Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Réanimation : « Notre système de santé est à genoux », dénonce Laurence Cohen
Par Joseph Stein
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La réanimation à bout de souffle. Au 18 mars, les lits en réanimation existant avant la pandémie étaient occupés à 116 % dans les Hauts-de-France, d’après CovidTracker. En Île-de-France, ils l’étaient à 105 %.
C’est dans ce contexte de forte tension des services de soins, que la Cour de comptes a rendu ce jeudi son rapport public annuel, dans lequel elle s’est penchée sur leur situation. La juridiction financière indique ainsi qu’entre 2013 et 2019, le nombre de places en réanimation a augmenté de 0,17 % par an, soit de 56 lits. Une augmentation « dix fois plus faible que celle des effectifs de personnes âgées (+1,7 % par an) », alors que ces personnes représentent les deux tiers des malades hospitalisés dans ce secteur hospitalier.
Quand on rapporte la quantité de lits au nombre d’habitants, on observe même une dynamique descendante : entre 2013 et la veille de la crise sanitaire, le nombre de lits est passé de 44 à 37 pour 100 000 habitants de plus de 65 ans. « Notre système de santé est à genoux », dénonce Laurence Cohen, pour qui la situation actuelle est le résultat d’une « politique de suppression des lits depuis une dizaine d’années, dont les conséquences sont extrêmement graves pour la population ».
« Il faut faire avec ce qu’on a »
En réanimation, le total des lits, de 5 080 début 2020, a certes été élevé à 10 707 au 15 avril, pour faire face à la pandémie. Des milliers de médecins et d’infirmiers ont été mobilisés dans ces services. A l’origine de cette montée en puissance : de nombreuses déprogrammations et le transfert de 661 patients Covid vers d’autres régions ou à l’étranger. La Cour des comptes avertit : « L’impact des déprogrammations sur la santé publique, aujourd’hui inconnu, est potentiellement lourd. »
D’autant que ces capacités supplémentaires ont été créées dans l’urgence et comme elles ont été prises sur d’autres services des hôpitaux, elles ont vocation à être temporaires. Olivier Véran, le ministre de la Santé, avait déclaré en août dernier que « si la situation le nécessite, 12 000 lits de réanimation pourront être disponibles ». Cependant, depuis l’année dernière, la quantité de lits pérennes en réa n’a pas changé, comme le dénonce le syndicat des médecins réanimateurs, qui appelait à une grève illimitée mi-février. Face à ce constat, la Cour recommande d’adapter l’offre en réanimation en fonction du vieillissement de la population, donc d’augmenter le nombre de lits.
« Il faut faire avec ce qu’on a », estime toutefois le sénateur socialiste Bernard Jomier, « on peut regretter qu’il n’y ait pas plus de moyens, mais l’essentiel se situe dans la capacité à juguler l’épidémie ». Pour René-Paul Savary, sénateur LR, il convient de « trouver le juste milieu, on ne saurait créer trop de lits, qui ne seraient pas occupés tout le temps. Cela immobiliserait trop de matériels et de personnels. »
Déficit annuel de 115 000 euros par lit de réa
Laurence Cohen, sénatrice communiste, n’est pas d’accord avec cette vision des choses : elle demande l’ouverture de nouveaux lits. « Une fois la crise passée, on pourra les reconvertir pour d’autres services, notamment pour des patients âgés », envisage-t-elle. Avant tout, elle attend néanmoins un moratoire sur la suppression de lits à l’hôpital.
La juridiction financière relève en outre un problème lié à la tarification des activités hospitalières. En effet, le système actuel désincite les établissements à investir dans les services de réanimation, sachant qu’un lit de réa « génère un déficit moyen de 115 000 euros » chaque année. La Cour invite à réformer le financement des hôpitaux et surtout, à faire évoluer les capacités en soins critiques « au regard des seuls besoins épidémiologiques et de la file active de patients en demande de soins ».
René-Paul Savary appelle à trouver un « système où le nombre de lits soit adapté au vieillissement de la population et à des facteurs territoriaux », comme le taux de cancers ou la pyramide des âges dans les territoires.
Autant d’internes en réa que l’année dernière
Enfin, une hausse de la seule quantité des équipements ne suffirait pas, il faut aussi augmenter le nombre de soignants dédiés à la réa. Cela concerne les médecins, dont le nombre d’intensivistes-réanimateurs « demeure trop faible », regrette la Cour. Quant aux infirmiers, la juridiction financière préconise de les former à la réanimation, ce qui n’est pas toujours le cas pour le moment. Aussi bien Laurence Cohen que René-Paul Savary souhaitent que ces soignants soient mieux payés et qu’ils travaillent dans de meilleures conditions.
Mais le nombre de médecins n’augmentera pas en réa cette année. En août 2020, le ministère de la Santé a fixé le nombre d’internes en médecine intensive-réanimation à 74, comparé à 72 l’année précédente. Pour ce qui est des internes anesthésistes réanimateurs, l’autre métier dans ces services, cette année ils sont 468, soit deux de moins qu’en 2019.