Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages après trois mois de présidence, a réuni lundi matin à l'Elysée son gouvernement au grand...
Rentrée sous tension pour Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages après trois mois de présidence, a réuni lundi matin à l'Elysée son gouvernement au grand...
Par Baptiste PACE et Jérémy MAROT
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Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages après trois mois de présidence, a réuni lundi matin à l'Elysée son gouvernement au grand complet pour affronter une rentrée sous tension, avec la présentation dès jeudi des très décriées ordonnances réformant le droit du travail.
"L'entrée dans l'atmosphère est difficile pour Jupiter", résume Olivier Faure (PS), président du groupe Nouvelle gauche à l'Assemblée. Le chef de l'Etat voit à nouveau sa cote de popularité chuter, avec 40% de personnes satisfaites dans le sondage Ifop publié par le JDD. Soit 22 points de baisse depuis son élection. Et seulement 37% le jugent en mesure de "réformer efficacement" le code du travail selon une étude Odoxa pour RTL.
"Il y a une difficulté". "Les Français considèrent que nous n'allons pas assez vite". "On a eu un mois de juillet qui était très budgétaire", a concédé dimanche le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Les autres ténors d'un gouvernement habituellement discret ont également apporté leur contribution. "Il y a une impatience française", a expliqué lundi Bruno Le Maire (Economie), qui a une "confiance totale" dans la "détermination" d'Emmanuel Macron. "Ce qui compte c'est de travailler non pas pour l'opinion, mais pour la Nation", dit Gérald Darmanin, l'autre ministre de Bercy issu de la droite.
"Peut être que les Français s’interrogent parce qu’ils voient des mesures parcellaires sans comprendre le lien entre les unes et les autres", a jugé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à son arrivée lundi matin à l'Elysée.
Principales mesures envisagées pour la réforme du code du travail, promesse phare du président Emmanuel Macron
AFP
Jean-Michel Blanquer (Education), Muriel Pénicaud (Travail) et Stéphane Travert (Agriculture) se sont également exprimés. Le chef de l'Etat pourrait d'ailleurs le faire lui-même très prochainement. "Il ne s'interdit rien", a dit son porte-parole.
Pratiquement muet sur la scène intérieure depuis son élection, Emmanuel Macron n'a pourtant pas tardé à réagir longuement, et depuis l'étranger, aux mises en garde adressées par François Hollande à quelques jours de la publication des ordonnances sur le droit du travail.
- 'Les Français détestent les réformes' -
La semaine dernière, lors de sa tournée en Europe de l'Est, il a affirmé que "la France n'est pas un pays réformable" et que "les Français détestent les réformes".
A la voix de l'ancien président se sont ensuite ajoutées celles de François Bayrou, l'éphémère garde des Sceaux, qui a jugé que "l'opinion ne (voyait) pas clairement la direction" prise par le gouvernement, puis d'Alain Juppé, qui a brocardé le "grand flou artistique sur le budget 2018" orchestré par son ancien protégé, le Premier ministre Edouard Philippe.
Nicolas Sarkozy s'est discrètement ajouté à la liste, conseillant notamment à M. Macron de proposer à l'Europe un nouveau traité européen. "J'ai sans doute eu trop de pouvoir trop jeune", a également glissé l'ancien président, qui fut ministre à 38 ans.
Jean-Luc Mélenchon chante la Marseillaise après un discours à Marseille, le 27 août 2017
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"Il est élu pour cinq ans", "on ne va pas multiplier les procès d'intention", tempère pour sa part la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon n'a pas retenu ses coups dimanche à Marseille. Celui considéré comme le principal opposant au président (sondage Ifop) a appelé à un "déferlement" contre les ordonnances le 23 septembre à Paris.
Ces textes doivent être officiellement présentés jeudi lors d'une conférence de presse à Matignon, selon l'agenda de Muriel Pénicaud. Un rendez-vous qui ne figure pas encore à l'agenda officiel d'Edouard Philippe.
Emmanuel Macron et sa femme Brigitte pose avec le président roumain Klaus Iohannis et sa femme Carmen à Bucarest le 24 août 2017 lors de sa tournée en Europe de l'Est
AFP
En attendant, le gouvernement était au grand complet lundi matin à l'Elysée. "Trois grands piliers" de l'action sont à l'ordre du jour: "les réformes structurelles déjà engagées", "les choix budgétaires pour rétablir la capacité d'investissement de la France" et "la revue des feuilles de route quinquennales de chaque ministère".
Au plan international, après une tournée en Europe de l'Est sur la question des travailleurs détachés qui a tourné à l'affrontement verbal avec la Première ministre polonaise Beata Szydlo, le président français organise lundi après-midi à l'Elysée une rencontre entre chefs de gouvernement européens (Allemagne, Italie, Espagne) et dirigeants africains (Tchad, Niger, Libye) pour tenter de conjuguer les efforts face à la crise migratoire.
Emmanuel Macron déclinera ensuite mardi les grands axes de sa politique étrangère devant la Conférence des ambassadeurs.
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Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».
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Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.