Anonymisation des candidatures Parcoursup : « De la poudre aux yeux » selon le sénateur Pierre Ouzoulias
Alors que le nom, le prénom, l’adresse et l’âge des candidats seront désormais anonymes dans la procédure Parcoursup, le lycée de provenance des candidats sera toujours connu et laisse craindre des discriminations.

Anonymisation des candidatures Parcoursup : « De la poudre aux yeux » selon le sénateur Pierre Ouzoulias

Alors que le nom, le prénom, l’adresse et l’âge des candidats seront désormais anonymes dans la procédure Parcoursup, le lycée de provenance des candidats sera toujours connu et laisse craindre des discriminations.
Public Sénat

Par Yann Quercia

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Les lycéens de Terminale et les étudiants souhaitant changer d'orientation ont jusqu'à ce soir minuit pour s'inscrire sur la plateforme Parcoursup. La plateforme, qui a suscité de nombreuses critiques l’année dernière avait conduit au printemps à une large mobilisation des étudiants, qui lui reprochaient d’instaurer la sélection à l’entrée à l’université. Nouveauté cette année, il y aura une anonymisation « partielle » du profil des candidats.

« Un premier pas qui va dans le bon sens »

En 2019, le prénom, le nom, l’adresse et l’âge des candidats à l’enseignement supérieur n’apparaîtront plus sur Parcoursup quand les responsables des formations examineront leurs dossiers. Cette annonce doit répondre aux soupçons de discriminations émis par les détracteurs de la plateforme.

« Cette mesure ne change rien du tout, c’est de la poudre aux yeux » répond le sénateur Ouzoulias. Interrogé par le journal Le Monde, le ministère de l'Enseignement supérieur estime que la mention du lycée d’origine peut au contraire contribuer à promouvoir ceux qui en ont le plus besoin. « Nous avons considéré que cette information est utile, car elle peut être prise en compte pour les lycées participant au dispositif des Cordées de la réussite. » « Ce n’est pas sérieux » répond le sénateur.

Le Président du syndicat lycéen UNL, Louis Boyard, s’interroge : « c’est un début mais est-ce que cela veut dire que le ministère admet qu’il y a eu des dérives l’année dernière ».  Il ne croit pas non plus à la justification du ministère car selon lui « les grandes écoles font du lobbying pour qu’il n’y ait pas d’anonymisation des lycées ». Il ajoute : « On sait très bien comment fonctionnent les mentalités en France. Un élève qui vient du lycée Louis le Grand aura toujours plus de chances d’être choisi. »

Pour la nouvelle présidente de l’UNEF, Mélanie Luce, cette annonce « va dans le bon sens » : « C’est une anonymisation partielle et espérons-le, un premier pas vers une anonymisation totale. C’est un premier pas qui va dans le bon sens. Néanmoins, c’est insuffisant car le critère du lycée d’origine est toujours présent et ne résout pas le problème de discrimination. »

Il faut ajouter que les données ne seront pas anonymisées pour les formations qui proposent un internat, prévoient un entretien ou un concours, ou recrutent par la voie de l'apprentissage. Dans tous les cas, le sexe et le lycée d'origine du candidat resteront visibles.

En janvier, Jacques Toubon estimait qu'une majorité d'établissements n'a pas explicitement détaillé ses modalités de traitement. Il estime que départager les candidats peut être considéré comme une pratique discriminatoire.

Un ultimatum fixé par Jacques Toubon

Jacques Toubon avait laissé deux mois au gouvernement pour prendre « les mesures nécessaires, d'ordre législatif et d'ordre réglementaire afin de rendre publiques toutes les informations relatives au traitement, y compris algorithmique, et à l'évaluation des dossiers des candidats par les commissions locales des établissements ». Cette date expire dans quatre jours. Interrogé sur de possibles annonces, le cabinet de Frédérique Vidal indique « avoir bien reçu la décision du Défenseur des droits » et que « la ministre y répondra », sans préciser de calendrier. 

« Les universités ne l’ont pas fait » souligne Pierre Ouzoulias. Il ajoute que la ministre, Frédérique Vidal « pourrait au moins appliquer la circulaire ». Il conclut : « La ministre ne se donne pas les moyens que les consignes données soient appliquées. J’espère qu’il y aura au moins une communication de la ministre. »

La prochaine échéance est le 3 avril : les candidats devront d'ici cette date confirmer leurs vœux, écrire quelques lignes pour motiver leur projet de formation et compléter leur dossier pour les formations qui le réclament.

 

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