Les villes européennes à l’épreuve du tourisme de masse

Les villes européennes à l’épreuve du tourisme de masse

Si le tourisme stimule largement l’économie de nombreuses villes comme Dubrovnik en Croatie ou Barcelone en Espagne, sa massification se fait souvent au détriment des populations locales et du patrimoine historique. Les députés européens Cristian Dan Preda et Ernest Urtasun évoquent sur le plateau d’Europe Hebdo les solutions qui existent pour concilier tourisme et vie locale.
Public Sénat

Par Alexandre Delrieu

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Chaque été, des hordes de touristes se pressent dans les rues étroites de la cité médiévale de Dubrovnik en Croatie. Celle que l’on surnomme « la perle de l’Adriatique » attire quatre millions de visiteurs par an, jusqu’à 10 000 par jour en haute saison. Si ces visiteurs du monde entier font le bonheur des boutiques de souvenirs et des restaurateurs, ils ont transformé la cité et poussé ses habitants, artisans et commerces traditionnels hors de ses remparts. Inquiète pour l’authenticité de la citadelle, l’UNESCO a récemment mis en garde les autorités de Dubrovnik. Si rien n’est fait, la cité sera rayée de la liste du patrimoine mondial.

« Il faut un tourisme civilisé »

À Barcelone, le député européen écologiste espagnol Ernest Urtasun dresse le même constat : « le problème c’est que l’offre des loyers touristiques est totalement incontrôlée ». « Toute cette offre fait augmenter les loyers et expulse les populations », poursuit l’eurodéputé catalan qui préconise « qu’on revienne à une politique de logement public pour que les populations puissent rester ».

En ce sens, il souligne l’initiative de la maire de la capitale catalane Ada Colau : « toutes les nouvelles constructions à Barcelone devront réserver 30 % de loyers avec un prix social pour que les populations ne soient plus expulsées ».

A-t-on fait du tourisme de masse un fléau ? #EuropeHebdo
05:32

La régulation des plateformes de location en question

La régulation du secteur immobilier pose également la question des plateformes numériques comme Airbnb, qui permettent aux particuliers de mettre librement leur logement en location à destination des vacanciers. Pour Ernest Urtasun, ces plateformes ne permettent pas aux pouvoirs publics de recenser, et donc de réguler, le nombre de logements dans les quartiers les plus touristiques.

Si le député roumain Cristian Dan Preda reconnaît qu’une certaine régulation est nécessaire, il défend la liberté des utilisateurs de cette économie numérique. « Je ne voudrais pas limiter les choix citoyens. Toutes ces plateformes-là sont l’expression d’une liberté assumée. Je suis pour une politique libérale mais responsable ».

Contrôler le nombre de touristes

Pour l’eurodéputé catalan, la gestion des flux de touristiques se résume finalement à une question de démocratie locale : « d’un point de vue démocratique, les citoyens des villes, à travers leurs élus, doivent pouvoir avoir les outils pour réguler le tourisme ». La régulation des flux touristiques et un enjeu pour de nombreuses villes européennes.

En ce sens, la municipalité de Dubrovnik a mis en place un système de comptage des visiteurs, et essaie de limiter à 4 000 personnes la capacité d’accueil de la vielle ville. Une méthode de régulation pourtant difficile à mettre en œuvre, qui nécessite une coordination étroite avec les croisiéristes et les compagnies de bus notamment.

Retrouvez l'émission Europe Hebdo, présentée par Nora Hamadi, vendredi 29 juin à 18h30, dimanche 1er juillet à 12h30 sur Public Sénat.

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