Roxana Maracineanu : « Le sport que je défends est un sport inclusif où tout le monde arrive comme il est »

Roxana Maracineanu : « Le sport que je défends est un sport inclusif où tout le monde arrive comme il est »

Face à la commission d’enquête sur la radicalisation islamiste, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a défendu l’idée que le sport était « un ciment social » permettant « l’apprentissage de la laïcité et de la mixité ». À l’inverse de certains sénateurs de la commission, elle ne souhaite pas inclure la neutralité religieuse dans le monde sportif.
Public Sénat

Par Laure-Anne Elkabbach

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Des propos « un peu laxistes », qui « interrogent », manquant d’un « constat objectif ». Auditionnée jeudi par la commission d’enquête sur la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre, la ministre des Sports Roxana Maracineanu, a dû se sentir un peu seule durant 1h20, face à des sénateurs qui ne l’ont pas ménagée. Mais la ministre a tenu bon. Toujours très calme, Roxana Maracineanu a martelé son attachement à la laïcité. « Je défendrai toujours l’idée qu’un sport sain et éducatif ne peut être qu’un sport républicain où s’incarnent les principes fondamentaux de liberté de conscience mais aussi d’unité et de fraternité » a-t-elle expliqué au tout début de son intervention. Pour la ministre, le sport est un « ciment social » qui permet « l’apprentissage de la laïcité et de la mixité ». « Nous devons veiller à combattre toute approximation et raccourcis » a-t-elle prévenu.

Les sénateurs se sont inquiétés de la montée de la radicalisation dans le sport et ont regretté le « laisser-faire » et le manque de réactivité du milieu sportif sur ce sujet. Ils ont expliqué que de nombreux cas de radicalisation leur avaient été signalés. La rapporteure de la commission d’enquête Jacqueline Eustache-Brinio, a estimé qu’« on baisse les bras ».

« Vous me dites que vous avez des faits qui vous remontent. N’hésitez pas à nous en faire part. Nous, nous n’avons pas de signalement qui nous remonte. Ni de la part des collectivités, ni de la part des fédérations ou d’éducateurs » leur a répondu la ministre, qui veut « des données précises d’études approfondies » : « Et pas juste de quelqu’un qui dit que ça arrive beaucoup dans le sport ». C’est pourquoi la ministre a lancé avec le conseil scientifique, des travaux de recherches sur les processus de radicalisation.

« Quand le problème existe, nous le traitons » a toutefois assuré la ministre

Deux visions qui s’affrontent

Durant cette audition, on a vu deux visions s’affronter entre la ministre des Sports et la rapporteure. Jacqueline Eustache-Brinio souhaite imposer la neutralité religieuse dans les fédérations sportives et faire signer une charte de la laïcité « à toutes les associations et tous les clubs qui bénéficient de l’argent public ».

De son côté Roxana Maracineanu se réfère à la laïcité en respectant la loi de 1905 : « L’idée n’étant pas de définir la laïcité, telle que je sens que vous l’entendez. À savoir l’interdiction de tous signes religieux dans la pratique sportive. Ce qui revient à dire la neutralité et non pas la laïcité ». Et elle ajoute : « Aujourd’hui, inclure cette neutralité dans le monde du sport irait plutôt dans un sens d’exclusion des individus, de notre société (…) Le sport que je défends est un sport inclusif où tout le monde arrive comme il est ».

Des outils pour lutter ?

Devant la commission, la ministre des Sports a expliqué qu’un plan national de prévention des violences dans le sport « sera déployé » en septembre de cette année. Ce plan englobera « toutes les formes de déviances » dont les discriminations, violences et risques de radicalisation.

L’ancienne championne de natation a également déclaré qu’elle travaillait à la mise en place « d’un code de déontologie des éducateurs sportifs » pour « mieux (les) former ». Roxana Maracineanu a indiqué que le ministère soutenait l’action des associations « socio- sportives », c’est-à-dire qui utilisent le sport comme outil d’éducation et d’intégration.

La ministre souhaite également que « les liens » avec les collectivités locales soient « plus resserrés » sans toutefois avoir vraiment développé ce point.

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