986. Députée européenne, puis députée française, elle est trois fois candidate à l’élection présidentielle et accède deux fois au second tour. Depuis sa prise de pouvoir Front national devenu Rassemblement national, Marine Le Pen œuvre pour normaliser son parti. C’est d’ailleurs en vestes et cravates que l’ensemble des députés RN sont arrivés au palais Bourbon en juin dernier à la demande de leur cheffe de file pour prouver leur « sérieux » et leur « respect de l’institution ». Néanmoins, le groupe a essuyé plusieurs tollés depuis sa rentrée politique, comme début novembre lorsque l’un des députés RN s’est fait exclure temporairement pour propos jugés racistes.

Mathilde Panot la patronne des LFI

Elle est des personnalités qui ont fait l’actualité de 2022 de par son franc-parler, sans concession. Réélue à la présidence du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale le 21 juin 2022, Mathilde Panot occupait déjà ce poste lors de la précédente législature. En octobre 2021, Jean-Luc Mélenchon lui avait passé le relais afin de lancer sa campagne présidentielle. La députée du Val-de-Marne est aujourd’hui à la tête d’une coalition de 150 élus. Au côté de la députée Renaissance Aurore Bergé elle a, entre autres, porté au palais Bourbon l’une des propositions de loi visant à constitutionnaliser le droit à l’IVG, votée à l’Assemblée nationale le 24 novembre dernier et qui sera examinée, pour une seconde fois, au Sénat le 1er février 2023, lors de la niche socialiste. Récemment, son collègue Adrien Quatennens, qu’on présentait comme successeur de Mélenchon, a été condamné pour « violences sans incapacité commises par conjoint » et « envoi régulier et malveillant de messages » par la justice. Le groupe LFI, que la députée du Val de Marne préside, s’est accordé sur une sanction : 4 mois de suspension pour le député du Nord, Mathilde Panot estimant qu’il aura, à un moment, « payé ses dettes ».

Sandrine Rousseau, l’écoféminisme disruptive celle qui a enflammé l’actualité

Élue députée dans la neuvième circonscription de Paris lors des élections législatives de 2022 sous l’étiquette EELV-NUPES, Sandrine Rousseau est ce qu’on peut appeler une revenante politique. En quelque temps, l’ancienne porte-parole d’EELV est devenue une actrice importante du débat public, notamment sur les questions féministes. L’écologiste assume son éco-féminisme, n’hésitant pas à dénoncer la domination patriarcale comme frein à la lutte contre le réchauffement climatique. « Le barbecue est un symbole de virilité » a-t-elle lancé lors d’une table ronde organisée à l’occasion des Universités d’été 2022 d’EELV à Grenoble. La députée est également connue pour ses coups d’éclat médiatiques. Invitée le 19 septembre sur le plateau de « C à vous », sur France 5, Sandrine Rousseau déclenchait « l’affaire Bayou » en relayant les accusations d’harcèlement moral à son encontre de la part de son ex-femme, poussant le député à la démission de la présidence du parti. Et lorsque le 4 octobre 2022, le cas Quatennens, député du Nord condamné pour violences conjugales, est évoqué dans l’hémicycle par la majorité présidentielle, c’est par un geste féministe, symbolisant un utérus inversé, que la députée écologiste répond.