Macron au Congrès des maires : réactions en demi-teinte des élus locaux

Macron au Congrès des maires : réactions en demi-teinte des élus locaux

Pour la dernière année de son quinquennat, Emmanuel Macron a vanté son bilan en matière de décentralisation et a apporté son soutien aux élus locaux en clôture du Congrès des maires de France. A la sortie, les élus locaux étaient partagés entre vraie réussite ou simple satisfecit du Président.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« Le ton, je l’ai trouvé un peu rude vis-à-vis des maires que nous sommes. Un peu donneur de leçon, voir beaucoup. On a l’habitude d’entendre Emmanuel Macron avoir un ton professoral, voire arrogant », tacle le maire PS d’Alfortville, Luc Carvounas. L’ancien sénateur n’a pas apprécié ce qu’il estime être « des propos outranciers » à l’encontre d’André Laignel, le vice-président socialiste de l’Association des maires de France.

A la tribune le chef de l’Etat n’a, effectivement, pas manqué d’ironiser sur le discours tenu quelques minutes plus tôt par le vice-président de l’AMF. « Si on voulait faire le bilan, il suffirait d’écouter André Laignel. Vous avez, avec la mesure, la justesse et l’esprit de détails, qui vous caractérise, parfaitement décrit ce que le gouvernement a fait ces dernières années et je tiens à vous en remercier. Merci d’avoir rappelé que j’ai modestement tâché de faire ce que j’avais dit », a — il déclaré rappelant qu’il avait promis de ne pas faire de grande réforme institutionnelle […] Il faut avoir l’esprit de cohérence si on appelle au civisme et à la loyauté, il faut aller jusqu’au bout ».

« Je ne vois pas un président de la République qui est conscient de ces réalités territoriales »

« On a eu le droit à un déballage de satisfecits du Président qui a dit que tout va bien […] Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la Fonction publique) a revalorisé le point d’indice des fonctionnaires de catégorie C. Mais il n’y a eu aucun échange avec des associations d’élus locaux. Une ville comme la mienne, ça fait 500 000 euros de plus au budget de fonctionnement, ça suffit […] Je ne vois pas un président de la République qui est conscient de ces réalités territoriales. C’est normal, il n’a jamais été élu local », tance Luc Carvounas.

Lire notre article: « Il ne peut y avoir l’Etat, face aux élus » : Emmanuel Macron veut se poser en partenaires des maires

« Aujourd’hui, il a été chaleureux. Il a réussi son pari »

De l’autre côté de l’échiquier politique, l’ancienne sénatrice et maire (DVD) de Beauvais, Caroline Cayeux estime au contraire « que le lien a été vraiment rétabli » entre Emmanuel Macron et les élus locaux. « Des actions ont été menées grâce à un certain nombre de dispositifs, cœur de ville, petites villes de demain… Il a travaillé avec nous. Ce sont des programmes qui ont été coconstruits. Moi à Beauvais, j’en bénéficie », se satisfait-elle avant d’appeler « à un choc de simplification » territorial. L’édile rappelle également que « la contractualisation sur les dotations, c’est quand même mieux que les baisses surprises de M. Valls et de M. Ayrault. 13 milliards qu’il a fallu avaler ». « Aujourd’hui, il a été chaleureux. Il a réussi son pari »

« Les territoires ont été davantage écoutés par rapport aux derniers gouvernements de ces dernières années »

Romain Bail, maire (Horizon) de Ouistreham abonde. « Le chef de l’Etat a été clair. Il est revenu sur les réformes qu’il a portées et qui ont été plutôt satisfaisantes comme le gel de la baisse des dotations de l’Etat. La suppression de la taxe d’habitation me laisse par contre encore un peu perplexe et un certain nombre de mes collègues sont dans l’attente d’une véritable autonomie fiscale et financière pour les collectivités locales. Mais dans l’ensemble, s’il fallait remettre les choses en perspectives, les territoires ont été davantage écoutés par rapport aux derniers gouvernements de ces dernières années.

« Aujourd’hui, il y a une volonté de simplification, mais qui a du mal à suivre sur le terrain. On voit bien la différence entre les intentions et la réalité sur nos petites communes […] C’est compliqué de répondre aux appels à projet (du plan de relance). Les annonces arrivent tardivement et c’est très complexe d’aller chercher les informations », explique Philippe Rosaire, maire de Vinay dans l’Isère.

« Quand on va revenir dans nos territoires, on va se retrouver face aux mêmes difficultés »

Pascal Balay maire de Sécheras en Ardèche, sans étiquette « mais plutôt à droite » a quitté l’auditorium avant la fin du discours du chef de l’Etat. « Tous les maires se plaignent tous les jours. Et quand on vient là, Emmanuel Macron nous prend à l’envers. Il a le dernier mot et on a l’impression que tout ce qu’il fait est parfait. Ça n’empêchera pas que quand on va revenir dans nos territoires, on va se retrouver face aux mêmes difficultés. Il y a trop de bureaucratie, on n’en sort jamais. Et on n’a pas d’argent pour embaucher », se désole-t-il avant de se reprendre : « Je ne suis pas pessimiste hein. On est passionnés. C’est la passion qui l’emporte ».

 

Dans la même thématique

Macron au Congrès des maires : réactions en demi-teinte des élus locaux
2min

Politique

Départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel : « Dans un monde normal, celle qui aurait dû partir, c’est l’élève », dénonce Bruno Retailleau

Menacé de mort après une altercation avec une élève à qui il avait demandé de retirer son voile, le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel a quitté ses fonctions. Une situation inacceptable pour le président des Républicains au Sénat, qui demande à la ministre de l’Éducation nationale d’« appliquer la loi jusqu’au bout ».

Le

PARIS: UNEDIC, prevision financieres de l assurance chomage
7min

Politique

Réforme des règles de l’assurance chômage : les pistes du gouvernement

Après un séminaire gouvernemental sur le travail, où il sera question de l’assurance chômage, le premier ministre va s’exprimer ce soir lors du 20 heures du TF1. La piste principale est celle d’une réduction de la durée d’indemnisation des chômeurs, actuellement de 18 mois maximum. Les règles de l’assurance chômage ont déjà été durcies deux fois, depuis qu’Emmanuel Macron est Président.

Le