L’UDI, ou le centre affranchi de la Macronie, en route vers les Européennes

L’UDI, ou le centre affranchi de la Macronie, en route vers les Européennes

Toujours plus critiques envers la majorité, les centristes version "ancien monde" de l'UDI doivent acter samedi le principe d'un cavalier seul...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

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Toujours plus critiques envers la majorité, les centristes version "ancien monde" de l'UDI doivent acter samedi le principe d'un cavalier seul aux Européennes, emmenés par leur président Jean-Christophe Lagarde qui entend incarner une ligne "pro-Europe sans être un soutien à Macron".

Réunis en congrès extraordinaire dans la banlieue sud de Paris, les troupes du parti fondé en 2012 par Jean-Louis Borloo - un millier de militants sont attendus - devraient sans surprise faire fi de sondages peu flatteurs, qui créditent pour l'instant une liste UDI indépendante de 3% (étude BVA publiée vendredi), soit le seuil du remboursement des frais de campagne, mais un score insuffisant pour envoyer des élus à Strasbourg.

L'ambition prend surtout des airs d'affront vis-à-vis de la Macronie, architecte d'une "grande liste centrale" pro-Europe et "progressiste", à laquelle le MoDem de François Bayrou et le parti de centre-droit Agir doivent participer. Alain Juppé, voire Jean-Pierre Raffarin, n'ont pour leur part jamais caché leur sympathie à l'endroit d'une telle entreprise.

Mais "on ne peut pas voir dans le même bulletin un mélange qui soit à la fois un vote pour l'Europe et un soutien à Macron", fait aujourd'hui valoir Jean-Christophe Lagarde, pour qui "il y a un projet à défendre", alors que, selon lui, "la majorité n'a qu'une seule idée: ramener le débat européen à un débat de politique nationale".

"Nous allons porter notre projet dans une liste ouverte à tous les Français, qui veulent que l'Europe se fasse en vrai. Et qui n'ont pas envie qu'on les enferme dans un bulletin de référendum pour ou contre Emmanuel Macron", résume le leader centriste, qui proposera samedi à ses troupes qu'il soit la tête de cette liste indépendante.

- Xavier Bertrand invité -

Passé en dix-huit mois de "soutien vigilant" de l'exécutif à quasi-opposant du chef de l'État, M. Lagarde qualifie désormais ses immenses réserves sur la politique du gouvernement de "regrets avant l'heure".

"Ce qui me frappe, c'est que des majorités successives ont eu les mêmes comportements, les mêmes réflexes aux mêmes moments de leurs mandats", s'emporte le député de Seine-Saint-Denis, en fustigeant notamment la gestion de la crise des "gilets jaunes" - "des gens dont on nie l'existence" - et, plus largement, une forme de déconnexion, si ce n'est de mépris, de l'Élysée pour les territoires et leurs élus.

"Je ne vois pas les ressorts qui permettrait à l'exécutif d'éviter trois ans d'immobilisme", prophétise-t-il, en citant une conjoncture économique dégradée, la réduction de l'espace politique de la majorité et une promesse de "nouveau monde" de moins en moins honorée.

"Le socle électoral d'Emmanuel Macron est en train de s'abîmer", estime celui dont les troupes à l'Assemblée nationale ont voté à la quasi-unanimité contre le budget 2019, et qui fustige "l'erreur folle (de la majorité) de ne pas se tourner vers ceux qui n'ont pas voté pour eux" en 2017.

Xavier Bertrand, le 10 décembre 2018 à Paris
Xavier Bertrand, le 10 décembre 2018 à Paris
AFP/Archives

Derrière l'acidité des critiques, Jean-Christophe Lagarde entend toujours être le point d'équilibre des centristes qui ne gouvernent pas: samedi, le rôle de grand témoin de son congrès extraordinaire sera tenu par Xavier Bertrand, l'ex-LR président courtisé des Hauts-de-France, qui doit débattre via Skype avec un représentant des "gilets jaunes". "Jusqu'alors, les représentants politiques n'ont pas discuté avec eux. Nous, on va le faire parler, plutôt que ceux qui courent derrière", justifie le président de l'UDI.

Une table ronde est également prévue sur le thème de l'environnement en Europe, avec Brice Lalonde et Allain Bougrain-Dubourg. "Sauver l'environnement, on ne le fera pas qu'en France", assure Jean-Christophe Lagarde, dans une attaque à peine voilée contre la hausse des taxes sur les carburants initialement prévue par le gouvernement. "C'est au niveau continental que ça a du sens et de la force: nous, nous voulons une stratégie européenne".

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