Rapport de l’IGAS sur Orpea : « On nous cache encore des chiffres au nom du secret des affaires », s’agace Nathalie Arthaud

Rapport de l’IGAS sur Orpea : « On nous cache encore des chiffres au nom du secret des affaires », s’agace Nathalie Arthaud

La candidate à la présidentielle, qui souhaite notamment mettre fin au secret des affaires, réclame plus de transparence sur les comptes du groupe Orpea, épinglé par un rapport de l’administration. Sur notre antenne, Nathalie Arthaud plaide pour un système qui permette aux salariés de « mettre sur la place publique » les dysfonctionnements dont ils sont témoins.
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Comme annoncé, le ministère des Solidarités et de la Santé a dévoilé mardi 5 avril le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF) sur les Ehpad du groupe Orpea. Dans la foulée des révélations du journaliste Victor Castanet sur la gestion des établissements pour personnes âgées de ce groupe privé, l’administration épingle le manque de moyens humains, les pratiques managériales, la préparation des repas, l’inadaptation des locaux aux problèmes des résidents ou encore la transmission de documents financiers « insincères » aux autorités de santé. Dans la version mise en ligne, le rapport a toutefois été expurgé de certaines informations, à la demande d’Orpea : plusieurs éléments comptables ont été caviardés au nom du secret des affaires, et le nom de certains établissements et responsables anonymisés. Une situation qui agace particulièrement Nathalie Artaud, la candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle.

« Le rapport n’est pas rendu public dans son intégralité. On nous cache encore des chiffres au nom du secret des affaires. Tous les chiffres commerciaux sont biffés, on ne peut pas les avoir », relève la candidate. « Dans quelle société vit-on ? Il y a une affaire de concurrence, de rivalités financières dans ce secteur-là… Je trouve ça dingue ! », s’agace-t-elle. « Je veux mettre fin au secret des affaires, je pense qu’il ne devrait pas y avoir une recherche de profit dans ce domaine-là, comme dans celui de la Santé », poursuit cette enseignante de formation, qui candidate à l’investiture suprême pour la troisième fois.

« On ne peut pas multiplier les contrôles »

Alors que le Sénat a lancé une enquête parlementaire sur la manière dont les Ehpad sont contrôlés par l’administration, Nathalie Arthaud ne croit pas à cette piste pour garantir le bon fonctionnement des établissements. « On ne peut pas multiplier les contrôles. Il faut arrêter avec ça », explique-t-elle. « La DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) qui est censée faire ces contrôles, a souligné qu’elle n’en avait plus les moyens à cause des suppressions d’emploi », pointe Nathalie Arthaud. « Appuyons-nous sur ceux qui savent, sur les salariés, donnons-leur la possibilité de mettre sur la place publique ce dont ils sont témoins », propose la candidate.

Des salariés tenus au silence

« Cela fait des années que les personnels des Ehpad témoignent sous anonymat. Il y a une omerta. Je dénonce ça dans toutes les entreprises, on n’entend pas la voix des salariés, on ne veut pas leur donner la parole. À chaque fois, on essaye de les faire taire en les menaçant de licenciement parce qu’ils auraient violé le secret professionnel », argue notre invitée qui veut « donner aux salariés la possibilité de dénoncer les méfaits, infractions ou délits, dont ils sont témoins. »

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