Explosions au Liban : « Le pays ne peut pas vivre sans le port de Beyrouth », selon Christophe-André Frassa

Explosions au Liban : « Le pays ne peut pas vivre sans le port de Beyrouth », selon Christophe-André Frassa

Le sénateur représentant les Français établis hors de France déplore le bilan, dont celui de 21 Français blessés. Il estime que la France doit aider le pays du Cèdre à « sortir du gouffre dans lequel ces explosions vont l'enfoncer un peu plus ».
Public Sénat

Par Propos recueillis par Michael Pauron

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Au moins 100 morts, plus de 4 000 blessés, 300 000 sans abris, 3 milliards de dollars de dégâts, état d'urgence de 15 jours... Les chiffres liés à la double explosion dans le port de Beyrouth, le 4 août, donnent le tournis. L'origine serait un dépôt de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium (la même matière qui avait provoqué la catastrophe d'AZF, à Toulouse, en 2001).

La France, qui compte parmi ses compatriotes 21 blessés, selon le parquet de Paris, et dont le Premier ministre a réuni plusieurs ministres à Matignon cet après-midi pour coordonner une aide d'urgence, va envoyer trois avions d'assistance afin de soigner au moins 500 blessés. Le président de la République Emmanuel Macron se rendra demain, le 6 août, à Beyrouth pour y rencontrer le président libanais Michel Aoun, et le Premier ministre Hassane Diab.

Le sénateur représentant les Français établis hors de France, Christophe-André Frassa, déplore le bilan. Il était au Liban en janvier.

Selon un bilan provisoire, la double explosion aurait coûté la vie à une centaine de personnes et fait au moins 4 000 blessés, dont 21 français. Quelles sont vos informations ?

J’ai appris la nouvelle hier dans le TGV et j'ai très rapidement eu des amis libanais et français établis à Beyrouth. Je n'ai pas souhaité encombrer davantage les services de l'ambassade de France, mais selon le parquet de Paris il y aurait en effet, dans la communauté française, au moins 21 personnes blessées. Je pense bien sûr à eux et à leurs familles.

 

Emmanuel Macron, qui se rendra à Beyrouth demain, a annoncé l'aide de la France, dont l'arrivée rapide de militaires et de médecins. Est-ce satisfaisant ?

C'est à la hauteur d'un premier geste. Ensuite la France devra être présente pour aider les Libanais à sortir du gouffre dans lequel cette catastrophe va les enfoncer un peu plus. Les Libanais ne voient plus d'issues.

La classe politique libanaise est totalement désavouée

La visite de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, le 23 juillet à Beyrouth, avait d'abord suscité beaucoup d'espoir, puis de déception. Le ministre a notamment plaidé pour une réforme de l’État et la lutte contre la corruption...

La France ne peut pas s'ingérer dans les affaires internes du pays et dire qu'il faut virer telle ou telle personne. Mais il faut savoir que les gens sont exaspérés des 20 ou 30 dernières années de politique qui n'a pas porté ses fruits. La classe politique est totalement désavouée.

J'étais à Beyrouth en janvier, j'ai vu les manifestations... Les Libanais voient toujours les mêmes vivre richement, tandis que la classe moyenne qui faisait la richesse économique et culturelle du pays n'y arrive plus.

 

La situation politique peut-elle être directement ou indirectement la cause de cette catastrophe ?

Il faut bien sûr d'abord penser aux familles qui ont perdu un proche, leur maison, aider les recherches pour retrouver les disparus, et ensuite il sera temps de se poser les bonnes questions pour savoir comment, au cœur d'une capitale mondiale et mondialement connue, il y a pu avoir de telles explosions.

Mais cette catastrophe va forcément catalyser toutes les rancœurs et toutes les haines sur cette classe politique qui n'aurait pas su gérer. Il y aura forcément une enquête : est-ce de l'incurie? Du laisser-aller ? De la corruption ? Une inconséquence du système ? L'enquête devra répondre à ces questions.
 

Les hôpitaux de Beyrouth sont saturés et exsangues

Quelles seront les conséquences à moyen terme ?

Le port étant complètement détruit, comment l'économie peut-elle repartir ? Il va falloir trouver des solutions : le Liban ne peut pas vivre sans le port de Beyrouth, véritable porte d'entrée de l'économie du pays, de tous les biens stratégiques de consommation, alimentaires mais aussi de santé que sont les médicaments et autres produits pharmaceutiques.

Les hôpitaux de Beyrouth sont saturés et déjà exsangues. Des blessés sont envoyés jusqu'à Saïda, à 40 km au sud de Beyrouth...

 

Lire aussi : Explosion à Beyrouth : « On craint une famine », selon la sénatrice Christine Lavarde

 

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