La large victoire de la liste nationaliste au premier tour des élections territoriales en Corse a relancé lundi le débat sur une éventuelle...
En Corse, la victoire des nationalistes relance les interrogations sur une éventuelle indépendance
La large victoire de la liste nationaliste au premier tour des élections territoriales en Corse a relancé lundi le débat sur une éventuelle...
Par Maureen COFFLARD, Julie Pacorel
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
La large victoire de la liste nationaliste au premier tour des élections territoriales en Corse a relancé lundi le débat sur une éventuelle demande d'indépendance ou d'autonomie accrue de l'Île de Beauté, dans un contexte encore marqué par la crise catalane en Espagne.
Avec 45,36% des voix, la coalition des autonomistes de Gilles Simeoni et des indépendantistes de Jean-Guy Talamoni a largement devancé les deux listes de droite et celle de La République en Marche, réalisant un nouveau score historique, prélude à une très probable prise de contrôle de la nouvelle collectivité territoriale unique qui naîtra en janvier 2018.
Résultats du 1er tour des élections territoriales en Corse
AFP
Même si elle était attendue avant le scrutin et même s'il reste un second tour à disputer dimanche prochain, ce nouveau succès des nationalistes a marqué par son ampleur. "Ce résultat est très étonnant", reconnaît auprès de l'AFP André Fazi, maître de conférences en sciences politiques à l'Université de Corse, rappelant qu'avant le scrutin, les vainqueurs de dimanche espéraient être au-dessus de 35% des suffrages : "45%, c'est énorme".
Depuis la victoire de Gilles Simeoni aux municipales à Bastia en 2014, les nationalistes corses ont multiplié les succès : aux territoriales de décembre 2015, déjà unis, MM. Simeoni et Talamoni avaient remporté une victoire historique. En juin 2017, les électeurs corses envoyaient 3 députés nationalistes à l'Assemblée nationale, sur les 4 que compte l'île - là, encore, il s'agissait d'une première.
Et sur France Inter lundi, Jean-Guy Talamoni, a du reste assuré préparer "la séquence suivante, qui pourrait être l'indépendance dans 10 ans ou dans 15 ans": "Mais il n'y aura pas d'indépendance si les Corses ne le veulent pas majoritairement. Mais si les Corses le veulent dans 10 ou 15 ans, personne ne pourra s'y opposer".
Jean Guy Talamoni (c) du parti Corse Libre vote pour élire une collectivité territoriale à Bastia, le 3 décembre 2017
AFP
Gilles Simeoni, fils d'Edmond Simeoni, un des "pères" du nationalisme corse, a quant à lui salué auprès de l'AFP un "raz-de-marée démocratique". "La question de l'indépendance n'est pas posée aujourd'hui. (...) Nous voulons un statut d'autonomie", a-t-il aussi dit sur Europe 1 : "Les indépendantistes aujourd'hui inscrivent leur action dans un cadre exclusivement démocratique et disent que ce sont les Corses qui décideront. Si les Corses ne veulent d'indépendance, il n'y aura pas d'indépendance".
- "La nouvelle Catalogne" -
Les candidats du parti Corse Libre Gilles Simeoni (g) et Jean Guy Talamoni (d) après avoir voté à Bastia le 3 décembre 2017
AFP
De fait, la victoire engrangée dimanche soir avec un fort taux d'abstention de près de 48%, quelques semaines après la crise catalane en Espagne, suscite des inquiétudes chez certains. "Si derrière, comme l'a dit ce matin M. Talamoni, il y a l’indépendance dans 10 ou 15 ans, bien sûr que ça m'inquiète", a ainsi déclaré sur France 2 Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes.
"Je peux comprendre qu'il y ait une volonté de proximité, une volonté de plus grande autonomie dans les décisions, autant je suis un farouche opposant à l’indépendance", a aussi prévenu sur Public Sénat Franck Riester, député de Seine-et-Marne, ex-LR et confondateur d'Agir.
Et si le chef de file de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui avait manifesté son intérêt pour la démarche de Pé a Corsica pendant la campagne, a félicité les vainqueurs sur Twitter, saluant en Gilles Simeoni une figure du "dégagisme", son proche Alexis Corbière a prévenu sur LCI : "Je ne souhaite pas que la Corse devienne la nouvelle Catalogne".
"Nous on interprète ça comme un des éléments de ce dégagisme qu'on a observé pendant la campagne présidentielle. Ca ne veut pas dire qu'on est totalement d'accord avec ça, mais il faut l'observer, pas avec condescendance, ni arrogance", a précisé le député LFI de Seine-Saint-Denis.
Selon André Fazi, une évolution "à la catalane" relève toutefois pour le moment du "fantasme". Aux yeux du politologue, "la volonté d'indépendance dépendra des réponses du gouvernement". Dans les années 1970 en Corse, rappelle-t-il, "un des facteurs de radicalisation a été la politique fermée du gouvernement face à des demandes très modérées comme l'enseignement facultatif de la langue corse".
Pé a Corsica vise maintenant la majorité absolue des sièges à la Collectivité territoriale unique, et doit pour cela décrocher plus de 40,5% des suffrages au second tour.
Invitée de notre matinale, Maud Bregeon a joint sa voix à celle d’Emmanuel Macron en déplorant les « reculs » récents en matière d’écologie. La députée Renaissance regrette que les questions climatiques soient « délaissées » par les médias au profit des faits divers.
Reportage - Le Rassemblement national et ses alliés européens, Viktor Orban, Matteo Salvini ou encore Santiago Abascal, se sont rassemblés ce lundi 9 juin dans une ferme du Loiret pour célébrer le premier anniversaire de leur percée aux élections européennes. Un soutien affirmé de ces leaders nationalistes à la candidature, plus qu’incertaine, de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle.
Depuis la dissolution, la majorité très relative à l’Assemblée ne permet plus au gouvernement de porter de grandes réformes. Plutôt que des projets de loi, il s’appuie sur les propositions de loi, texte d’origine parlementaire. Si de nombreux textes sont adoptés, la plupart n’ont qu’une portée limitée.
ZFE, loi Duplomb, MaPrimeRénov… Ce week-end, alors que démarre la conférence mondiale sur les océans à Nice, Emmanuel Macron a pris la parole, à plusieurs reprises, pour exhorter le gouvernement « à maintenir » le cap sur l’écologie.