Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.
L’enfance abusée, le courage de témoigner
Par Mariétou Bâ
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« L’autorité » que représentent les adultes, « la confiance » évidente des enfants en eux, la « gentillesse » dont certains font part, « la complicité » créée et entretenue entre l’agresseur et sa jeune victime… Des adultes victimes de pédophilie témoignent face caméra, ils touchent, émeuvent, ce qu’ils ont vécu provoque l’indignation. Tous reflètent la manipulation d’adultes pédophiles, détenteurs par leur âge et leur proximité avec la famille, de l’autorité. Un processus facilité par la candeur des enfants.
Enfermés dans le silence
Lorsque le premier crime est commis, s’installe une certaine étrangeté, souvent difficile à nommer. Ingrid Hubschmann-Hild, abusée par son père de ses 10 ans à ses 17 ans, parle « d’incompréhension ». Pour d’autres, comme Laurent Boyet, dont le frère a marqué sa vie par ses actes criminels répétés pendant trois ans, c’était « comme si quelque chose s’écroulait ».
Les enfants et adolescents qu’ont été les protagonistes du documentaire se sont rapidement enfermés dans le silence. Par « la peur de ne pas être cru », admet par exemple Kevin Massé, victime pendant plus de 10 ans de la pathologie de son entraîneur de football. Piégés, également, par la peur des représailles : « si tu parles je te tue », lui disait son bourreau. Au contraire, c’est parfois le secret noué dans la complicité, qui permet à l’agresseur de perpétrer des atrocités, et à la victime de se taire. « Il a tourné ça comme un jeu, un secret », explique Andréa Bescond, violée par un ami de la famille. « Je ne voulais pas lui faire de peine », ajoute-elle.
« Le silence nous tue », Laurent Boyet, victime de pédophilie.
Des paroles de résilience
Un jour, viennent la force de parler, le courage, la résilience. Différent pour chacun, il libère la parole de toutes les victimes. Mathilde Brasilier, dont le père était le bourreau, a fini par confier sa souffrance. Elle affirme que le sentiment de culpabilité qu’elle ressentait s’en est allé. Mais une fois que la parole est dite, pas de miracle. Les douloureux souvenirs restent.
Puis, il faut redéfinir le rapport au corps. Réapprendre à l’aimer, et le respecter. Et plusieurs insistent sur l’importance de la prévention. Il faut savoir en parler aux enfants. C’est ce qu’explique très simplement Andréa Bescond.