Canal Seine-Nord : « L’État se défausse » dénonce Xavier Bertrand

Canal Seine-Nord : « L’État se défausse » dénonce Xavier Bertrand

Le ton monte entre les partisans du projet de liaison fluviale Seine-Escaut et le gouvernement. En débat depuis plus de trente ans, ce chantier est sans cesse repoussé. Le projet a fait l’objet d’une table-ronde ce matin au Sénat.
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Par Héléna Berkaoui

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#OuiAuCanal. C’est derrière ce slogan que des élus de tous bords, menés par le président de la région des Hauts-de-Seine, se sont rangés pour soutenir le Canal Seine-Nord. Si le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et la ministre des Transports assurent que ce projet verra le jour, les élus demandent plus de clarté. Récemment, 23 sénateurs du Nord et de la Somme ont créé un collectif pour soutenir la réalisation du canal Seine-Nord. Ce projet est le « maillon manquant entre la Seine et le réseau fluvial de l’Europe du Nord » soulignent-ils. Un maillon qui redynamiserait l’économie locale et nationale.   

En débat depuis plus de trente ans, le chantier aurait dû débuter à l’été 2017. Mais en juillet dernier, le Premier ministre a décidé de le suspendre momentanément. Une décision qui a mis le feu aux poudres (lire notre article). Un compromis a finalement été trouvé en octobre entre le gouvernement et la région pour relancer le projet. Malgré cela, les acteurs locaux restent sceptiques comme en témoigne la colère de Xavier Bertrand, ce matin au Sénat.

Le Canal Seine-Nord un projet controversé

Cette voie navigable de 107 kilomètres de long devrait relier l’Oise, depuis Compiègne, au canal Dunkerque-Escaut. Le projet consiste à permettre aux bateaux qui naviguent sur la Seine d’avoir accès aux voies fluviales belges et du Nord. D’après la société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), une telle entreprise permettrait la création de 45.000 emplois pérennes d’ici à 2050. Sans compter les emplois créés durant les travaux. Selon eux, la libération de cet axe fluvial aurait aussi l’avantage de désengorger l’autoroute du Nord.  

Des arguments qui ne séduisent pas tout le monde. La députée de la Somme, Barbara Pompili (ancienne EELV), estime que ce projet est « mauvais » pour la région des Hauts-de-France et « qu’il ne répond en rien aux enjeux de développement » actuels. Le Premier ministre, du temps où il était maire du Havre, avait aussi émis des réserves sur ce projet. Dans le magazine spécialisé Chantiers de France, Édouard Philippe expliquait qu’il « y a mieux à faire que ce canal. Il me semble que cet argent public serait mieux utilisé ailleurs. » Selon lui, avant de concrétiser ce projet, « il faudrait dépenser un peu d’argent public pour développer les ports français. » Une position qui fait croire à Patrick Kanner que l’arrivée d’Édouard Philippe à Matignon n’est pas étrangère au désengagement de l’État.  

Canal Seine-Nord : « le désengagement de l’État correspond à l’arrivée d’Édouard Philippe » estime Patrick Kanner
02:04

Pourquoi le projet peine à se concrétiser ?

Le principal frein à ce projet est son coût. Le montant des investissements nécessaires à la réalisation de ce projet s’élève à 4,5 milliards d’euros. Le protocole de financement, signé en mars 2017, prévoit que l’Union européenne apporte 1,9 milliard d’euros, l’État s’engagerait lui à contribuer à hauteur de 1 milliard d’euros, les collectivités locales à 1 milliard d’euros. La société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) emprunterait la part restante, soit 600 millions d’euros.

Mais la participation de l’État suscite quelques interrogations. « Le milliard d’euros de l’État n’est plus financé avec des crédits budgétaires » dénonce Xavier Bertrand, qui est aussi le président de la SCSNE. Il s’agirait d’affecter les recettes de taxes à ce projet. Sans pour autant savoir de quelles taxes il s’agit. « L’État est en train de se défausser, en nous disant qu’il ne restera pas dans la société de projet en tant qu’administrateur (…) Je demande à ce que les choses soient claires » tance Xavier Bertrand. Valérie Létard, sénatrice centriste du Nord, déplore également que « l’État n’enclenche pas la mécanique alors que toutes les collectivités étaient au rendez-vous. »

 

 

 

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