Le gouvernement commence à plancher sur les mesures annoncées par Macron
Le gouvernement a commencé à plancher vendredi sur les annonces d'Emmanuel Macron pour mettre en musique des mesures fiscales et sociales...

Le gouvernement commence à plancher sur les mesures annoncées par Macron

Le gouvernement a commencé à plancher vendredi sur les annonces d'Emmanuel Macron pour mettre en musique des mesures fiscales et sociales...
Public Sénat

Par Gaëlle GEOFFROY

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le gouvernement a commencé à plancher vendredi sur les annonces d'Emmanuel Macron pour mettre en musique des mesures fiscales et sociales censées répondre à la crise des "gilets jaunes", mais critiquées par l'opposition et des figures du mouvement social.

Les ministres doivent définir la méthode et le calendrier lors d'un séminaire "inédit" lundi, réunissant le gouvernement ainsi que les présidents des groupes de la majorité et des commissions au Parlement autour du Premier ministre Edouard Philippe.

En attendant, les ténors de la majorité se sont démultipliés sur les plateaux télé et radio vendredi pour assurer le service après-vente de la conférence de presse du chef de l'Etat, regardée par 8,5 millions de téléspectateurs selon Mediametrie, soit bien moins que les 23 millions de l'allocution de décembre.

Emmanuel Macron a prévenu qu'il maintiendrait le cap de ses réformes. Mais il a "écouté, compris, appris" pendant le grand débat et en a défini "une nouvelle étape pour notre République", a fait valoir la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Annonce très commentée, la baisse d'impôt sur le revenu de 5 milliards d'euros interviendra le 1er janvier 2020, et pourrait atteindre "10%" pour les foyers fiscaux concernés, a précisé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire proposera qu'ils soient 15 millions à en bénéficier, sur les deux premières tranches d'impôt, tout en assurant qu'il ne laisserait "filer" ni le déficit public, ni la dette.

- Objectifs à tenir -

M. Macron a souhaité que cette mesure soit financée par la suppression de certaines niches fiscales pour les entreprises et des réductions de la dépense publique. Il a aussi mis en avant la nécessité de travailler davantage, en prônant de "laisser le libre choix" d'un allongement de la durée de cotisation pour la retraite.

Emmanuel Macron donne une conférence de presse à l'Elysée, le 25 avril 2019
Emmanuel Macron donne une conférence de presse à l'Elysée, le 25 avril 2019
AFP

Autre mesure forte, M. Macron a confirmé la réindexation des pensions de retraites de moins de 2.000 euros sur l'inflation, avec toutefois deux nouveautés: la fin de la "sous-indexation" de toutes les retraites en 2021, ainsi qu'une retraite minimale de 1.000 euros pour ceux qui ont une carrière complète, pour laquelle la ministre de la Santé Agnès Buzyn vise une mise en oeuvre en 2020.

A cette date, le gouvernement prendra aussi des mesures en faveur des "aidants" qui soutiennent un proche âgé, malade ou handicapé, sous forme d'un congé rémunéré et/ou de "droits contributifs à la retraite", a-t-elle annoncé.

Côté environnement, le Président veut créer un "Conseil de défense écologique" réunissant Premier ministre et ministres concernés, et qu'il présidera. Et un nouveau "Conseil de participation citoyenne", avec 150 Français tirés au sort pour y siéger, rendra ses premières propositions "avant la fin de l'année", selon le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

-"Occasion ratée"-

Ces annonces suffiront-elles à calmer la colère des "gilets jaunes" qui depuis la mi-novembre manifestent chaque samedi ?

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a en tout cas déploré vendredi que les réactions des "gilets jaunes" aux annonces d'Emmanuel Macron aient été "déjà écrites avant l'intervention du président". "Emmanuel Macron s'est adressé aux Français, pas aux 30.000 manifestants qui manifestent tous les samedis", a-t-il insisté.

Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a fustigé "l'énorme part de flan" qu'a constitué selon lui la conférence de presse d'Emmanuel Macron, jugeant que le chef de l'Etat a "aggravé la crise parce que les gens se disent +Tout ça pour ça+".

Les annonces d'Emmanuel Macron ne vont "pas dans la bonne direction", a pour sa part regretté la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, quand la tête de liste PCF aux européennes Ian Brossat a estimé que M. Macron avait fait un "bras d'honneur aux gilets jaunes".

Priscillia Ludosky lors d'une manifestation le 23 février 2019
Priscillia Ludosky lors d'une manifestation le 23 février 2019
AFP/Archives

Face au "déni" du Président, le "gilet jaune" Thierry Paul Valette, qui comptait emmener une liste pour les européennes, a jeté l'éponge et appelé les "gilets jaunes" à s'unir.

L'opposition de droite comme de gauche dénonce des mesures insuffisantes, en particulier pour les retraités, et le flou autour de leur financement.

Le compte n'y est pas non plus pour les écologistes d'EELV en matière d'environnement. Un "Conseil de défense écologique", "c'est prendre les Français pour des imbéciles", a tempêté la tête de liste EELV Yannick Jadot.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, se veut plus nuancé: "ce n'est ni l'extase ni la dépression", dit-il.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: French Prime Minister Sebastien Lecornu  delivers his policy speech
8min

Politique

Budget de la Sécu : le PS devra-t-il rejeter le texte, malgré la suspension de la réforme des retraites ?

La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.

Le

Le gouvernement commence à plancher sur les mesures annoncées par Macron
4min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « La censure n’aurait pas été une position totalement stupide », pour les Républicains, avance Muriel Jourda

Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.

Le

Paris: no-confidence debate in French parliament
6min

Politique

Inéligibilité : pourquoi le Conseil d’Etat a rejeté le recours de Marine Le Pen ?

C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.

Le

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le