Rencontres sénatoriales pour l’apprentissage : paroles d’apprentis passionnés

Rencontres sénatoriales pour l’apprentissage : paroles d’apprentis passionnés

Aujourd’hui, quelques 200 apprentis étaient invités au Sénat pour participer aux Rencontres sénatoriales pour l’apprentissage. Un coup de projecteur sur une formation empreinte de clichés, qui permet pourtant à nombre d’entre eux de trouver un métier.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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Cet après-midi, pas de Gérard Larcher sur le perchoir, ni de sénateurs dans l’hémicycle. Près de 200 apprentis ont pris place sur les sièges feutrés des parlementaires. Parmi eux Hugo, 21 ans. Cravate au cou et cheveux gominés, l’apprenti boucher écoute attentivement un cours express sur le fonctionnement du Sénat. « Ca m’apporte en culture générale », se réjouit le jeune homme.

« Ca m’a donné envie de transmettre à mon tour »

Hugo a soif d’apprendre et veut combattre le préjugé selon lequel les métiers de l’artisanat sont faciles à exercer et ne demandent aucune connaissance : « On a l’image du boucher qui coupe sa viande toute la journée, avec son tablier dégueulasse, alors qu’il y a tellement à apprendre que même en deux ans d’apprentissage c’est dur de tout voir ! » Lorsqu’il est en entreprise, il travaille six jours sur sept, deux semaines par mois. Un dur labeur qui lui a permi d’obtenir le 1er prix au concours régional du meilleur apprenti de France (MAF) et le 11e sur vingt-six candidats au niveau national. 

Grâce à l’apprentissage, Hugo assure avoir trouvé sa voie : « Enfant, je voulais être footballeur. Aujourd’hui je suis boucher et j’ai découvert une passion. » Il s’imagine déjà dans quelques années, à son compte, et avec des apprentis à ses côtés. « Ca m’a donné envie de transmettre à mon tour », confie t-il.

Hugo, 21 ans, se destine à être boucher
Hugo, 21 ans, se destine à être boucher
Alice Bardo

« Je prends plaisir à me former »

Amélie, elle, a 28 ans. Cela fait bientôt trois ans qu’elle est apprentie au centre de formation d’apprentis (CFA) Ernest Meyer à Metz, dans l’objectif d’obtenir son Bac pro Electrotechnique. Une totale reconversion professionnelle pour cette ancienne téléconseillère : « Après mon deuxième enfant, j’ai postulé chez EDF et comme il n’y avait pas de poste disponible, ils m’ont redirigé vers un poste technique, explique-t-elle timidement. Mais il fallait passer par l’apprentissage pour se former aux gestes du métier. » Elle s’est lancée et, aujourd’hui, elle n’a pas une once de regret.

« Le rythme est soutenu, mais je prends plaisir à me former et je suis sûre que j’ai fait le bon choix. » Dans le cadre de son apprentissage, elle dispose de cinq jours de congés payés, qu’elle peut poser sur les jours où elle est en entreprise, deux semaines par mois, y compris pendant les vacances scolaires. Une aubaine pour cette jeune maman.

Amélie, au perchoir de l'hémicycle du Sénat
Amélie, au perchoir de l'hémicycle du Sénat
Alice Bardo

« On a l’image de jeunes qui ne réussissent pas à l’école »

Assise au dernier rang de la salle Clémenceau, au Sénat, Marie s’apprête à écouter le discours introductif de Gérard Larcher. L’apprentissage lui a redonné le goût d’apprendre et confiance en l’avenir. « J’avais décroché de mon cursus, je voulais entrer dans la vie active », confie cette apprentie en communication visuelle, âgée de seulement 19 ans. La Mission de lutte contre le décrochage scolaire l’a orientée vers l’apprentissage et, désormais, elle assure apprendre « beaucoup plus vite ».

« On a l’image de jeunes qui ne réussissent pas à l’école, qu’on essaie de caser dans la vie professionnelle. Alors que moi j’ai vraiment fait ça par envie », assure la jeune femme.

« Etre payé au SMIC serait injuste vis-à-vis d’un ouvrier »

Plus qu’une envie, c’est une véritable passion pour le métier de boulanger qui a conduit Steven, 20 ans, à opter pour l’apprentissage. « C’est la seule voie qu’on a, explique t-il. Mais on y arrive très bien comme ça. » Alterner entre l’école et l’entreprise est un rythme qui lui convient parfaitement : « L’école c’est bien car ça permet de couper, de voir autre chose, comme voir mes amis qui travaillent dans d’autre pâtisseries. »

Steven est apprenti chez Cassel, une prestigieuse pâtisserie, à Fontainebleau. Il est payé entre 800 et 900 euros. « Ca me va car je vis encore chez mes parents. Mais quand tu vis à Paris et que tu dois payer un loyer à 600 euros, c’est dur de vivre. » Certains de ses amis sont dans cette situation. Pourtant, il reste perplexe sur la question de la revalorisation des salaires d’apprentis. « Si on était payé au SMIC, ce serait injuste vis-à-vis d’un ouvrier par exemple. »

Steven, jeune apprenti en pâtisserie
Steven, jeune apprenti en patisserie
Alice Bardo

L’apprentissage a permis à Hugo, Amélie, Steven et Marie de trouver leur métier et ils sont fiers de pouvoir en parler pendant cette journée qui leur est consacrée. « On ne nous met pas assez en valeur », déplore Marie. D’autant qu’ils font face à de nombreux clichés : « Pour beaucoup de gens, un pâtissier c’est simplet », lance  Steven. Amélie, elle, confie avoir entendu que l’apprentissage, « ce n’est pas pour les gens intelligents. Hugo confirme : « J’ai des amis qui voulaient faire de l’apprentissage, mais leurs parents ne voulaient pas car ils avaient « une trop bonne moyenne » ». Pour ce futur pâtissier, même les journées comme celles-ci « ne suffiront pas à changer les clichés tant ils sont installés ».  

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