Retraites: les opposants peinent à rassembler dans les manifestations
Les syndicats opposés à la réforme des retraites ont lancé jeudi un nouvel appel à mobilisation le 31 mars, à l'issue d'une nouvelle journée...

Retraites: les opposants peinent à rassembler dans les manifestations

Les syndicats opposés à la réforme des retraites ont lancé jeudi un nouvel appel à mobilisation le 31 mars, à l'issue d'une nouvelle journée...
Public Sénat

Par Alexandre MARTINS LOPES, Bertille OSSEY-WOISARD, les bureaux en région

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Les syndicats opposés à la réforme des retraites ont lancé jeudi un nouvel appel à mobilisation le 31 mars, à l'issue d'une nouvelle journée interprofessionnelle qui a peiné à rassembler en pleines vacances scolaires, avec 92.000 manifestants dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur, contre 121.000 précédemment.

Lors de cette dixième journée interprofessionnelle d'actions jeudi, ils étaient 7.800 à Paris selon le ministère, 50.000 selon la CGT, contre respectivement 15.000 et 130.000 le 6 février.

Parmi les banderoles et pancartes brandies dans la capitale, on pouvait lire: "Battez en retraite!", "Retraites à points, travail sans fin" ou encore "Ce pouvoir est en-dessous de tout, même de la ceinture".

En régions, les préfectures ont compté 4.500 manifestants à Lyon, 2.700 à Toulouse, 2.200 au Havre, 2.000 à Clermont-Ferrand, 1.750 à Nantes, 1.500 à Rennes, 1.200 à Montpellier, 550 à Brest ou encore 500 à Quimper et Béziers, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, organisations de jeunesse et étudiantes) qui mène la fronde depuis deux mois et demi.

Lâcher ? "Ah non, ce n'est pas à l'ordre du jour", a martelé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dans le cortège parisien.

Alors que la discussion parlementaire a débuté lundi, "c'est grâce à la mobilisation qui dure depuis le 5 décembre qu'il y a un tel débat à l'Assemblée nationale", a fait valoir le leader de la CGT.

A l'issue d'une réunion intersyndicale dans la soirée, les syndicats ont lancé un nouvel appel à une journée interprofessionnelle le 31 mars, "pour faire échec à ce projet". D'ici là, ils invitent à "poursuivre les actions sans relâche, sous toutes les formes décidées localement".

De son côté, la CGT a annoncé dans un communiqué séparé une "grande journée d'action" le 27 février "afin de revendiquer l'arrêt de toutes les formes de répression syndicale et de discrimination".

"Je pourrais me dire que je ne suis pas concerné mais je pense à mes enfants et à mes petits-enfants. La solidarité intergénérationnelle est importante", a témoigné Jean-Claude, un retraité rencontré dans le défilé parisien.

Manifestation des opposants à la réforme des retraites, à Paris le 20 février 2020
Manifestation des opposants à la réforme des retraites, à Paris le 20 février 2020
AFP

A Toulouse, où défilait le numéro un de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Del Vecchio, enseignante-chercheuse de 43 ans qui manifestait pour la première fois, avec sa fille de 13 ans, juge "important que nos enfants prennent conscience qu'on a un très beau système, que tout le monde envie, mais que c'est fragile".

"Le gouvernement reste sourd au mal-être de la population, c'est un grand recul social ce qu'il est en train de nous faire, et j'ai peur qu'après les retraites, il s'en prenne à la maladie, aux services publics, à la solidarité", s'inquiétait dans la manifestation lilloise Nathalie Delzongle, aide-soignante à domicile de 53 ans.

A Mulhouse, des avocats ont mis en vente leur robe sur le site de petites annonces "Le Bon Coin". Fortement mobilisés contre la réforme instituant un régime de retraite universel, les avocats craignent que la disparition de leur régime autonome entraîne un doublement de leurs cotisations.

Un gilet jaune dans la manifestation contre la réforme des retraites le 20 février 2020 à Paris
Un gilet jaune dans la manifestation contre la réforme des retraites le 20 février 2020 à Paris
AFP

Pendant ce temps, chaque camp affirme ses positions dans la conférence de financement des retraites, qui doit fournir fin avril des propositions pour ramener à l'équilibre le système de retraite en 2027.

Selon Yves Veyrier, le numéro un de FO, on va droit à un "naufrage". La discorde porte sur le montant du déficit évoqué dans les documents envoyés cette semaine par les animateurs de la conférence, selon lesquels, si rien n'est fait, le déficit cumulé entre 2018 et 2030 pourrait atteindre 113 milliards d'euros. La CGT a menacé mercredi de claquer la porte.

- "Votre réforme ne passe pas" -

Les syndicats opposés à la réforme travaillent à une autre conférence avec notamment Solidaires et la FSU qui n'ont pas été conviés par le gouvernement.

A l'Assemblée nationale où les députés doivent éplucher quelque 41.000 amendements, les discussions ont démarré lundi dans une ambiance électrique. Dès mercredi, l'examen a viré au blocage.

"Je crois que vous devriez ouvrir les yeux sur la réalité de cette contestation qui est profonde dans tout le pays, signe que votre réforme ne passe pas", a lancé au gouvernement le député communiste Pierre Dharréville.

Des forces de l'ordre lors de la manifestation à Nantes contre la réforme des retraites le 20 février 2020
Des forces de l'ordre lors de la manifestation à Nantes contre la réforme des retraites le 20 février 2020
AFP

Côté grève, le temps est à l'accalmie. Selon le gouvernement, le taux de grévistes était de 0,95% dans la fonction publique d'État (0,06% dans l'éducation), jeudi à la mi-journée.

Peu de perturbations notables dans les transports avec un trafic "normal" à la RATP et quasiment aucun impact à la SNCF, hormis en Auvergne-Rhône-Alpes.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01059366_000001
7min

Politique

Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : « Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais un modèle démocratique contre un modèle illibéral »

Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.

Le

Retraites: les opposants peinent à rassembler dans les manifestations
5min

Politique

Mobilisation du 18 septembre : « Soit une politique de rupture est menée, soit on continue à mettre la pression »

A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.

Le

SIPA_01229633_000009
1min

Politique

Info Public Sénat. Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : une délégation de sénateurs LR reçue à Radio France le 30 septembre

Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.

Le