Réforme des retraites : les pistes du gouvernement

Réforme des retraites : les pistes du gouvernement

Jeudi, Jean-Paul Delevoye, Haut commissaire à la réforme des retraites, a exposé dans le Parisien quelques pistes et dispositifs pour mener à bien sa mission, à l’occasion du coup d’envoi d’une large consultation citoyenne sur le Net.
Public Sénat

Par Maud Larivière

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L’emploi du temps de celui qui a été promu en Haut-commissaire des retraites, Jean-Paul Delevoye, s’annonce chargé. Le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres puis examiné par le Parlement dans le courant de l'été 2019. D’ici là, la mission de Jean-Paul Delevoye, est d’organiser la concertation avec les principaux acteurs du champ des retraites et de coordonner, au niveau interministériel, les travaux de préparation de la réforme des retraites. Grands desseins, lourdes responsabilités. « Ma crainte, ce n’est pas le risque des manifestations, c’est que le système ne soit pas juste, pas simple et pas équilibré financièrement » a-t-il confié dans son entretien au Parisien.

Emmanuel Macron compte bien tenir sa promesse de campagne : créer un système universel des retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé.

Une plateforme en ligne de concertation

Pour mener à bien sa mission, Jean-Paul Delevoye lance, jeudi, un dispositif de « participation citoyenne », via une plateforme en ligne, qui constituera, avec la consultation des partenaires sociaux, la première phase du long chantier retraites. «  Du 31 mai au 25 octobre, une plateforme propose à chacun de réfléchir aux différents scénarios, aux enjeux de la mise en œuvre pratique du principe « un euro cotisé = même droits ». Ce sont des questions simples avec des réponses simples. Les internautes pourront voter, commenter et faire des propositions. Des ateliers en région, ouverts à tous, seront organisés entre juillet et octobre. En fin d’année, l’ensemble des contributions seront recueillies et je présenterai une synthèse aux décideurs politiques » explique-t-il.

« Déjà sur la méthode c’est sûr que par rapport à ce qu’on a connu auparavant sur la SNCF ou sur les ordonnances travail, on est plutôt dans le mieux, donc saluons-le » souligne Sophie Taillé-Polian, sénatrice PS du Val-de-Marne.

Un euro cotisé, un euro versé

Les grandes lignes de la réforme sont actuellement discutées. Mais l’objectif est de simplifier les schémas existants : un fonctionnaire, un indépendant ou un salarié du privé gagneront la même somme d’argent s’ils ont travaillé le même nombre d’années. C’est le système par points. Concernant les personnes non-actives : chômeurs, mères au foyer…, Jean-Paul Delevoye rassure : l’enveloppe sera constante et elle « maintiendra et consolidera les solidarités qui seront l’un des piliers du nouveau système ». Il assure également que des discussions sont menées sur les métiers d’ubérisation à faibles revenus et sans droits.

 La sénatrice Taillé-Polian, interrogée à notre micro, s’inquiète du sort des personnes aux carrières professionnelles « hachées », comme les titulaires de temps partiels : « Ce ne sera pas une réforme de justice sociale si on ne prend pas en compte ces difficultés-là, or la philosophie du gouvernement (…) c’est de favoriser les changements d’entreprise, et donc les trous dans la carrière. Donc je dirais que là, il y a quand même grosse inquiétude ».

Rendre plus lisible le système des retraites

La sénatrice PS du Val-de-Marne considère que « ça peut être l’occasion de rendre le système plus lisible », bien qu’elle reste sur ses réserves : « Si c’est ça très bien. Maintenant j’ai entendu Monsieur Castaner ce matin sur RMC qui disait que le système actuel n’était pas soutenable financièrement. Donc est-ce qu’il s’agit de faire rentrer des besoins importants en restreignant les moyens ? Alors si c’est ça, c’est vraiment un autre sujet ».

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Jean-Marc Gabouty, sénateur RDSE de la Haute-Vienne, lui, applaudit : « Je crois que c’est non seulement nécessaire, mais indispensable. On sait qu’en matière de retraites, les problèmes sont multiples, les problèmes des différents régimes (…) il y a une iniquité. Et donc il y a une nécessité d’une remise à plat complète ; forcément un volume financier équivalent, car on ne peut pas resudventionner un régime qui est déjà, dans certains secteurs, sous perfusion. Il faut trouver le bon système pour qu’il soit le plus équitable possible » estime-t-il avant d’ajouter : « Si en même temps on peut améliorer le mode de gestion des retraites, en diminuant le nombre de régimes, je crois qu’il ne faut pas s’en priver ». En effet, le gouvernement souhaite instaurer un régime unique et universel, ce qui sonnerait la fin des 42 régimes spéciaux existants jusqu’à présent.

actualité, retraites, politique, réforme, Gabouty
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L'application de la réforme ne devrait intervenir qu'à partir de 2025.

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