Délinquance à Mayotte : « Si j’ai choqué les Mahorais, c’est que nous ne nous sommes pas compris » reconnaît Annick Girardin

Délinquance à Mayotte : « Si j’ai choqué les Mahorais, c’est que nous ne nous sommes pas compris » reconnaît Annick Girardin

Tourisme, situation à Mayotte, relance économique… Annick Girardin, la ministre des Outre-mer était auditionnée ce jeudi au Sénat pour faire un point sur l’impact de l’épidémie de Covid-19 dans les territoires ultramarins. Elle a également précisé ses propos sur la baisse de la délinquance à Mayotte qui avaient suscité la polémique en début de semaine.
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Mardi à l’Assemblée nationale, la ministre des Outre-mer avait suscité la polémique en annonçant une « délinquance en baisse de moins 45% depuis 3 mois » à Mayotte. Avec 1 061 cas et 12 décès liés au Covid-19, le département français situé dans l’océan indien, classé rouge, est toujours confiné. Auditionnée par la délégation sénatoriale aux outre-mer ce jeudi, et interrogée sur ce sujet par le sénateur LREM de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, Annick Girardin a maintenu ses propos.

« Les chiffres que j’ai donnés peuvent paraître éloignés du ressenti au quotidien des Mahorais »

« Je sais que ma réponse à l’Assemblée nationale a choqué. C’est ce que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux et je sais que les chiffres que j’ai donnés peuvent paraître éloignés du ressenti au quotidien des Mahorais (…) Si j’ai choqué les Mahorais, c’est que nous ne nous sommes pas compris. Oui, globalement la violence a baissé. Ces chiffres viennent de la baisse de plaintes déposées. Alors, on peut s’interroger. Est-ce que les gens vont moins porter plainte parce qu’ils estiment que ça ne change pas grand-chose ? Où est-ce que la période de confinement a fait qu’il y a eu moins de plaintes ? » a reconnu la ministre qui ajoute pour clore la polémique : « Je trouve toujours lamentable que certains, en période de crise, se laissent aller à de la manipulation populiste. C’est honteux parce qu’on a des populations qui sont fragiles qui souffrent et c’est extrêmement facile de pouvoir les manipuler » a argué Annick Girardin.

Déconfinement : « Il va falloir que les gestes barrières soient acceptés »

En ce qui concerne la situation sanitaire sur cette île gravement touchée par l’épidémie, Annick Girardin dit « s’inquiéter fortement de la situation ». La ministre rappelle que les lits de réanimation sur place sont passés de « 16 à 36 ». 10 lits supplémentaires et 80 soignants sont attendus ce mois-ci. La semaine prochaine, un premier module militaire de réanimation arrivera par le premier avion.

Et pour que le déconfinement soit envisagé sur l’île, « il va falloir que les gestes barrières soient acceptés. Il va falloir que le port du masque soit accepté. Il va falloir que l’on accepte davantage de tests. C’est quelque chose qui n’est pas encore suffisamment accepté à Mayotte. Il faut mettre tous les moyens pour aider Mayotte » a appuyé Annick Girardin.

Tourisme : l’Outre-mer à l’épreuve de la quatorzaine

Édouard Philippe présentait ce jeudi, un plan de relance pour le tourisme. Un sujet bien évidemment, au cœur des préoccupations des sénateurs d’Outre-mer. Le Premier ministre a rappelé que cet été, les Français seront appelés à redécouvrir la France dont l’Outre-mer. Une volonté qui se heurte pour le moment à « l’objectif de la quatorzaine en structure collective ou à domicile » préconisé par le Conseil scientifique pour toute personne arrivant en Outre-mer.

Toutefois, la ministre a expliqué que cette mesure de quatorzaine « n’était pas de son ressort ». « Ça fonctionne par une remontée de l’ARS (agence régionale de santé) qui fait des demandes au ministère de la Santé (…) C’est le ministre de la Santé qui a cette responsabilité sanitaire ».

La ministre a également rappelé les annonces d’Édouard Philippe ce matin à savoir que le fonds de solidarité sera prolongé « jusqu'à la fin de l'année 2020 », et élargi aux entreprises « de plus grande taille » du secteur touristique. Les entreprises qui ont « jusqu'à 20 salariés et 2 millions de chiffre d’affaires » pourront bénéficier de cette aide avec un plafond maximal fixé à 10 000 euros. Le maintien du dispositif du chômage partiel sera prolongé jusqu’en septembre 2020. « Il n’y a pas de plans spécifiques pour les Ultramarins, il s’agira de savoir comment on adapte ces différentes mesures aux territoires d’outre-mer » a précisé la ministre.

« Les collectivités locales sont également invitées à alléger la taxe de séjour et d’hébergement touristique. Elles pourront également réduire de deux tiers les cotisations foncières des entreprises de tourisme. L’État viendra financer la moitié de ces efforts faits par les collectivités » a-t-elle également rappelé.

 

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