L’ultime adieu de la France à Jacques Chirac

L’ultime adieu de la France à Jacques Chirac

La France a adressé lundi un ultime adieu à son ex-président Jacques Chirac, lors d'un hommage solennel à Saint-Sulpice en présence de chefs d...
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Par Jérémy MAROT et le service politique de l'AFP

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La France a adressé lundi un ultime adieu à son ex-président Jacques Chirac, lors d'un hommage solennel à Saint-Sulpice en présence de chefs d'Etats étrangers et de la quasi-totalité de la classe politique nationale, avant une inhumation à Paris dans l'intimité.

Arrivé peu avant midi encadré par une imposante escorte motocycliste sous un soleil d'automne, enveloppé du drapeau tricolore et porté par ses anciens officiers de sécurité à l'Elysée, le cercueil de Jacques Chirac a remonté la nef de Saint-Sulpice au son du Requiem de Gabriel Fauré, sous les yeux de près de 2.000 invités venus du monde entier.

L'ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, le 30 septembre 2019 à Paris, à la messe d'hommage à Jacques Chirac
L'ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, le 30 septembre 2019 à Paris, à la messe d'hommage à Jacques Chirac
AFP

Plusieurs ont montré leur émotion pendant l'office, à l'évocation du souvenir de l'ancien maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre, puis deux fois président de la République (1995 à 2007).

La foule massée sur le parvis a applaudi l'entrée et la sortie du corps de l'ancien président, qui s'est éteint jeudi à l'âge de 86 ans.

Bernadette Chirac, affaiblie et qui n'est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux, était absente "en raison de sa santé" de ce service célébré par Mgr Aupetit, archevêque de Paris. Peu avant, pour la première fois depuis le terrible incendie qui l'a ravagée, la cathédrale Notre-Dame avait fait retentir son bourdon.

La foule devant l'église Saint-Sulpice à Paris pendant les obsèques de Jacques Chirac, le 30 septembre 2019
La foule devant l'église Saint-Sulpice à Paris pendant les obsèques de Jacques Chirac, le 30 septembre 2019
AFP

"Il y avait chez notre ancien président, cet homme chaleureux, un véritable amour des gens, aussi à l'aise dans les salons de l'Elysée qu'au salon de l'agriculture. Beaucoup en le rencontrant se sentaient considérés", a souligné Mgr Aupetit. Il a rappelé que Jacques Chirac "avait axé sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale", soulignant qu'elle est encore présente aujourd'hui.

L'assistance était à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi: 80 personnalités étrangères, chefs d'Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de familles royales, ont honoré ce grand fauve de la politique française, très affaibli ces dernières années.

Entrée du cercueil de Jacques Chirac à l'église Saint-Sulpice le 30 septembre 2019
Entrée du cercueil de Jacques Chirac à l'église Saint-Sulpice le 30 septembre 2019
AFP

Aux premiers rangs se côtoyaient le président russe Vladimir Poutine, les présidents italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso ainsi que le Premier ministre libanais Saad Hariri qui avait décrété un jour de deuil national dans son pays et celui de Hongrie Viktor Orban, ou encore l'ex-président des Etats-Unis Bill Clinton, qui a regretté ce "vieux Jacques".

Ils ont retrouvé les anciens présidents français François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing, ainsi qu'une grande partie de la classe politique nationale. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a renoncé à s'y rendre, face aux réserves de la famille. Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a préféré participer à l'hommage rendu à l'Assemblée nationale à 15H00.

- "Marque de respect" -

Clin d'oeil aux racines de l'ancien président, une salade corrézienne a été servie aux 69 dirigeants reçus à l'Elysée après la messe. Emmanuel Macron les a remerciés de leur présence, y voyant "une preuve d'amitié et une marque de respect" pour le peuple français.

Dans la matinée, une cérémonie privée avait eu lieu aux Invalides, en présence de Bernadette Chirac et quelque 200 personnes, famille et personnel médical ayant assisté Jacques Chirac.

Claude Chirac, la fille de Jacques Chirac, et son fils Martin, après la messe en hommage à l'ancien président, le 30 septembre 2019
Claude Chirac, la fille de Jacques Chirac, et son fils Martin, après la messe en hommage à l'ancien président, le 30 septembre 2019
AFP

Martin Rey-Chirac, 23 ans, petit-fils unique de l'ancien président, a rendu hommage à son grand-père, avant l'arrivée d'Emmanuel Macron, visage grave, venu rendre les honneurs funèbres militaires.

Au même endroit dimanche, quelque 7.000 personnes selon l'Elysée avaient défilé jusque tard devant le cercueil, placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis, recouvert de bleu, blanc, rouge.

"Il était proche des simples. Il aimait les gens", a résumé Florien à l'AFP, au milieu de la foule.

Jacques Chirac a ensuite été inhumé en début d'après-midi dans un cadre strictement privé au cimetière du Montparnasse. Selon le souhait de son épouse, il repose désormais dans le caveau de leur fille aînée Laurence, décédée en 2016 et dont le destin tragique a été le drame de sa vie.

"Ces disparitions rappellent la vulnérabilité de nos vies et ce que nous partageons de manière durable avec celles et ceux qui nous dirigent pendant un temps", a commenté lundi soir Emmanuel Macron devant la presse. "Ces moments nous font toucher du doigt combien on s'écarte de l'écume des choses (...) et comment un lien se construit". "J'ai été heureux de cet esprit de ces derniers jours, la concorde, le recueillement, l'apaisement, la bienveillance", a-t-il conclu.

La journée de deuil national décrétée lundi était la huitième depuis le début de la Ve République en 1958. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics et les Français appelés à observer des minutes de silence à 15h00, notamment dans les écoles.

Les Outre-mer ont aussi rendu hommage à l'ancien président, avec à Mayotte 150 personnes rassemblées à Mamoudzou et, à La Réunion, une centaine de personnes à Saint-Denis.

Un hommage sera rendu à l'ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, dont il fut le député.

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