Dans l’Yonne, un réseau d’acteurs efficace pour lutter contre les violences faites aux femmes
Alors que le reconfinement est instauré en France depuis une semaine, les associations d'aide aux victimes craignent une augmentation des violences faites aux femmes pendant cette période. Dans l'Yonne, département français le plus touché par les violences intrafamiliales, un réseau départemental de lutte contre ce phénomène existe depuis plusieurs années.  

Dans l’Yonne, un réseau d’acteurs efficace pour lutter contre les violences faites aux femmes

Alors que le reconfinement est instauré en France depuis une semaine, les associations d'aide aux victimes craignent une augmentation des violences faites aux femmes pendant cette période. Dans l'Yonne, département français le plus touché par les violences intrafamiliales, un réseau départemental de lutte contre ce phénomène existe depuis plusieurs années.  
Public Sénat

Par Jérémy Heintzmann

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« Notre rôle dans un département qui est principalement rural, c'est d'aller au plus près de ces victimes, et pouvoir leur montrer que tous ces obstacles qui sont insurmontables pour elles peuvent trouver une solution dans l'ensemble du réseau », détaille Marie-Laure Bouard-Desvaux, directrice de l'Adavirs de l'Yonne.

Un réseau d'actions coordonné par le département, qui vise d'abord à mieux détecter et prévenir ces violences. Au sein de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile à Migennes, les gendarmes travaillent côte-à-côte avec une intervenante sociale. En analysant leur travail de terrain, elle propose aux victimes des solutions rapides et adaptées. « Parfois je suis appelée par les gendarmes alors que la victime est encore dans le logement », explique Martine Bernalas, intervenante sociale au sein de la brigade de Migennes. « La victime a besoin d'être secourue ou relogée en urgence. Il y a une grande flexibilité qui va favoriser la victime pour sa prise en charge. »

 

Un centre d'accueil de jour pour femmes et enfants

Écouter et accompagner. Ouvert il y a 3 ans à Auxerre, l'accueil de jour peut recevoir jusqu'à 7 femmes en même temps, avec une particularité : la salle d'entretien donne directement sur une pièce dédiée aux enfants. « Les enfants ici peuvent jouer plutôt librement et savent que leur maman est d'un côté ou de l'autre, ce qui permet aux femmes de pouvoir parler des violences sans que les enfants ne revivent les violences conjugales », confie Ursula Jeremjasz, assistante de service social au centre d'accueil de jour.

Le centre comprend aussi une salle de détente, de réunion, le tout dans un lieu entièrement sécurisé. « C'est vécu comme une bouffée d'oxygène où les femmes prennent un petit peu de temps pour elle », poursuit Ursula Jeremjasz. 

Du temps également pour des démarches : médicales, locatives ou bien judiciaires. Comme ce dépôt de plainte simplifiée, disponible à l'accueil. « C'est la femme victime de violences conjugales qui le remplit à sa demande. Et ce n'est pas elle directement qui dépose plainte puisque c'est le Procureur qui s'en saisit. »

 

Une priorité pour le Tribunal judiciaire d'Auxerre

Car dans le département, la prise en charge s'étend à la justice. « Une des priorités comme chef de juridiction lors de mon arrivée était le traitement judiciaire des violences intrafamiliales », assure Sonia Pallin, présidente du Tribunal judiciaire d'Auxerre.

Depuis janvier, en lien avec le Procureur de la République, elle utilise tous les outils législatifs à sa disposition. L'objectif : apporter aux victimes une réponse complète et immédiate, par exemple avec les ordonnances de protection. « Le juge des affaires familiales doit impérativement rendre sa décision dans un délai de six jours, en faisant en sorte que si l'audience a lieu le matin, la décision soit rendue dans l'après-midi, sans laisser passer une nuit supplémentaire. Parce que l'on sait très bien que ce sont des contentieux très particuliers où il peut y avoir un vrai danger pour la victime ».

Le Tribunal envisage également de mettre en place l'usage du bracelet anti-rapprochement dans l'Yonne à partir du 1er janvier.    

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