Mayotte sous tension, la ministre rencontre citoyens et élus
Mayotte était toujours sous tension mardi, avec une grande manifestation à Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration irrégulière, alors que...

Mayotte sous tension, la ministre rencontre citoyens et élus

Mayotte était toujours sous tension mardi, avec une grande manifestation à Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration irrégulière, alors que...
Public Sénat

Par Cécile AZZARO, Ornella LAMBERTI

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Mayotte était toujours sous tension mardi, avec une grande manifestation à Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration irrégulière, alors que le gouvernement tente de trouver une issue au conflit, notamment en contournant le droit du sol.

Une délégation du collectif des citoyens, de l'intersyndicale et des élus est arrivée à la préfecture à Dzaoudzi à 16h30 (14h30 en métropole) pour rencontrer la ministre des Outre-mer Annick Girardin, au lendemain de premières annonces gouvernementales, dont l'esquisse d'un statut extraterritorial pour la maternité de l'île.

Avant d'entrer dans la préfecture, Fatihou Ibrahim, porte-parole du collectif des citoyens, a prévenu que la ministre allait "nous servir de boîte aux lettres".

Dans le cortège, en garde partie composé de mahoraises portant le salouva, flottaient de nombreux drapeaux français, européens, ou siglés
Dans le cortège, en garde partie composé de mahoraises portant le salouva, flottaient de nombreux drapeaux français, européens, ou siglés "département de Mayotte"
AFP

"On va lui remettre un courrier" pour demander un gouvernement de "nous envoyer un véritable interlocuteur qui sera capable d'engager le gouvernement sur trois points: le rattrapage de Mayotte, qui nous est dû, le développement de Mayotte, qui nous est dû, et l'insécurité, sur laquelle nous n'allons pas négocier, parce qu'on ne peut pas avoir de liberté sans avoir de sécurité", a-t-il détaillé.

L'intersyndicale et le collectif initiateurs du mouvement avaient refusé de la rencontrer lundi à son arrivée dans l'île, pour la rentrée des classes, dénonçant une "mascarade" et un manque de volonté du gouvernement "de mener de véritables négociations sur (leurs) revendications".

Mardi matin, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, contre l'insécurité et l'immigration clandestine en provenance des Comores, à 70 km de là, mais aussi pour réclamer davantage d'actions de l'Etat.

"On est là pour crier notre colère. A partir d'aujourd'hui, nous allons défier le gouvernement", a lancé en début de manifestation un porte-parole du collectif.

"Non à la conférence, oui aux actions", pouvait-on lire sur certaines banderoles en référence à la conférence sur l'avenir de Mayotte proposée par la ministre la semaine dernière.

"Je suis là pour la sécurité principalement, et pour tous les problèmes sociaux", a expliqué à l'AFP Lisa, enseignante de 26 ans, énumérant le manque d'écoles et de lits à l'hôpital. "Que les clandestins retournent à Anjouan ou en métropole !", hurlait une autre manifestante, qui a refusé de donner son nom.

la ministre des Outre-mer Annick Girardin dialogue avec des manifestants à son arrivée le 12 mars à Mayotte.
la ministre des Outre-mer Annick Girardin dialogue avec des manifestants à son arrivée le 12 mars à Mayotte.
AFP/Archives

Dans le même temps, entre 200 à 300 manifestants ont investi le conseil départemental pour dénoncer la "trahison" de certains élus qui avaient accepté la veille de discuter avec la ministre, à Dzaoudzi. Pour Le porte-parole du collectif des citoyens a qualifié l'événement d'"absolument regrettable".

Annick Girardin "a toute la légitimité et toute latitude pour intervenir", a défendu le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Lundi, la ministre a ouvert le chantier, qui fait débat, d'un possible statut d'extraterritorialité pour l'hôpital, dont la maternité est la première de France avec quelque 10.000 naissances chaque année.

- Election à risque -

Mayotte, 101e département français
Carte de Mayotte et situation dans l'Océan indien
AFP

L'objectif est d'enrayer la multiplication de naissances d'enfants de mères venues des Comores voisines et en situation irrégulière, ce qui est perçu comme un abus du droit du sol.

"En 2015, plus d'un adulte sur deux vivant à Mayotte n'y est pas né", et les natifs des Comores "représentent 42% de la population du département", selon l'Insee.

Avec ce statut, la maternité serait "en quelque sorte une maternité internationale", mais le droit du sol ne serait pas remis en cause, explique le député En Marche Aurélien Taché dans La Croix: "au lieu d'obtenir automatiquement la nationalité française", les enfants de femmes comoriennes qui y naîtraient "pourraient être déclarés comme Comoriens au registre de l’état civil".

L'ex-ministre des Outre-mer et députée de la Réunion (Nouvelle gauche) Ericka Bareigts s'est étonnée que "personne ne parle d'investissements aux Comores".

Dans ce climat, l'élection législative partielle du 18 mars (deuxième tour le 25) est maintenue malgré les risques. Les manifestants ont annoncé la couleur: "Chacun va imprimer un bulletin +sécurité du département+ et le mettre dans l'urne", a assuré l'un d'eux.

Dans la même thématique

nazi
4min

Politique

Vente d’objets nazis à Orléans : les sénateurs communistes déposent une proposition de loi pour sanctionner leur vente

La vente aux enchères de 200 objets militaires nazis à Orléans suscite l’émoi. Les sénateurs PCF ont déposé un texte pour prévoir des sanctions. « On va adresser un mail à l’ensemble des sénateurs pour que ça puisse être une démarche transpartisane », annonce le sénateur PCF Ian Brossat. Christophe Chaillou, sénateur PS du Loiret, a écrit à Bruno Retailleau pour lui demander d’interdire la vente, qui « participe à un phénomène de banalisation », alors que les actes « racistes et antisémites » se multiplient.

Le

France School Abuse
5min

Politique

Audition de François Bayrou sur Bétharram : entre pugnacité et « stratégie de diversion », le Premier ministre « a joué assez habilement » face aux députés

Si François Bayrou ne s’est pas « laissé impressionné » par l’interrogatoire des députés lors de son audition à l’Assemblée nationale, l’affaire Bétharram risque des laisser des traces sur le long-terme et pourrait affecter son avenir politique, analysent Olivier Rouquan, politologue, et Philippe Moreau Chevrolet, communicant.

Le

SIPA_ap22957743_000006
7min

Politique

Audition de Bayrou sur Bétharram : quand la politique prend le pas sur la défense des victimes

Les 5h30 d’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête mise en place à l’Assemblée nationale après les révélations sur des violences physiques et sexuelles perpétrées dans l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, ont tourné en duel politique entre le Premier ministre et le co-rapporteur LFI, Paul Vannier. Au Sénat, la gauche dénonce l’attitude « agressive » du Premier ministre quand la droite axe sur « l’instrumentalisation » de la souffrance des victimes par LFI.

Le