Chaque semaine des centaines de migrants, à Calais notamment, tentent de franchir la Manche pour atteindre l'Angleterre. Pour certains, la Grande-Bretagne représente la destination idéale car on pourrait s'y établir facilement et y travailler sans les documents adéquats. Mais qu'en est-il vraiment ? Le Check Point est allé vérifier.
Check point : la Grande-Bretagne est-elle vraiment un Eldorado pour les migrants ?
Chaque semaine des centaines de migrants, à Calais notamment, tentent de franchir la Manche pour atteindre l'Angleterre. Pour certains, la Grande-Bretagne représente la destination idéale car on pourrait s'y établir facilement et y travailler sans les documents adéquats. Mais qu'en est-il vraiment ? Le Check Point est allé vérifier.
Par Xavier Lambert
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" En Angleterre, tu peux être sans papier et travailler " lit-on sur différents forums. "Il n'y a pas de système de carte d'identité qui permet de traquer les individus comme en France. C'est plus facile de travailler illégalement", analyse de son côté Jacob Strauss, bénévole dans l'association "Refugee Community Kitchen".
Cette croyance, largement répandue, aussi bien parmi les citoyens que les migrants, a même trouvé écho chez certains responsables politiques. " Pourquoi ils veulent aller en Angleterre ?", s’interrogeait ainsi le président de la région "Hauts de France" (et alors député "Les Républicains") Xavier Bertrand en 2015. "Parce qu’il y a du boulot et surtout parce qu’ils peuvent travailler sans papier d’identité" répondait-il avec conviction.
Un Eldorado, l'Angleterre, vraiment ? Elle l'a peut-être été, de l'avis de plusieurs analystes, dans les années 90-2000. Mais aujourd'hui ?
Check Point - Les contrôles des migrants en Angleterre (31/01/2018)
02:06
Un rêve tenace
À Calais, plus d’un an après le démantèlement de la jungle, plus de 600 migrants sont éparpillés dans la nature pour essayer chaque nuit de monter clandestinement à bord d’un camion qui traverse la Manche. Sans compter les autres migrants qui tentent leur chance depuis d’autres ports, Ouistreham, Cherbourg, ou même Zeebruges. Ils rêvent toujours d’Angleterre.
En termes de pourcentage, il y a cependant un peu plus de demandes acceptées en décision finale, c'est-à-dire après recours : cela veut dire qu’en contestant, et en prenant un avocat, on a plus de chances de finalement obtenir le statut de réfugié au Royaume-Uni qu’ailleurs.
Un chiffre à nuancer avec les témoignages recueillis par le Secours Catholique, et compilés dans un rapport intitulé "Paroles d'exilés à Calais": les longues interviews qu'ils ont menées montrent que ce choix s'est souvent fait... en cours de route. Parfois, ils n'ont que de vagues liens avec les "connaissances" en question, et suivent simplement les conseils que d'autres membres de leur communauté leur ont donnés.
Or, ceux qui sont installés depuis une vingtaine d'années ont souvent eu des facilités : dans les années 1990, face à une pénurie de main-d’œuvre, le pays avait mis en place un système pour attirer les migrants " hautement qualifiés " et des étudiants étrangers. À cette époque, il était nettement plus facile d’obtenir un permis de travail. La vague de migrations a alors provoqué un effet boule de neige.
"La situation économique en Grande-Bretagne était plutôt favorable, mais aussi, à cause du fonctionnement du marché du travail, ultralibéral, car il y a moins de contrôles de l’immigration irrégulière, c’était plus facile de trouver un petit travail" expliquait à France Culture Virginie Guiraudon, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des politiques d’immigration européennes.
C'est ce que les chercheurs appellent la "path dependence", la "dépendance au chemin": "Une fois que cela s’est mis en place, les informations circulent, quand quelqu’un que l’on connaît a réussi, on a de la famille là-bas, donc on se dit 'on va quand même y aller'."
Et ce même si les conditions ne sont plus aujourd'hui réunies...
La langue joue aussi un rôle: les migrants qui veulent traverser sont originaires d’anciennes colonies ou de pays liés au Royaume-Uni, ils maîtrisent plus l'anglais que les autres langues européennes, et pensent donc pouvoir s'intégrer plus facilement dans un pays anglophone.
Avec un taux de chômage de 4,2%, il est vrai que le Royaume-Uni affiche le plus haut niveau d'emploi depuis les années '70, de quoi séduire les candidats à l'exil. Malgré ce contexte économique favorable, il est devenu plus difficile pour un étranger de décrocher un emploi outre-Manche.
Depuis la loi immigration de 2006, un employeur est passible d'une sanction civile s'il embauche une personne qui n'a pas le droit d'entreprendre le travail en question.
Et le guide du "Home Office" détaille quels sont les documents qui peuvent ainsi donner accès à un emploi:
Le "Biometric Residence Permit": accordé aux étranges autorisés à rester plus de six mois au Royaume-Uni. De la taille d'une carte de crédit, il contient la photo de son titulaire, ses empreintes digitales ainsi que des informations biographiques (nom, date de naissance...). C'est une sorte de carte de séjour, qui selon le motif, précise quel type d'emploi peut être exercé par son porteur.
L"Application Registration Card" (ARC) concerne les demandeurs d'asile. En principe, ils ne peuvent pas travailler en Grande-Bretagne, dans l'attente d'une décision sur leur demande. Mais des exemptions existent. Dans ce cas, l'ARC mentionne que son titulaire est autorisé à travailler. À charge pour l'employeur de faire les vérifications nécessaires.
Le gouvernement a en effet tenté de compliquer la vie des illégaux ces dernières années: il est interdit aux personnes en situation irrégulière de louer des maisons ou d'ouvrir des comptes bancaires et les permis de conduire peuvent être refusés ou révoqués. Une loi sur l'immigration introduite l'année dernière a aussi facilité la poursuite d'un employeur qui sait, ou "soupçonne raisonnablement", que son employé ne devrait pas être en Grande-Bretagne.
Une lutte impitoyable contre le travail illégal
La nouvelle loi précise que les employeurs doivent même vérifier avec soin que les documents présentés ne sont pas des faux.
Les personnes reconnues coupables de l'une des infractions visées sont passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans et/ou d'une amende. Près de 2000 condamnations auraient ainsi été prononcées en 2015.
Malgré cela, on estime encore à 10% le taux de travail au noir. Mais dire que les migrants veulent tous aller en Angleterre, parce qu’on peut y travailler sans document...
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