Six mois après son Congrès, le PS perd une partie de son aile gauche

Six mois après son Congrès, le PS perd une partie de son aile gauche

Six mois après le Congrès d'Aubervilliers, c'est un nouveau coup dur pour les socialistes: le député européen Emmanuel Maurel a...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

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Six mois après le Congrès d'Aubervilliers, c'est un nouveau coup dur pour les socialistes: le député européen Emmanuel Maurel a annoncé vendredi son départ du PS, avec une partie de l'aile gauche du parti, pour se rapprocher de La France insoumise.

"Le PS ne correspond plus à l'idée que je me fais du socialisme. Son but, c'est la défense des intérêts des gens modestes. La stratégie pour répondre à cet objectif, c'est le rassemblement des forces de gauche. Le PS a perdu de vue et l'objectif, et la stratégie", justifie M. Maurel dans une interview au Monde.

Le chef de file de l'aile gauche du PS, qui a obtenu 18,8% des voix lors du Congrès d'Aubervilliers en avril, reproche aussi aux socialistes de ne pas avoir "tiré les leçons du quinquennat de François Hollande", et de s'aligner sur les positions d'une "social-démocratie européenne (qui) a failli".

Il estime que la nouvelle direction du PS n'a pas su "incarner le sursaut".

M. Maurel emmène avec lui une partie de ses troupes de L'Union et l'espoir. "Je n'annonce pas un départ mais une scission. Aujourd'hui, je ne pars pas seul, mais avec de nombreux militants, des centaines de cadres et d'élus sur l'ensemble du territoire", affirme-t-il. Une de ses proches promet la publication prochaine d'une liste de 500 noms.

La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann devrait suivre son exemple samedi, lors d'un Conseil national du PS, selon son entourage.

M. Maurel rejoint-il La France insoumise ? A priori non, l'idée étant plutôt de créer avec le Mouvement républicain et citoyen (MRC) une nouvelle entité alliée à la France insoumise.

L'Union et l'espoir et le MRC ont lancé avant l'été un club, "Nos causes communes", qui a organisé début septembre une université d'été à Marseille dont Jean-Luc Mélenchon était l'invité de marque.

- Pour le PS, une décision "incompréhensible" -

Le départ de M. Maurel est tout sauf une surprise. A Marseille, M. Mélenchon avait clairement tendu la main à ses anciens camarades. "Mes amis, vous me manquiez", avait lancé l'ancien sénateur PS.

Le député européen a bon espoir désormais de figurer sur la liste de La France insoumise pour les européennes. Chef de file des Insoumis pour ces élections, Manuel Bompard a salué vendredi sur Twitter une décision "courageuse et porteuse d'espoir". "C'est un moment historique et une bonne nouvelle qui renforce l'alternative sociale et écologique à Macron", s'est-il félicité.

La direction du PS a tenté de minimiser l'événement dès jeudi soir. Emmanuel Maurel "est seul dans son aventure", a affirmé à l'AFP Pierre Jouvet, un proche du premier secrétaire Olivier Faure. Aucun des 13 premiers fédéraux acquis à l'Union et l'espoir ne suit M. Maurel, a-t-il précisé vendredi.

"Nous avons tout fait pour essayer de maintenir les différentes sensibilités au sein du parti (...) Jamais la position du PS n'a été aussi claire sur les questions européennes. C'est incompréhensible", regrette-t-il.

Selon l'ancien député Laurent Baumel, membre du courant de M. Maurel mais qui fait, lui, le choix de rester au PS, la moitié des militants de L'Union et l'espoir pourrait quitter le navire.

Quelle que soit l'ampleur des défections, le départ de M. Maurel est évidemment une mauvaise nouvelle pour le PS, qui n'en finit plus depuis 2012 de perdre des militants et des élus - déçus du quinquennat Hollande, "marcheurs" ou fidèles de Manuel Valls et Benoît Hamon, qui ont claqué la porte à l'été 2017.

Si M. Mélenchon sort renforcé de la séquence, Olivier Faure est affaibli. Le commissaire européen Pierre Moscovici a critiqué à demi-mot dans un tweet la "stratégie confuse" de la direction du PS. "À vouloir ménager la chèvre et le chou, rassembler sans clarifier, on perd sur tous les tableaux", a-t-il réagi.

Pour le politologue Bruno Cautrès le départ de M. Maurel et des siens pousse Jean-Luc Mélenchon à se positionner sur la question de l'union de la gauche. "Va-t-il dire, +banco je suis d'une certaine manière le nouveau François Mitterrand+, et faire la passerelle avec l'autre gauche ? (...) On ne le voit pas clairement aujourd'hui".

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